Le marché parallèle a de beaux jours devant lui... Le ministre des Finances a fait état d'un «projet à l'étude pour l'émission d'emprunts sans intérêts». Il n'y a rien à attendre. Le marché parallèle de la devise a encore de beaux jours devant lui. L'ouverture des bureaux de change n'est pas pour demain. Le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi a indiqué, jeudi dernier au Sénat, que l'ouverture de bureaux de change ne peut, à elle seule remédier au problème du marché parallèle car la demande dépasse l'offre, affirmant que les pouvoirs publics oeuvraient à le régler progressivement. «Le problème du change ne réside pas en l'ouverture de bureaux dédiés à ce genre d'opérations», a-t-il affirmé en réponse à une question d'un sénateur. Le grand argentier du pays a choqué plus d'un par ses déclarations qui remettent en cause celles de ses prédécesseurs. Alors que cette question lancinante a fait l'objet d'un grand débat et d'une longue attente des citoyens, le ministre a surpris plus d'un par sa réponse. Aiguisant ses propos, l'hôte des sénateurs a avancé que «la faiblesse de l'offre de la part des citoyens non résidants ou étrangers induite par les lacunes du secteur du tourisme d'une part, et la forte demande de la part des citoyens résidants d'autre part, sont à l'origine d'un déséquilibre entre l'offre et la demande». Aussi, l'ouverture de bureaux de change ne peut à elle seule résoudre la problématique du marché parallèle de change», a-t-il estimé. Baba Ammi a fait savoir que les pouvoirs publics «oeuvrent à la mise en place de mesures pour remédier progressivement à cette situation». Pis encore, le ministre a même réfuté la promulgation «d'un quelconque décret exécutif en avril dernier». Pourtant, le gouvernement s'est bien engagé à revoir le règlement de manière à promouvoir l'activité des bureaux de change en élevant la marge bénéficiaires des opérateurs qui est jugée trop faible. Baba Ammi a indiqué que les 46 bureaux de change évoqués ont obtenu en fait un agrément de la Banque d'Algérie (BA) conformément à l'instruction 08-96 et l'instruction 13-97, et la directive n° 07-95 relative au contrôle du change. Sur les 46 bureaux agréés, 40 se sont vu retirer leurs agréments, dont 13 à la demande des bénéficiaires eux-mêmes, et 27 pour non entrée en activité après l'obtention de l'agrément, a ajouté le grand argentier du pays. Le ministre a expliqué que les bureaux de change ne peuvent vendre de devise aux citoyens résidants que dans des cas fixés par la loi. Autrement dit, il n'y a pas de raison pour ouvrir des bureaux de change. Si l'on s'en tient à ses propos, il faudrait attendre d'abord le développement du tourisme pour procéder ensuite à l'ouverture des bureaux de change. Ainsi, le marché parallèle continuera à monopoliser le marché de la devise en dehors de tout contrôle de l'Etat. En raison du maintien de l'allocation touristique dont le montant est qualifié de honteux estimé à 130 euros, le marché parallèle reste le seul recours pour les Algériens. Par ailleurs et à propos d'une éventuelle émission de titres sans intérêts dans le cadre de l'emprunt obligataire, lancé récemment par le Trésor public, le ministre des Finances a fait état d'un «projet à l'étude pour l'émission d'emprunts sans intérêts». Baba Ammi a rappelé, dans ce sens, que le nombre de banques, notamment la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (Cnep) et la Banque de développement local (BDL) émettent au profit du large public des titres sans intérêts, outre l'existence d'un livret d'épargne sans intérêts. Il a tenu à préciser qu' «il n'existe pas de banques islamiques et de banques non islamiques». «Il y a des banques soumises à un système bancaire international et qui peuvent proposer des services avec ou sans intérêts en matière d'épargne», a-t-il clarifié. L'hôte des sénateurs a indiqué que ces mesures s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie globale de modernisation du système financier par la diversification des prestations offertes aux clients. Selon lui, la loi autorise les banques et les établissements financiers à proposer des prestations qui ne sont pas basées sur le taux d'intérêt, a-t-il ajouté rappelant que des instructions ont été données dans ce sens à l'ensemble des banques publiques d'où le produit «Moucharaka» ou «Mourabaha». Concernant l'Emprunt national pour la croissance économique, lancé en avril dernier, le ministre a fait état de la collecte d'un montant global de 560 milliards DA, affecté au financement d'infrastructures de base telles que des ports, des voies ferrées et l'extension des zones industrielles. Le ministre a indiqué, en outre, que l'opération de mise en conformité fiscale volontaire a incité nombre de commerçants et de chefs d'entreprises non structurés à intégrer le secteur formel. En réponse à une autre question sur une possible ouverture, pour les moudjahidine, de l'importation de véhicules touristiques, le ministre a affirmé que les invalides de la Guerre de Libération nationale ont le droit d'acquérir ce genre de véhicules de l'étranger ou auprès d'un concessionnaire automobile tous les cinq ans avec exonération totale des droits et taxes de douane ainsi que des procédures de contrôle sur le commerce extérieur et de change.