«L'année 2017 sera un prélude pour la généralisation de tamazight» Malgré tous les problèmes financiers la terrassant, l'association Numidia d'Oran se démêne contre vents et marées en organisant le Festival annuel de Yennayer. «Tamazight est pour toutes les Algériennes et tous les Algériens, arabophones ou kabylophones ou autres». Telle a été la déclaration phare faite par le président de l'association Numidia, Saâd Zamouche. En animant une conférence de presse dans laquelle il a exposé le programme du Festival annuel de Yennnayer 2997, Saâd Zamouche a affirmé que «l'année 2017 sera un prélude pour la généralisation de tamazight». Il dira que «toutes les populations ont le droit de s'exprimer sur le même pied d'égalité». «La rencontre de cette année se distingue par l'objectif principal visé cette fois-ci et qui est la promotion davantage de la langue amazighe en l'apprenant à toutes les Oranaises et tous les Oranais», at-il expliqué ajoutant que «l'association ouvre en ce sens les portes de quatre classes de tamazight dont l'une rentre dans le cadre de la lutte contre l'analphabétisation». Malgré tous les problèmes fi- nanciers la terrassant faute de subventions, l'association Numidia, budgétisée un tant soit peu par la direction de la jeunesse et des sports d'Oran et le Haut Commissariat à l'amazighité, revient encore une fois à la charge en organisant le Festival annuel de Yennnayer coïncidant avec la journée du 12 janvier de l'année grégorienne. Pour cette année, la célébration de l'année amazighe s'étale du 10 au 14 janvier, période durant laquelle «l'activisme culturel et identitaire sera tiré, détail par détail». Le riche patrimoine historique ancestral sera combiné avec le progressisme et la modernité. Faute d'espaces, une soixantaine de participants, venant de toutes parts du pays, y prennent part. L'événement est à la fois naturel et original. Contrairement aux années précédentes où elle organisait ses activités dans la spacieuse médiathèque d'Oran, l'association s'est retrouvée cette année obligée de confiner son programme d'animation dans la salle exiguë du cinéma El Feth (ex-Pigalle) et le Centre culturel Ben Mahrez. Ce programme mis en place est axé principalement sur l'intensification des conférences, des représentations théâtrales et des soirées de poésie. Il est également ponctué par une grande exposition des arts culinaires, vestimentaires et autres effets retraçant la célébration, dans le temps, du Nouvel An amazigh, Yennnayer 2967. «En plus du marché, le salon, le couscous, le carnaval Ayrad, le festival de Yennnayer s'articule également sur plusieurs activités scientifiques», dira le président de l'association Numidia, Saâd Zamouche tout en invitant les acteurs locaux à «contribuer à la réussite de l'édition de cette année (2967) en offrant à la ville des spectacles à la hauteur de son histoire et de sa beauté». Pourquoi fêter le Nouvel An amazigh? Pour le président de l'association Numidia, l'objectif visé est «l'institutionnalisation du jour de l'An amazigh (Yennnayer) en tant que journée chômée et payée». D'autant que cette coutume, qui a résisté durant des siècles, est célébrée à travers tout le territoire national. Pourquoi donc ne pas institutionnaliser une telle journée en lui donnant les couleurs nationales après que l'Etat algérien a reconnu la langue amazighe en l'officialisant? En effet, les Amazighs, comme tous les peuples du monde, avaient besoin d'un calendrier pour gérer le temps et organiser leur vie. yennayer est donc le premier mois de l'année amazighe. «Amenzu N yennayer» (le premier jour de Yennayer) est le premier jour de l'An amazigh qui coïncide avec le 12 janvier de chaque année. Etymologiquement, le mot Yennayer est formé de «yen» qui veut dire «premier» et «ayer» qui signifie le mois. Le festival de Yennayer vient à point nommé pour réitérer un tel engagement, la reconnaissance du 1er Yennayer en tant que journée nationale chômée et payée. A l'instar de beaucoup d'associations, Numidia a, depuis sa création en 1979, célébré le 1er jour de l'An amazigh. C'est en 2006 que les responsables de l'association Numidia ont jugé utile de passer à la vitesse supérieure en organisant la première édition du festival de Yennayer en collaboration avec le Haut Commissariat à l'amazighité, la wilaya et l'APW, l'APC, la direction de la jeunesse, la direction de la culture et des citoyens d'Oran. A Tlemcen, très précisément dans la commune montagneuse des Beni Senous, Yennayer est pompeusement célébré. Dans le tas, le carnaval «Ayrad» (le Lion) est, durant plusieurs nuits, proposé à tous les habitants, aspirant à la paix et la fertilité des terres nourricières. Dans ce rite ancestral, des jeunes, se cachant le visage à l'aide de peaux en cuir, sillonnent les artères principales du village. Un tel rite est hautement vénéré par les populations de l'Afrique du Nord, l'ancienne Numidie. Il est d'abord le symbole de la fertilité et de la productivité, étant donné que les instaurateurs de Yennnayer ont bien songé à placer la journée en la baptisant journée de l'entame de l'année agraire. Dans les temps modernes, les populations se référent au retour aux sources qui est une vertu. Les habitants d'Ihrane (Oran) ne sont pas en reste, notamment depuis que l'association Numidia a apporté sa touche particulière en mobilisant tous les moyens pour la célébration publique du Nouvel An amazigh. «Le Nouvel An constitue une grande part de mon identité, je me demande pourquoi négliger cet événement que tout l'Ouest et toute l'Algérie fêtent chaque année?» se demandent plusieurs Oranais. A un autre d'enchaîner en affirmant: «Ma famille et notre voisinage ont, depuis la nuit des temps, célébré cet événement ineffaçable de notre histoire commune.» Le combat pour l'identité amazighe dans toutes ses composantes est loin d'être une simple vision des choses. Celui-ci s'inscrit dans la durée, mais l'arrivée à bon quai est certaine. «Je ne lâcherai pas une part de mon identité en célébrant chaque année l'avènement du Nouvel An», dira Djamel, habitant le quartier populaire du Petit Lac, dénonçant «les voix hideuses des fondamentalistes s'élevant tristement et vainement en larguant des prêches incendiaires et fatwas radicalistes et extrémistes, n'ayant aucun sens en tentant vainement d'interdire les célébrations lambda». Que nenni. «La caravane passe...», dira plus d'un Oranais.