Resto du coeur ou resto de la Rahma, qu'importe l'appellation, du moment qu'il s'agit de cette soupe populaire qui, un tant soit peu, rassasie des familles nécessiteuses et les SDF, mais surtout des réfugiés syriens et subsahariens. Fidèles aux valeurs morales, les Annabis ont doublé d'efforts pour offrir une soupe chaude aux jeûneurs démunis, «aâbir essabil» et aux familles syriennes, réfugiées en Algérie, fuyant la guerre dans leur pays. Situation similaires pour des centaines d'Africains, pour la plupart venus du Mali et du Niger entre autres, fuyant l'insécurité dans leurs pays respectifs. Tout ce beau monde est réuni aujourd'hui par l'islam, religion ordonnant l'amour de son prochain et son aide en termes de solidarité loin de toute considération. Telles sont les valeurs d'une religion que les populations annabies n'ont pas cessé de perpétuer depuis des lustres. Une action manifestée à travers l'ouverture de centaines de restos du coeur dans toute la wilaya de Annaba, où des milliers de réfugiés syriens et subsahariens sont établis. Depuis El Hadjar, El Bouni, Sidi Amar et jusqu'à Berrahal, Chétaïbi en passant par Annaba, l'élan de solidarité est perceptible. Des tentes, des garages, des constructions non achevées et méme des chapiteaux servent d'espaces pour accueillir pour la rupture du jeûne, le maximum de nécessiteux, SDF, «aâbir essabil», mais surtout les ressortissants étrangers, syriens et africains notamment. Certes, cette soupe populaire qui demeure une, «chorba» de détresse, fait le bonheur de centaines de bénévoles qui s'adonnent toute la journée à préparer un menu, le moins que l'on puisse qualifier de très bonne qualité. «Rien ne doit manquer sur les tables», nous dit-on. «Les bienfaiteurs ne lésinent pas en matière de dons. Nous recevons de la viande fraîche, des poulets, les fruits, différentes sortes de légumes, fruits, les jus, l'eau minérale, du pain et même des gâteaux. C'est pourquoi les donneurs exigent un f'tour convenable», nous précise t-on. A quelques minutes de l'iftar, ils sont un peu plus de 3 000 à 4 000 à recevoir leur part du f'tour. Ce sont les familles nécessiteuses qui viennent chercher la soupe et le reste du menu, pour aller rompre le jeûne chez elles en famille. Méme chose pour les réfugiés syriens. Ces familles ont déjà une longue et amère expérience de la vie, de guerre lasse, avec le destin, subsistent les soupirs, le regard résigné et cet air effacé. Rien d'autre dans l'apparence de ces familles ne trahit leur détresse. Leur misère n'est pas ostentatoire. Point de haillons. Enveloppées dans leurs longues djellabas noires, les réfugiées syriennes dissimulent une indigence insoupçonnable. Un couffin serré contre le ventre, ces femmes attendent qu'on leur serve la soupe et tout le menu du f'tour dans de petits vestibules, pour qu'elles partent à leurs lieux d'hébergement, rompre le jeûne avec mari et ami. La situation des Africains n'est pas pour autant différente. Ceux-là viennent 10 à 15 minutes avant la rupture du jeûn. Elles sont des centaines de familles avec des enfants en bas âge à se rendre aux restos du coeur implantés dans toute la wilaya de Annaba. Cette dernière, rien qu'à elle seule, compte 18 restos de la Rahma. Des espaces où la soupe populaire et autres mets sont cuisinés avec une bonne et grande volonté d'hommes et de femmes, ayant préféré être au service de leur prochain, au détriment de leur vie familiale. Comme c'est le cas du personnel bénévole du Croissant-Rouge de Annaba, où l'Algérien démuni, le SDF, «aâbir essabil» et des réfugiés syriens ou encore des Africains, le temps d'un f'tour, d'un mois. «Ce sont nos invités, nous leur servons à manger avant nous, ils sont la priorité de notre travail de bénévolat», nous explique un jeune bénévole sous couvert de l'anonymat. Une chose est sûre: les étrangers évoqués précédemment, ont la part du lion et une grande attention que leur accordent aussi bien les autorités que la population. En effet, une fois de plus, les Annabis se sont surpassés, de par leurs actions de bénévolat tant à l'égard de leurs compatriotes qu'à l'égard des réfugiés syriens et subsahariens. Des actions qui n'ont qu'une seule et unique signification: l'Algérie a toujours été une terre d'accueil.