Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a appelé l'Union européenne à agir «conformément au droit international et à l'arrêt de la Cour de justice européenne». Le Sahara occidental finira-t-il par être scruté par le bon côté de la lorgnette? Inscrit sur la liste de l'ONU des territoires non autonomes qui restent à décoloniser, occupé par le Maroc depuis 1975. Son peuple est privé de son droit à s'exprimer librement quant à son destin à travers l'organisation d'un référendum. Ce que lui garantissent pourtant les nombreuses résolutions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU alors que l'arrêt rendu par la Cour européenne de justice à la fin de l'année dernière avait confirmé que «le territoire du Sahara occidental est distinct et séparé du Maroc». La communauté internationale ferme les yeux. La toute récente réunion de haut niveau du Conseil d'association UE-Algérie a donc constitué une excellente opportunité pour le lui rappeler. L'Union européenne qui est liée par un accord agricole, signé en 2012, avec le royaume est directement interpellée. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra a appelé l'Union européenne à agir «conformément au droit international et à l'arrêt de la Cour de justice européenne», concernant le dossier sahraoui. «... Compte tenu du statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d'autodétermination des peuples, il est exclu de considérer que l'expression «territoire du Royaume du Maroc, qui définit le champ territorial des Accords d'association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire» ont tranché, le 21 décembre 2016, les magistrats de la Cjue. «L'UE doit agir conformément au droit international et à l'arrêt de la Cjue, d'autant plus que le Royaume du Maroc a rejoint l'Union africaine aux côtés de la République sahraouie», a souligné le patron de la diplomatie algérienne en marge de la réunion de haut niveau du Conseil d'association UE-Algérie. Le dossier sahraoui est entré dans une période de «glaciation» qui fait les affaires du pouvoir marocain. L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental qui est parvenu à organiser neuf rounds de pourparlers informels dont le dernier s'est tenu entre le 11 et le 13 mars 2012 aux Etats-Unis, à Greentree, depuis sa nomination en 2009, n'est pas parvenu à le faire avancer. Rabat n'a eu de cesse de lui mettre les bâtons dans les roues. Christopher Ross a décidé de jeter l'éponge. C'est donc en principe une nouvelle page qui doit s'ouvrir pour que soit démantelé le dernier bastion du colonialisme en Afrique. La situation est explosive. L'issue d'une solution pacifique s'éloigne. «Le processus onusien pour un règlement pacifique de la question du Sahara occidental est actuellement dans l'impasse», a prévenu le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes. Invité de l'émission «Hiwar Essaâ», diffusée le 12 février par la Télévision nationale, Abdelkader Messahel a souhaité voir le nouveau secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, donner un «nouvel élan» au processus de décolonisation au Sahara occidental. Très au fait du dossier à partir du moment où il a occupé le poste de Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, le successeur de Ban Ki-moon doit apporter «une nouvelle approche pour relancer le dialogue», a espéré Abelkader Messahel. Comme l'a souligné Ramtane Lamamra, au moins deux nouvelles cartes doivent faire bouger l'échiquier. Il y a l'arrêt de la Cjue qui atteste que le Sahara occidental n'est pas un territoire du royaume et l'Acte constitutif qu'il a ratifié pour adhérer à l'Union africaine qui le contraint à respecter les frontières héritées de la colonisation. Mohammed VI n'a aucune envie d'en entendre parler et ne jure que par la «marocanité du Sahara». Le SG de l'ONU, le Conseil de sécurité... parviendront-ils à faire plier le roi? Il faudrait déjà qu'ils osent...