La campagne électorale n'a pas empêché les partisans du RCD de battre le pavé. Des centaines de militants et de sympathisants du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ont pris part, hier, à la marche à laquelle avait appelé la direction du parti, il y a quelques jours, afin de commémorer le 37e anniversaire du printemps berbère. La campagne électorale qui bat son plein n'a pas empêché les partisans du RCD de battre le pavé à cette occasion, deux jours après la manifestation du MAK, jeudi dernier dans la même ville. C'est au niveau de l'entrée principale de l'université Mouloud-Mammeri que se sont retrouvés les marcheurs du RCD, à leur tête Mohcene Belabbas, le président du parti depuis que Saïd Sadi a décidé de se retirer de la responsabilité de cette formation politique, créée essentiellement par d'anciens militants du Mouvement culturel berbère, au lendemain des événements d'octobre 1988. Organisée en petits carrés, par sections communales, la marche a été placée sous le slogan de la fidélité au combat d'avril 1980. C'est à 11 heures que les marcheurs ont débuté leur manifestation. Ils ont ainsi parcouru la route de l'université et le boulevard Lamali (ou route de l'hôpital), le boulevard Abane-Ramdane (grande rue) ainsi que le boulevard Larbi Ben M'hidi avant d'atterrir à la placette de l'ancienne gare routière, devenue la Place Mbarek Aït Menguellet. Le président du parti, Mohcene Belabbas a profité de cette occasion pour y animer son meeting électoral, dans le chef-lieu d'une wilaya qui était, il y a quelques années, le fief du RCD. En plus des chansons engagées du Rebelle Matoub Lounès, qui étaient diffusées à gros décibels tout au long du trajet de la marche, les manifestants du RCD ont scandé de nombreux slogans traditionnels à la formation politique. C'est ainsi que l'on a entendu les manifestants crier «Ulac smah ulac» et «y en a marre de ce pouvoir», entre autres... Sur les banderoles, les manifestants ont également inscrit des mots d'ordre comme «le courage de dire, la force d'agir et le courage de construire» ou encore «un nouveau départ pour l'Algérie». Les manifestants ont également et curieusement scandé des slogans hostiles à Amara Benyounès, président du Mouvement populaire algérien (MPA), et néanmoins ancien numéro deux du RCD, parti qu'il a quitté depuis plus de 15 ans. Mais certains cadres du RCD ne semblent pas avoir pardonné à Amara Benyounès le fait d'avoir claqué la porte de leur parti. Lors de sa prise de parole, Mohcene Belabbas a évidemment axé son allocution sur les prochaines élections législatives du 4 mai 2017. Il a formulé des propositions concrètes sur «comment gérer l'Algérie de demain», si par miracle le RCD parvenait à avoir la majorité à l'APN, un de ces jours. Mohcene Belabbas, entouré notamment des candidats de son parti aux législatives, a plaidé pour une large décentralisation dans la gouvernance de l'Algérie avec un retour notamment au découpage administratif en vigueur durant la guerre de Libération nationale avec de grandes wilayas. Offrir par la suite une large liberté de gouvernance aux régions sur un certain nombre de secteurs est aussi une mesure qui pourrait être salvatrice pour le pays. Mais, a ajouté Mohcene Belabbas, ces mesures ne doivent en aucun cas concerner les secteurs névralgiques comme la monnaie et les Affaires étrangères et bien entendu la Défense nationale. Pour illustrer ses dires d'un exemple concret, l'orateur cite le cas de l'expérience espagnole. Pour Mohcene Belabbas, la dissolution des daïras est également une nécessité mais ceci ne pourrait se faire sans conférer aux APC des pouvoirs supplémentaires et plus de moyens financiers ainsi que des prérogatives plus consistantes au maire. Avant de conclure son intervention, Mohcene Belabbas a tiré à boulets rouges sur le pouvoir, notamment concernant les mesures d'austérité prises, pour faire face à la crise engendrée par la chute des prix du pétrole. Après quoi, la foule s'est dispersée dans le calme.