Ces organisations sont-elles habilitées et/ou en mesure de remettre en cause le projet du président ? Le retour des organisations non gouvernementales (ONG) en Algérie, ne cesse de susciter l'indignation de plus d'un. Après donc la réapparition «contestée» d'Amnesty International en Algérie, d'autres organisations, dont Human Rights Watch sont attendues dans les semaines qui viennent, à en croire les révélations faites par M.Farouk Ksentini, président de la Commission consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (Ccppdh). C'est en tout cas un non-événement, d'autant plus qu'un bon nombre d'ONG ont «versé dans une campagne tendant à rallier des partisans à l'idée que ce qui s'est passé en Algérie durant la décennie précédente était une guerre civile». Le retour des ONG coïncide avec le lancement du débat sur l'amnistie générale et la réconciliation nationale, une initiative du président Bouteflika, visant à «mettre fin à la violence et à instaurer de nouveau un climat de paix et de sécurité». Une question s'impose cependant avec acuité : ces organisations sont-elles habilitées et/ou en mesure de remettre en cause le projet du président? C'est une attitude qui, en tout cas, a été dénoncée par plusieurs personnalités, estimant que l'amnistie générale est une question interne. Dans un communiqué rendu public récemment par Human Rights Watch, l'on estime que «l' amnistie est une atteinte aux droits humains...et pourrait priver définitivement les victimes et leurs familles de leurs droits à la vérité, à la justice et à des réparations». Après avoir «boudé» l'Algérie pendant ses années de sang, «des ONG reviennent pour mettre en cause une solution pour la paix», disait M.Farouk Ksentini. Le communiqué de Human Rights Watch semble contredire la philosophie de l'amnistie qui, selon ses estimations, «signifierait que l'héritage du passé resterait à tout jamais enfoui, ce qui pourrait affaiblir durablement toute perspective d'un avenir respectueux des droits humains». En guise de réplique à ce point de vue, Mme Benbraham, avocate agréée auprès de la Cour suprême, dira, dans une récente sortie médiatique, que ces organisations qui mettent en cause l'amnistie générale «ne savent pas que c'est un acte de droit législatif visant l'arrêt d'une poursuite et/ou le pardon». Mieux, le président de la Commission consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme explique que l'amnistie générale n'est pas contraire au principe des droits de l'Homme. En fin de compte, les ONG ne sont habilitées à se prononcer que sur des dépassements constatés en matière de droits de l'Homme. Se prononcer sur des projets de loi et/ou sur le fonctionnement des institutions relève par ailleurs de «l'ingérence», a-t-on considéré. Après tout, le soutien «indéfectible» des juristes, des cadres de l'Etat et de la société civile au projet de l'amnistie conforte la démarche du président Bouteflika, en dépit de la «fausse propagande que faisaient certaines organisations». Le plus important, relève Me Miloud Brahimi, est que «les concernés directs par le projet en question et les impliqués dans la crise algérienne regrettent le recours à la violence et se déclarent surtout favorables à la suggestion du président de la République». Il faisait allusion à ce qu'a déclaré M.Ahmed Benaïcha, émir de l'Ouest de l'AIS, lors d'un entretien accordé à L'Expression. Grosso modo, la contestation que suscite le retour des organisations non gouvernementales en Algérie, à commencer par Amnesty International et Human Rights Watch, trouve sa source dans le fait qu'après avoir longtemps tourné le dos à une Algérie «souffrante», elles reviennent aujourd'hui «pour critiquer un projet de longue haleine devant engager l'Algérie vers un avenir meilleur».