Il est construit là où le cheval de l'envahisseur n'accède pas. Ce village perché de Ghouffi qui semble surgir d'accidents rocheux et qui se fond harmonieusement avec la nature est en train de devenir un lieu de pèlerinage des amis de la nature. Construit là où le cheval de l'envahisseur n'accède pas, où les maisons se tapissent parmi des pierres plus grosses que les maisons, le village de Ghouffi avec ses maisons de la couleur même du terrain, entre l'ocre et le gris, créé un havre de paix et de beauté qui, à lui seul, satisfait l'oeil de tout admirateur de la nature. Ghouffi ne tardera pas à drainer des foules. Dès le premier contact, Ghouffi tient ses promesses. Une beauté incomparable s'offre à la vue du visiteur. Une étrange immobilité, une curieuse impression de repos vous enveloppe. Tout l'air est imprégné de paix, de calme, et l'on a l'impression de quelque chose de salutaire pour l'âme. Un véritable symbole de symbiose, d'union très étroite et harmonieuse entre l'homme et la nature. Ghouffi est tout simplement une création à la fois de la nature et de l'homme. Si la nature l'a gratifié d'un site extraordinaire dans ce monde, un véritable havre de paix, l'homme berbère n'a pas démérité en respectant la nature et en construisant sur les assises rocheuses, des maisons de fortune, construites avec les pierres de la région sans écorcher le site ou lui porter des marques indélébiles, offrant ainsi un large panorama, rare que l'on trouve dans le monde. Le tableau est encore plus beau lorsque l'on jette un regard au fond de la dépression ; le cours d'eau de Oued Abdi, où l'eau ne coule que sur une partie d'un vaste lit creusé par les crues torrentielles de l'hiver, laisse à découvert de larges espaces où croissent lauriers, roses, tamaris et palmiers (phoenix dactylifera) qui offrent aux premiers visiteurs des paysages et des scènes de vie qui les enchantent par leur beauté et leur nouveauté. Cette description ne suffit pas à expliquer à ceux qui n'auraient pas vu de leurs yeux de tels phénomènes. La réalité, il faut être présent pour la saisir tout entière et l'apprécier à sa juste valeur. Ce décor que certains jaloux disaient «pouilleux» est splendide et pur comme un astre. Il faut être témoin après le soleil couché et contempler ce mariage de couleurs quand les montagnes des Aurès descendent la gamme du violet de cobalt clair au violet de mars sombre et à leurs pieds la plaine, immense, variant les tons bleus jusqu'à se confondre avec le ciel. Ghouffi étonne toujours le visiteur qui le découvre pour la première fois. Très vite, on se laisse séduire par le charme de cette contrée chargée d'histoire. Ghouffi est l'une des régions dans le monde dont les visites répétées n'épuisent ni le charme, ni le mystère. A Ghouffi, la frontière entre rêve et réalité s'estompe. Le visiteur curieux, ne manque pas de s'attarder sur les vestiges de la cité et des sites pittoresques dont la région foisonne. Dépaysement et découverte artistique seront les maîtres-mots du séjour du touriste qui est toujours bien accueilli dans la terre des Hommes. Il y a dans cette région, je ne sais quoi d'incomparable qui nous la fait chérir. Le moment de la séparation est douloureux. Péniblement, vous vous détachez d'elle en jurant d'y revenir. Un regret profond vous saisit devant ce panorama grandiose qu'on a si injustement oublié.