Ceux qui n'ont point connu «L'Ange bleu » de Josef Von Sternberg, ni les charmes affolants de la cultissime de Marlène Dietrich, seront heureux d'apprécier les notes bibliographiques de cet amoureux de l'Algérie qui, après un séjour mémorable ici-bas, a regagné ses pénates avec beaucoup de difficultés. La magie d'Alger dans les années 1960 a permis la venue de plusieurs personnalités du monde des arts. Cette alchimie a été ainsi transformée en Mecque du cinéma du monde. De nombreux cinéastes de renom se sont succédé entre les travées des sièges de ce qui a, longtemps, été l'une des deux premières cinémathèques du monde. En célébration de cette aventure épique, Lyès Semiane directeur général du Centre algérien de la cinématographie, Ahmed Bedjaoui, professeur d'audiovisuel à l'université d'Alger et Lyès Meziani, scénographe, nous ont présenté la teneur d'une action d'envergure qui vient à point nommé nous réintégrer dans le monde des images par la grâce d'un événement majeur qui consiste en la célébration des 50 ans de la création de la Cinémathèque algérienne, un certain 23 janvier 1965. La saga de la création de ce lieu devenu mythique, aujourd'hui, a pris le temps de se voir mûrir. En effet, le 23 janvier dernier a été symboliquement consacré à la projection du film « Une si jeune paix » (1963-1964) de Jacques Charby qui reste quasiment le premier film produit par l'Algérie postindépendance en contrepoint avec le film de Lyès Salem « L'Oranais », produit en 2014. La grande aventure du cinéma d'un espace qui, à ses débuts, possédait quelques onze mille copies de films sera déclinée en quelques axes de programmation à travers une très belle exposition réalisée au MaMa par l'entremise du scénographe Lyès Meziani, qui a travaillé très dur pour récupérer, en compagnie du commissaire général de cette exposition Ahmed Bedjaoui, un ensemble de visuels et aussi de films quasiment disparus. Une exposition très complète dont le vernissage se fera le 9 mai 2015 et tournera avec beaucoup d'inédits et de documents exclusifs, à l'exemple de photos de Josef Von Sternberg prises à la Casbah dans des postures originales, bien d'autres documents comme des affiches et autres surprises seront ainsi exposés pour la première fois au public. Il est à noter que cette exposition verra une partie aller vers Oran pour le Festival du film arabe qui se tiendra en juin ainsi qu'à Constantine pour l'événement « Constantine Capitale de la Culture Arabe 2015 ». Un catalogue de quelques 185 pages sera édité à cette occasion avec une iconographie très riche et des textes très complets, ce qui permettra sans nul doute au public de s'enrichir d'une documentation inédite qui fixe quelques repères de notre musée du cinéma dans la mémoire immuable. Dans ce qui est appelé le «Pool cinémathèque», trois expositions seront programmées pendant deux mois du 9 mai au 9 juillet 2015 avec une exposition- hommage à Sid Ali Kouiret, une exposition le « Cinéma paradiso » constituée d'images anciennes des meilleurs films du Cinéma Mondial. On aura aussi une exposition consacrée à Alfonso Avincola qui est un des plus grands photographes de plateaux. Luchino Visconti sera mis aussi à l'honneur sur une exposition consacrée à son film, «L'étranger». A partir de demain, les projections commenceront à raison de quatre séances par jour au Musée du cinéma sur quatre grandes thématiques « Le cinéma au Maquis, à l'aube du cinéma algérien », « La cinémathèque accompagne la naissance du Cinéma algérien indépendant », « les Co-productions » et « Les plus grands films du Cinéma mondial ». En ce qui concerne les cycles de cinéma, il y aura quelques dix films concernant le cinéma au maquis à l'aube du cinéma algérien. Avec des longs métrages de Hamina, Chanderli, Vautier, Pierre Clément... et puis un autre cycle accompagnant la naissance du cinéma indépendant par l'entremise de projections de films de Jacques Charby, Mustapha Badie, Ahmed Rachedi, Mohammed Lakhdar-Hamina, Mohamed Slim Riad, Tewfik Farès...Sur cette « feuille de route », nous prendrons ainsi connaissance avec les productions collectives comme ce film incontournable « L'enfer à dix ans » de Abderahamane Bouguermouh, Ghaouti Bendedouche, Sid Ali Mazif, Youcef Akika et Amar Laskri, produit par l'Oncic en 1968, autour de cinq courts métrages en noir et blanc sur la guerre vue et subie par les enfants. Enfin tous les amateurs de bon cinéma se verront envahir par les émotions du 7e art sur des notes filmiques consacrant les co-productions comme celles de « La Bataille d'Alger », de Gillo Pontecorvo, « Trois pistolets contre César », « L'étranger » de Luchino Visconti », « Soleil noir » de Denys de la Patelliere et « Z » de Costa Gavras qui, en compagnie de son épouse Michelle Ray Gavras ont, depuis signé de nombreuses co-productions avec l'Algérie, notamment « Mon Colonel » de Laurent Herbiet et « Maintenant ils peuvent venir » de Salem Brahimi, adapté du roman d'Arezki Mellal. Dans l'esprit de narration d'une saga qui a commencé en 1965 et qui s'est un peu arrêtée peu après le Panafricain pour reprendre de plus belle dans l'ex-Club devenu depuis le Musée du Cinéma, cette exposition et ces cycles de projections vivants racontent la saga des premières années d'une cinémathèque qui est vite devenue la deuxième du monde. Elle résume les grandes activités que la cinémathèque a abritées entre 1965 et le PANAF 1969. Sachant que des débats épiques se sont tenus en ce lieu avec des fréquentations de toute l'élite intellectuelle de l'époque qui ont donné le « La » dans l'évolution d'un lieu devenu par la force des choses fondamentalement liée à l'Histoire de l'Algérie post-Indépendance et dont la moindre des choses pour nous, aujourd'hui, est de la fixer dans la mémoire...et par cela, la voir revivre de plus belle. Bon anniversaire...et souhaits réitérés pour la centième...pourquoi pas !!!? Jaoudet Gassouma «La Saga de la création de la cinémathèque algérienne », 50 ans, un événement CAC-AARC, au MaMa et à la Cinémathèque algérienne, du 9 mai au 10 juillet 2015.