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La veuve accuse le général
NEZZAR PRIS À PARTIE PAR LA MÈRE D'UN DISPARU
Publié dans L'Expression le 23 - 08 - 2001

L'homme, qui porte une lourde responsabilité dans les événements que connaît l'Algérie, depuis dix ans, ne sait pas tenir sa langue. Depuis sa mise à la retraite, il s'arrange toujours pour faire parler de lui. Ce général «la gaffe» avait mis les pieds dans le plat, lors de sa dernière sortie à Paris, qu'il a été obligé de quitter précipitamment. Et hier, lors de sa conférence de presse, il a été acculé dans ses derniers retranchements par une veuve moudjahida.
C'est un Khaled Nezzar visiblement en forme qui a pris place face à un parterre grouillant de journalistes, hier, à la Maison de la presse Tahar-Djaout. Mais à peine quinze ou vingt minutes après le début de la conférence de presse, celui-ci perd son sourire, crispe la bouche dans un rictus douloureux, jette des regards furtifs vers ses accompagnateurs et conseillers et s'agite sur sa chaise. Il allume nerveusement une cigarette et finit carrément par perdre la parole.
La cause de l'agitation de l'ex-général est l'apparition inopinée d'une vieille dame, à deux mètres de la salle des conférences archicomble, pour la circonstance. La vieille dame prend la parole avec bruits et fracas, parle sans fléchir, pendant plus d'une heure, d'une voix audible et prolixe, et qui attire l'attention de tous.
C'est Mme Amari, ex-moudjahida, qui a «fait» la Bataille d'Alger et a bien connu Ben M'hidi. C'est la mère de Amari Azzeddine, porté disparu depuis 1994. Cet ancien militaire, dit sa mère, «a été kidnappé par les hommes de Nezzar et n'a plus donné signe de vie, depuis».
Nous avons alors, deux conférences de presse parallèles ou mieux, une plaidoirie et un réquisitoire. «Rendez-moi mon fils, assassin!», clame la vieille dame. «Allez demander des comptes au FIS!», lui répond l'ex-général, visiblement irrité.
Et c'est ainsi que la vieille dame décrépite arrive à désarticuler l'aplomb dont usait Nezzar jusque-là, sentant l'attention se fondre sur elle, elle ajoute: «J'ai fait la Révolution avec les hommes, les vrais, alors qu'on ne vienne pas, aujourd'hui, me nourrir de mensonges et de paroles. Nezzar n'a été qu'un Pinochet, un assassin, un criminel sans scrupule et sans envergure!»
«Faites-la taire!» propose le général à un de ses accompagnateurs en essayant d'être «encore» calme. «Taisez-vous, madame, ou on vous fera sortir de la Maison de la presse», dit sévèrement un policier à la vieille, et celle-ci de répondre du tac au tac: «Ah non ! vous n'oserez, certainement pas, faire ça! J'ai combattu pour que mon pays recouvre son indépendance et pour que vous, monsieur le policier, vous puissiez porter arme et uniforme décent. Allez plutôt voir ailleurs!»
Et d'enchaîner: «Ce n'est pas ce Pharaon qui peut me faire peur. Et vous, journalistes, vous venez encore lui faire la cour et lui sourire hypocritement? Dites-lui la vérité! Dites-lui qu'il doit payer pour tout ce qu'il a commis! Ou plutôt, ne lui parlez pas, il ne mérite aucune attention, aucun égard!».
A l'intérieur, l'ex-général-major Khaled Nezzar disait qu'il venait d'introduire une plainte en diffamation contre Souaïdia et ceux qui le manipulent et qui ne sont autres que le Maol, les activistes islamistes, l'International socialiste, Aït Ahmed, («non le FFS», insiste-t-il) et les services spéciaux étrangers.
«Je m'engage, dit-il, dans un ton plein d'emphase, dans un combat extraordinaire, car, au-delà de ma personne, c'est le régime algérien qu'on vise, c'est le procès de l'Algérie et de ses dirigeants qu'on souhaite», et d'ajouter: «Mais rien ne m'effraye!»
La salle se fait silencieuse, sous les mots pompeux et solennels du général. Ne s'entend, alors, que la voix aiguë de la vieille dame. «Ne l'écoutez pas! De quel droit vient-il, aujourd'hui, nous assener son discours trompeur? Pour qui se prend-il pour venir ici, se donner des airs de donneur de leçons? Nezzar est accusé de graves délits auxquels il doit répondre. C'est cela la question qu'on lui pose et à laquelle il doit répondre, comme il doit répondre aux centaines de détenus, et de disparus, aux femmes endeuillées et aux familles.»
On tente de la faire taire alors, gentiment: «Non, mais non! Je suis libre, dans un pays libre et je dirai tout ce qui pèse sur mon coeur! Que ceux qui ont de la paille dans le ventre (comprendre « lâches », Ndlr) se taisent!».
Bon gré mal gré, Nezzar termine la conférence et s'en va. La vieille dame, elle, reste là. Sourire aux lèvres et la jambe alerte. Les mots ne lui manquent toujours pas pour «piquer» encore le général. C'était son jour, sa conférence à elle, et elle semble en être fière. Aux journalistes réticents qui passent près d'elle, elle ose dire un dernier mot: «Venez, venez, ne vous sauvez pas! Je peux vous apprendre à parler, à être courageux!» Sacrée dame, elle méritait bien ce détour!


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