«Maintenant ils peuvent venir», le premier film de Salem Brahimi, adapté du roman éponyme d'Arezki Mellal et produit par Michelle Gavras, a été enfin diffusé en Algérie, au Festival du film méditerranéen d'Annaba. Le film qui devait être présenté à Alexandrie, il y a presque un mois dans le cadre d'un hommage à Michelle Gavras n'a pas eu lieu pour une banale histoire technique de DCP. Les organisateurs ont failli à leur mission de présenter le film algérien et n'ont fait aucun effort pour médiatiser sa projection. Le film qui était prévu à la salle Feriel à Alexandrie, pas loin du quartier populaire et de la station de tramway «Mahatet Erraml», n'a pas eu lieu à la grande déception des quelques Algériens et quelques Egyptiens venus soutenir le réalisateur. Si le jeune cinéaste n'était pas trop déçu de la projection du film, il a été surtout gêné par l'attente d'un vieil homme égyptien venu spécialement pour regarder son film. Cet homme de 90 ans, était un ami du père de Salem Brahimi. Et son père n'était pas n'importe qui, c'était le premier ambassadeur d'Algérie en Egypte après l'indépendance. Bien sûr son père est le grand et célèbre Lakhdar Brahimi. Un diplomate de renom qui a mené la diplomatie algérienne à un niveau international. Il a représenté l'Algérie aux Nations unies durant de longues années et il est devenu, malgré sa retraite, le diplomate étranger le plus consulté par les nations étrangères et même par le président de la République Abdelaziz Bouteflika, considéré comme son plus proche ami et confident. Salem Brahimi faisait partie de ces jeunes Algériens, qui avaient des privilèges et qui a choisi de tracer sa route par lui-même. Après des études commerciales, Salem Brahimi a choisi de devenir réalisateur et d'aller à la conquête du monde artistique et du cinéma. La question qu'on se pose est: pourquoi son film «Maintenant ils peuvent venir» n'a pas été sélectionné par la Commission nationale pour se porter candidat à l'Oscar du meilleur film étranger? Il était plus calé que le film de Rachid Bouchareb qui avait été présélectionné. Le plus étonnant aussi est que le producteur du film de Salem Brahimi, Costa Gavras est le seul réalisateur qui a décroché un Oscar pour le compte de l'Algérie avec son film «Z» en 1970. Le film avait été produit par l'Algérie par l'intermédiaire de l'Oncic et c'est Ahmed Rachedi, le même qui était présent à la présentation du film de Salem Brahimi à Annaba, qui garde soigneusement l'Oscar. Ce que les médias algériens et certains pseudos critiques ignorent est que ce film a rapporté aussi à l'Algérie le Golden Globe en 1970, le Prix du jury pour Costa-Gavras à l'unanimité et le Prix d'interprétation masculine pour Jean-Louis Trintignant à Cannes. Le film «Z» était en sélection officielle au festival de Cannes en 1969 pour le compte de l'Algérie aussi. Qu'est-ce qui a empêché de présenter donc le film de Salem Brahimi pour représenter l'Algérie aux Oscars 2017. Le film «Maintenant ils peuvent venir» qui évoque une période difficile de l'Algérie durant la décennie noire, ne correspond, peut-être pas à la ligne du gouvernement algérien. Pour l'heure «Le puits» représente l'Algérie aux Oscars, mais souffre toujours du manque de soutien financier de l'Etat pour faire sa campagne. [email protected]