Le parcours des dix dernières années de Saidal est fait d'une succession de défis. Personne n'aurait parié un centime en 1995, sur la survie de cette entreprise publique de production pharmaceutique. Et pourtant, sauvée in extremis à l'époque du dépôt de bilan, elle est aujourd'hui groupe florissant et leader du secteur. Un véritable cas d'école de management. Car, enfin, comment une entité frappée du lourd handicap d'une gestion étatique et qui traînait de lourds passifs en pleine libéralisation de l'économie, a pu se redresser et se frayer un chemin, se placer sur le marché, faire face à la concurrence des multinationales, entrer en Bourse, s'installer sans complexes dans l'exportation, retrouver une très bonne santé financiére et pour finir s'inscrire de bonne grâce dans un processus inédit de privatisation à doses «homéopathiques»? Le tout dernier défi que devra relever Saidal est venu de Genève avec l'annonce des concessions faites par l'Algérie à l'OMC de lever l'obligation faite aux importateurs d'investir à terme dans la production. Concrètement, on s'achemine vers l'installation de comptoirs de produits pharmaceutiques dans notre pays. Le commerce prend le pas sur l'industrie. C'est tout le mal qu'on pouvait espérer pour Saidal qui n'a jamais eu de cesse de lutter contre la concurrence déloyale dans un environnement fait de dérégulation du marché. Ceci alors même que la position stratégique du médicament est incontestable. Il n'empêche que même dans ce cas de figure, Saidal ne semble pas pris au dépourvu. La dernière carte sortie de ses manchettes est son centre de recherche et de développement (CRD). Ce qui n'était qu'un laboratoire de recherche à l'époque de la pharmacie centrale juste après la pharmacie centrale puis transformé en 1985 en unité de recherche (URMTP) juste après la création de Saidal, est devenu par décision du groupe en juillet 1999 le centre de recherche et de développement qui active aujourd'hui. Cette création avait pour objectif «d'assurer la survie et la pérennité du groupe». Cet objectif tracé en 1999 s'avère aujourd'hui relevé de prospective. Comment? par les activités assignées au centre qui sont de «développer des médicaments génériques qui deviennent la propriété exclusive de Saidal... ainsi que ses interventions dans le domaine de l'innovation pharmaceutique». C'est ce dernier point qui se trouve être aujourd'hui la carte qui mettra en avant le groupe Saidal pour se maintenir dans la cour des... géants. Grâce aux travaux du CRD, Saidal possède ses propres produits protégés et inscrits à l'Inapi. En 2004, le bilan du centre de recherche et de développement se traduit par 15 médicaments génériques et 3 innovations technologiques en orodispersible. A la fin 2005, il est prévu 29 autres produits génériques et 27 pour le second semestre 2005. Parallèlement, le centre travaille sur la mise au point du Paracétamol à croquer, de médicament sublingual (à mettre sous la langue) et sous forme de chewing-gum. Ainsi, et comme nous l'explique le docteur Chakou, directeur du CRD: «A défaut de pouvoir faire dans la recherche fondamentale, le groupe Saidal à travers le CRD s'est orienté vers la recherche appliquée». Avec ces premiers résultats innovants (Paracétamol à croquer, le sublingual, l'orodispersible et la forme chewing-gum), le leader de l'industrie pharmaceutique fortifie ses parts de marché et prend par là même un visa pour le marché mondial. Pour cela, l'inscription pour la protection de ses produits est en cours auprès des différents organismes internationaux de propriété industrielle est en cours. D'ailleurs, la grande révélation sera faite au Salon mondial du médicament qui se tiendra en novembre prochain à Madrid et au cours duquel Saidal sera présente. Mais en attendant, un séminaire sur le rôle et les objectifs du CRD sera organisé incessamment pour mieux débattre des enjeux et des moyens à mettre en oeuvre en prévision de la nouvelle donne que représente l'adhésion de l'Algérie à l'Union européenne et à l'OMC et les implications que cela entraîne. En plus clair, il s'agira d'expliquer et de commenter le rôle dévolu au CRD pour sauver Saidal du «tsunami» commercial qui s'annonce. Avec cette «dernière sortie», les managers du groupe Saidal ne cesseront jamais de surprendre l'adversité.