"L'année passée déjà, il avait fallu l'intervention du wali d'Oran pour que la directrice de la culture daigne débloquer un budget". Cette année, les membres de l'association culturelle Numidya ont le cœur un peu lourd : les festivités organisées à l'occasion de la célébration de Yennayer 2967 (du 10 au 14 janvier courant) n'ont pas bénéficié des aides de la Direction de la culture et de l'APC d'Oran. "Nous avons déposé le dossier en février 2016 mais n'avons pas encore reçu de réponse", s'inquiète Saïd Zamouche, président de l'association qui déplore l'absence d'explications de la part des services de la culture. "L'année passée déjà, il avait fallu l'intervention du wali d'Oran pour que la directrice de la culture daigne débloquer un budget", ajoute-t-il en indiquant que la DJS est la seule autorité à avoir mis la main à la poche cette année. Conséquence de la politique de l'austérité induite par la chute des prix de pétrole ou "mépris" à l'égard d'une manifestation identitaire nationale que les pouvoirs publics s'approprient, paradoxalement, devant les caméras de télévision, Saïd Zamouche se contente d'observer que Yennayer devrait bénéficier de la même attention que n'importe quelle manifestation culturelle célébrée avec faste. Et elles sont nombreuses ces festivités nationales et internationales pour lesquelles l'Algérie dépense sans compter, mettant à disposition infrastructures hôtelières et espaces culturels. Cette semaine encore, le Théâtre régional, la médiathèque, l'hôtel Royal, le Centre des conventions... sont mis à la disposition du 9e Festival du théâtre arabe alors que les festivités de Yennayer ont eu difficilement droit à une petite salle de cinéma, un centre culturel de proximité et une maison de jeunes. "Du coup, nous avons été obligés de limiter le nombre des participants à 60 au lieu des 120 que nous avions l'intention de convier", regrette le président de Numidya qui considère que l'intérêt porté à cette manifestation recule en dépit des avancées enregistrées, du moins sur le papier, par la "question amazighe". Cette année donc, malgré les "restrictions budgétaires" et le manque d'espace, l'association Numidya a réussi -notamment grâce aux sacrifices des bénévoles- à conserver les mêmes manifestations autour desquelles le festival s'articule depuis quelques années : le marché de Yennayer, le salon, la fête du couscous, le spectacle d'Idebbalen, le carnaval d'Ayrad et les traditionnelles activités culturelles et scientifiques qui les accompagnent. "Il faut qu'on arrive à comprendre que Yennayer est une fête nationale, qui concerne tout un peuple, et que les autorités doivent un jour mettre la main à la pâte", s'emporte un membre bénévole de l'association qui met en avant l'intérêt accordé à cette fête dans d'autres pays. "C'est une festivité importante qui concerne l'ensemble du peuple algérien et doit, donc, bénéficier de la même attention que toutes les autres fêtes nationales", conclut-il. S. Ould Ali