Les pouvoirs publics veulent impliquer les partis, les associations des disparus et des victimes du terrorisme. Les choses semblent avoir sérieusement commencé et les préparatifs se poursuivent, dit-on, pour le lancement de la campagne nationale en faveur de l'amnistie générale. Le projet que le président de la République avait promis, il y a quelques semaines - lors du 10e congrès de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM) - de soumettre incessamment à un référendum populaire. Aujourd'hui, les trois partis de l'Alliance présidentielle- RND, FLN et le MSP- tiendront une rencontre, «tant» attendue, où il sera notamment question de rapprocher les vues sinon de faire cause commune pour le soutien de la mouture présidentielle. Car si jusqu'ici l'ancien parti unique a promis-, au terme de son congrès «réunificateur»- de prendre à bras-le-corps et de faire sien le combat pour la réussite de l'épreuve, ses deux partenaires, bien qu'ils aient exprimé leur accord de principe, restent toutefois prudents «tant que le contenu de l'avant-projet de loi ne leur a pas été communiqué». Pas plus que l'Alliance, les autres formations politiques seraient, dans les jours prochains, reçues au palais d'El Mouradia pour exprimer à la plus haute instance du pays leur position par rapport à cette question. Le mouvement associatif n'a pas été non plus en reste de ce regain d'activisme. C'est notamment sûr du soutien des associations des victimes du terrorisme et celles des disparus que le chef de l'Etat compte mener sa démarche à bon port. Des contacts ont déjà été entrepris par El Mouradia avec certains mouvements pour, dit-on, jauger la réaction de ces associations par rapport au contenu du texte. Certaines d'entre elles ont même été, à ce titre, invitées à la présidence. Mais la partie est loin d'être gagnée. Plusieurs associations sont à ce jour rétives à cette politique. Ali Merabet, président de Soumoud - association des familles de victimes enlevées par les terroristes islamistes - nous a confirmé, hier, l'existence de ces contacts dont il se félicite, cependant il rejète la proposition du chef de l'Etat: «Elle[l'amnistie générale] ne sert en rien l'avenir du pays ni même celui des familles des victimes du terrorisme», pense-t-il en s'interrogeant notamment sur les raisons d'une telle initiative. Car la seule amnistie à laquelle croit M.Merabet est celle qui passe nécessairement par le jugement des terroristes. Pis, il va jusqu'à proposer une «justice de transition». Explication donnée: «Il s'agit de mettre en place des commissions dans lesquelles les coupables feront leurs aveux pour pouvoir obtenir le pardon des victimes». Même son de cloche du côté de Djazaïrouna. La présidente de l'association Mme Cherifa Khezzar, affirme n'avoir été contactée ni par le premier magistrat du pays, ni par d'autres instances officielles. Catégorique, elle rejette, dans le fond et dans la forme, toute initiative - dont l'amnistie générale - visant, dit-elle, à absoudre les terroristes de leurs crimes. «Si amnistie, il y a, et que nous soutiendrons, c'est celle qui juge tous les coupables et les commanditaires, dont Abassi Madani et Ali Benhadj. C'est celle qui assure un statut pour les victimes», a-t-elle expliqué. Pour sa part, Mme Djeffal, membre de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme (Onvt), affirme qu'aucune invitation ne leur a été adressée par la présidence de la République. Une information dont certaines voix l'ont à cet effet accréditée.