Abderrezak Makri, président du msp Le MSP joue un double jeu en se scindant artificiellement en deux partis: un parti officiel dirigé par Makri et un parti officieux dirigé par Soltani. Le Mouvement de la société pour la paix est dans une mauvaise passe. La contestation de sa ligne de conduite par Bouguerra Soltani et ses disciples prend de plus en plus de l'ampleur et, cette fois-ci, c'est le FLN qui semble mener l'entreprise de sa déstabilisation en accueillant à bras ouverts l'aile pro-pouvoir du parti islamiste. En effet, le patron de l'ex-parti unique, Djamel Ould Abbès, a annoncé, avant-hier, avoir rencontré Bouguerra Soltani, l'ex-président du MSP au siège du FLN, en le qualifiant d' «ami qui était avec moi au gouvernement». De plus, tout en faisant l'éloge de Mahfoud Nahnah, fondateur de cette formation politique islamiste internationaliste, Ould Abbès a indiqué qu'il a discuté avec Soltani pendant plus d'une heure sur «la situation du pays», ce qui atteste du sérieux de la démarche. «Nous avons échangé nos avis sur la situation actuelle du pays et avancé des propositions pour l'avenir», a fait savoir Djamel Ould Abbès en informant de la tenue, dans les jours à venir, d'une «autre rencontre, élargie aux autres cadres des deux parties», entre le FLN et le MSP. Dans un communiqué rendu public hier, le MSP a catégoriquement nié une prise de contact entre les deux partis et que des discussions avec le FLN n'ont jamais été évoquées dans les réunions du MSP. «La direction du MSP a suivi avec étonnement les déclarations du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, qui font état d'une rencontre récente avec des cadres du parti, laquelle rencontre sera suivie, selon ses déclarations, d'une autre élargie à d'autres dirigeants des deux partis. Le MSP nie catégoriquement l'existence d'une quelconque rencontre avec des dirigeants du FLN et affirme en même temps que personne n'a été délégué par le parti pour rencontrer des dirigeants du FLN. De plus, un rapprochement avec ce parti, de quel que nature qu'il soit, n'a jamais été discuté au sein des instances du parti», a écrit Bouabdallah Benadjaïmia, chargé de communication du MSP, dans un communiqué qu'il a rendu public hier. Par ailleurs, le MSP a précisé que son «bureau exécutif rejette catégoriquement cette manière d'agir entre les partis». Mais les représailles du MSP n'ont pas pour cible uniquement le FLN dont le secrétaire général, Djamel Ould Abbès a été à l'origine de cette situation que Bouabdallah Benadjaïmia qualifie de «confuse». Elles concernent aussi Bouguerra Soltani à qui les mises en garde précédentes ont été rappelées. Mais, tout porte à croire que le MSP n'ira pas au-delà du discours concernant le sort de son ex-président. Naâmane Laouaâr, député du parti, récuse en effet, toute idée de présentation de Soltani devant la commission de discipline du parti. «Soltani a rencontré Djamel Ould Abbès non pas en tant qu'émissaire du parti mais en sa qualité de personnalité nationale. Cette démarche n'engage nullement le parti, Nous ne pouvons donc pas lui reprocher quoi que ce soit. Il est plus que normal que des personnalités politiques nationales se parlent et discutent entre elles de la situation politique du pays tant que les instances dirigeantes des partis auxquels elles appartiennent ne sont pas engagées», nous a-t-il déclaré, hier joint par téléphone. Tempête dans un verre d'eau? Ce que le MSP essaie de nous dire. Mais cette énième secousse dont est l'objet la maison MSP, pour banale qu'elle puisse paraître, cache néanmoins une volonté toujours ferme de Bouguerra Soltani de reprendre les rênes du parti et de le replacer dans la proximité immédiate du pouvoir. Elle traduit également, dans une certaine mesure, la persévérance et la ténacité de ce dirigeant contestataire qui devrait sans nul doute agacer son successeur, Abderrezak Makri qui fait face à un mouvement de rébellion de sa ligne de conduite depuis son élection à la tête du parti. Pour rappel, en effet, Bouguerra Soltani, n'a raté aucune occasion d'afficher son désaccord avec l'actuel président auquel il reproche principalement son enrôlement dans l'opposition et «sa gestion personnelle et aventurière du parti». Soltani a été maintes fois rappelé à l'ordre par les dirigeants du MSP, mais il continue à jouer son «jeu trouble». Cette situation peut être préjudiciable pour le parti en le plaçant dans une posture politique floue, ce qui risque de lui coûter cher lors des prochaines législatives. Or, conscient du risque qu'il court en affichant «une tolérance excessive» envers les cadres qui contestent radicalement sa démarche d'opposition, le MSP est censé réagir énergiquement. Rien de tout cela. Par conséquent, en fermant indirectement les yeux devant les comportements de Bouguerra Soltani qui sont aux antipodes des positions proclamées du MSP, ce parti tente naturellement de reproduire la démarche du PPA qui, tout en préparant la lutte armée, jouait la carte de «la légalité» à travers sa branche légaliste: le Mtld. Autrement dit, le MSP joue un double jeu en se scindant artificiellement en deux partis: un parti officiel dirigé par Makri et un parti officieux dirigé par Soltani.