L'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT- France) a estimé hier que l'illégalité marocaine de l'occupation du Sahara occidental est la «question sensible» au Maroc, soulignant que ce pays «empêche toute discussion» sur le sujet. «L'illégalité de l'occupation marocaine du Sahara occidental est la question sensible au Maroc. Le royaume chérifien s'emploie depuis des années à empêcher toute discussion sur le sujet à coups d'arrestations, tortures, condamnations, diffamation et expulsion d'observateurs étrangers», a affirmé Hélène Legeay, responsable Maghreb et Moyen-Orient à l'ACAT, en réaction de l'expulsion du Maroc jeudi de la militante française des droits de l'homme, Claude Mangin. Claude Mangin, épouse du militant sahraoui Naâma Asfari, détenu politique depuis 2010 au Maroc et «condamné à l'issue d'un procès inéquitable et victime de torture», s'est rendu mercredi au Maroc pour rendre visite à son mari, a été refoulée jeudi hors du territoire marocain, après avoir passé 24 heures à l'aéroport de Casablanca. Le communiqué de l'ACAT rappelle que le ministère marocain de la Communication avait interdit la diffusion du quotidien français Libération lors de la parution d'un article sur Claude Mangin et Naâma Asfari, le 30 août dernier. Les autorités marocaines ne sont pas à leur première expulsion des personnes acquises à la cause sahraouie. En avril dernier, huit juristes internationaux ont été arrêtés puis expulsés du Maroc au motif de «menaces graves et imminentes à la sûreté du Maroc». Dans un communiqué publié jeudi, rappelle-t-on, l'Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique a qualifié l'expulsion de Claude Mangin de «nouvelles représailles» des autorités marocaines à l'égard de celle qui a porté plainte pour torture auprès de la justice française et du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Pour rappel, le militant des droits de l'homme sahraoui, Naâma Asfari et 23 autres militants sahraouis qui luttent pour la libération de leur peuple et l'indépendance de leur pays, le Sahara occidental, que l'Onu a classé en 1964 territoire non-autonome, ont été accusés de «meurtres de policiers et de militaires» et lourdement condamnés par un tribunal militaire marocain.