Inscrit dans le répertoire des sites naturels protégés, en 1968, Ghouffi est l'un des lieux d'exception qui résiste à toute description. Situé dans la commune de T'kout, ce site naturel est une réserve incomparable et méconnue, cachée au creux de montagnes escarpées. Cependant, en dépit de son potentiel touristique, les pouvoirs publics n'ont pas mis les gros moyens pour promouvoir le tourisme dans la région. Dès le premier contact, Ghouffi tient ses promesses. Son charme vient de ses trois “balcons”. Une vue extraordinaire sur les vergers et les hameaux (totalement abandonnés), nichés au fond du canyon de l'Oued Labiod. Du premier balcon, on peut accéder à la falaise blanche et apercevoir les ruines de l'ancien hôtel transatlantique, encastré dans la muraille opposée. Une bâtisse qui n'a pas résisté aux caprices du temps et laissée à l'abandon. Même la restauration n'a pas été possible, car l'hôtel a été érigé sur le terrain d'un privé. Du deuxième balcon, on peut descendre dans le canyon, traverser la palmeraie et remonter à la falaise qui rejoint le premier balcon qui surplombe la zaouïa du saint local, Sidi Bouzemmour, aux alentours, des “ guelàa” (greniers construits au sommet des montagnes). Le président de l'Association du tourisme et de l'artisanat de Kef Larouss, commune de T'kout, un responsable qui connaît parfaitement la région, nous a parlé de huit balcons. Il suffirait, selon lui, d'ouvrir d'autres accès pour permettes aux randonneurs d'atteindre les huit balcons. Une autre beauté à préserver est ce village, complément abandonné. Une véritable œuvre d'art qui est en train de dépérir. Des maisons traditionnelles construites avec des matériaux puisés de la nature, entre autres la pierre, le bois et l'argile qui semblent surgir directement du sol sans l'écorcher, en harmonie totale avec la nature Ces maisons traditionnelles, en partie encastrées dans le sol ou dans les rochers de la falaise, ont été construites de pierres taillées, parfaitement collées les unes aux autres sans aucun mortier, continuent à exercer une fascination sans pareil sur le visiteur bien qu'elles soient désertées de ses occupants. Malheureusement, ces maisons traditionnelles sont en totale perdition. En contrebas du canyon de Oued Labiod (la rivière blanche), sable et galets prennent le pas sur ce faible filet qui continue à arroser, entre deux hautes parois, les quelques palmiers et lauriers qui restent. Il est plus que nécessaire de conserver ces maisons ancestrales et entretenir les jardins presque abandonés, pour inciter le touriste à y venir. Les responsables du tourisme ont beaucoup à parfaire s'ils veulent décoller le tourisme dans la région du Ghouffi. B. Belakacem