«A quoi sert de ramener des chanteurs pour des milliards de centimes au moment où on annonce l'austérité?» Des chanteurs du Monde arabe et même de l'Occident sont conviés pour animer des concerts de quelques heures pour des milliards de centimes. Certains départements ministériels ont du mal à serrer la ceinture. Le Premier ministre a eu, à plusieurs reprises, à interpeller ses collaborateurs sur la nécessité de rationnaliser les dépenses. Or, il semble que le message du Premier ministre n'ait pas atteint toutes les oreilles. Pour cause, des budgets consistants sont débloqués pour des manifestations culturelles, susceptibles d'être assurées avec une dotation financière beaucoup moins onéreuse. L'on aura compris que la «pique» s'adresse au département de la culture. En effet, alors que d'autres départements ont été forcés de geler des projets, celui de la Culture maintient des manifestations traditionnelles avec le format de l'opulence, à l'image du festival de Timgad, celui de Djemila ou encore les soirées du Casif. Qu'on en juge donc: la 38ème édition du festival de Timgad connaîtra une participation presque record, agrémentée par des chanteurs du Monde arabe et même des Occidentaux. Tout ce beau monde est convié à animer des concerts de quelques heures pour en contrepartie des cachets se montant à des milliards de centimes. Après la diva Majda Erroumi, qui a animé un concert au mois d'avril dernier dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe», la chanteuse libanaise Nadjwa Karam se retrouve actuellement à Constantine pour participer au festival. D'autres chanteurs à l'image de Kadem Essaher et d'autres groupes africains vont se produire durant cette édition. Cette année, il y aura même une autre star Julian Marley, fils de Bob Marley qui marquera sa présence. Bien évidemment, la prestation n'est pas gratuite. Sachant que ces manifestations profitent uniquement à une certaine catégorie de la société, il est difficile de voir l'utilité de tels événements, lorsqu'on peut réussir de belles soirées musicales en dépensant moins. Ce qui ouvre le champ à des interrogations sur la démarche des responsables de la culture, en ces temps de crise. «A quoi sert de ramener des chanteurs pour des milliards de centimes au moment où on annonce l'austérité?», s'interrogent des Algériens sur les réseaux sociaux. D'autant, disent nombre d'entre eux que l'Algérie n'étant en rien un pays touristique, de telles grandes dépenses ne sauraient être assimilées à des investissement rentables pour l'indutrie touristique nationale. En d'autres termes, l'image de Majda Erroumi ne pourra pas être exploitée pour attirer des visiteurs étrangers, pour la simple raison que le pays est encore dépourvu d'infrastructures touristiques dignes de ce nom. Ces grosses dépenses sont consenties alors que le ministre lui-même a déclaré que son département doit participer à l'effort de rationalisation des dépenses. Ce qui n'est pas forcément le cas sur le terrain. Faire de l'animation culturelle est une mission principale de la tutelle, mais pourquoi recourir à des stars? Ces chanteurs doivent certainement coûter cher au contribuable. Certes, le département de Mihoubi consacre annuellement un budget pour ces manifestations, mais avec le même budget, il est possible d'organiser plusieurs festivals populaires de petite dimension. N'y-a-t-il pas des chanteurs en Algérie pour faire venir des étrangers en ces moments de crise? Des jeunes talents cherchent la moindre occasion pour se produire. Même si ces manifestations ne sont pas complètement à la charge du ministère, il n'en demeure pas moins qu'en ces temps de crise, la rationalisation doit être de mise... Rappelons, en effet, que dans une instruction confidentielle adressée il y a quelques semaines, le Premier ministre a invité les établissements publics à réduire de moitié les dépenses sur leur budget annuel à partir de la date de réception de ladite instruction. Cette note concerne tous les établissements publics dans les différents secteurs - santé, éducation, universités, entreprises et administrations publiques -, à l'exception des APC qui, elles, sont soumises à d'autres conditions relatives à leur gestion financière. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que le gouvernement a maintenu l'organisation du village de loisirs pour la troisième année consécutive. Cette manifestation qui profite à toutes les couches sociales à été d'un grand soulagement pour les familles durant cette période de grandes vacances.