Le Conseil de sécurité aura-t-il assez de cran pour suivre la décision de la Cour européenne de justice qui a conclu que le Sahara occidental est un territoire distinct du Maroc? Les discussions ont commencé mardi dernier. Le Conseil de sécurité aura-t-il assez de cran pour suivre la décision de la Cour européenne de justice qui a conclu que le Sahara occidental est un territoire distinct du Maroc? «... Compte tenu du statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d'autodétermination des peuples, il est exclu de considérer que l'expression «territoire du Royaume du Maroc»,... «englobe le Sahara occidental...», ont écrit les magistrats de la Cjue dans leur arrêt rendu le 21 décembre 2016 dans l'affaire de l'accord agricole signé en 2012 entre le Maroc et l'UE. Les premiers échos qui nous parviennent de New York indiquent que le projet de résolution présenté par les Américains qui président le Conseil de sécurité de l'ONU n'en prend pas le chemin. Et il ne fait pas l'unanimité de surcroît. Notamment en ce qui concerne le retrait du Front Polisario de la région d'El Guergarat. «Le projet de résolution visant la relance des négociations entre le Front Polisario et le Maroc a été soumis dans un premier temps au groupe d'amis du Sahara occidental au Conseil de sécurité, mais sans dégager un consensus sur ses propositions, notamment celle exigeant le retrait immédiat du Front Polisario de la zone d'El Guergarat», rapporte l'APS qui cite le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari dans une dépêche datée d'hier. Un indice qui montre que le Maroc sera ménagé. Le Makhzen est en plein grenouillage et fait actionner ses soutiens traditionnels. «Le Maroc et la France sont en train de pousser à l'extrême jusqu'à demander le retrait immédiat et sans condition du Front Polisario d'El Guergarat», a ajouté le diplomate sahraoui. Le texte proposé par les Etats-Unis ne plonge pas, en effet, dans les racines de cette violation du cessez-le-feu par le Maroc qui a obligé le Front Polisario à réagir. Ce qu'a dénoncé l'Uruguay alors que la Russie qui dispose du droit de veto a souligné le déséquilibre du document US. Comme il ne fait pas mention, dans son premier jet de l'expulsion de la composante de la Minurso sur décision du souverain marocain en représailles aux déclarations de l'ex-secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon qui avait qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d'«occupation» lors de sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis au mois de mars 2016. Le Conseil de sécurité doit prolonger d'une année son mandat alors qu'elle n'a pas été pleinement réhabilitée. Difficile de croire que la question sera éludée d'autant plus que les Etats-Unis ont appelé à son plein rétablissement. La question de la reprise de ses activités devient du coup incontournable. Le patron des opérations du maintien de la paix de l'Organisation des Nations unies, Hervé Ladsous, avait fait état de sa paralysie. «Nous avons discuté de la Minurso à la demande de l'Uruguay et nous avons été briefés par M.Hérvé Ladsous sur la situation sur le terrain et le problème de la pleine fonctionnalité de la mission», avait déclaré le Britannique Matthew Rycroft, qui avait assuré la présidence du Conseil de sécurité en mars, à l'issue d'une réunion qui s'est tenue à huis clos. Le nouveau SG de l'ONU qui a appelé à la reprise des négociations devra «manoeuvrer» avec une composante de la Minurso décapitée, alors que dans le même temps, des voix s'élèvent pour la doter d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme pour mettre fin aux violences subies par le peuple sahraoui. L'habilitation de la Minurso à surveiller les droits de l'homme au Sahara occidental est «cruciale pour que les abus commis par les autorités marocaines soient portés à l'attention du monde, pour désigner les responsables et améliorer le respect des droits de l'homme», a souligné dans un tout récent rapport Amnesty International qui jouit d'une voix consultative auprès de l'ONU. C'est tout cet écheveau qu'aura à démêler Antonio Guterrès. Pour espérer parvenir à un règlement pacifique du conflit du Sahara occidental.