Les lampions se sont éteints vendredi dernier au stade des trois frères Nouau où Ben Bella a clôturé le jubilé organisé en son honneur pendant une semaine. La daïra faisant frontière avec Oujda (Maroc) a brillé de mille feux avec un programme de festivités d'une véritable métropole. Les jeunes de Maghnia ont découvert le talent de l'équipe nationale de football de 1982 avec Belloumi, Bensaoula, Guendouz, Fergani, Megharia, Kouici, Safsafi, qui sont devenus des légendes de l'histoire du football national et de ce fait ont marqué leur passage par la grande victoire contre les Allemands. En face de ces artistes de la balle ronde, nous avons vu à l'oeuvre les vétérans et coéquipiers de Ben Bella des années trente et quarante, de Sassep et de l'IRB Maghnia actuelle qui a failli décrocher le titre national en régionale laissant la première place à la JSM Tiaret. Voilà pour le jubilé côté football, côté handball, c'est le MC Saïda qui a décroché la coupe du jubilé en s'imposant devant l'équipe locale de Maghnia. Analysons maintenant les autres facettes de ce jubilé qui a fait les premières pages de la presse régionale et même nationale. Tout d'abord Maghnia, ville frontière, qui s'apprête sûrement à vivre un été pas comme les autres si les deux postes Akid Lotfi et Boukanoun seront ouverts officiellement pour permettre aux familles de l'Ouest d'aller rendre visite à leurs proches à Oujda sans faire le retour par Casablanca avec tous les aléas. Une mère de chahid nous confia: «Ma fille mariée à Oujda que je n'ai pas vue depuis la fermeture des frontières terrestres, et à mon âge (90 ans), je vais mourir sans la voir ainsi que ses enfants...» Grâce à ce jubilé, Maghnia a un «new look» grâce à la contribution des autorités locales et du coup de pouce de M. le wali qui a utilisé les grands moyens pour embellir Lalla Maghnia et lui donner le sourire touristique et commercial qui lui manquait, et ce, depuis l'indépendance. Sur le plan infrastructures hôtelières, Maghnia, Marsat Ben M'hidi, station balnéaire, une des plus belles d'Algérie et du Maghreb sont capables d'accueillir les milliers de touristes attendus cet été. Cette région frontalière a prouvé sa disponibilité en accueillant tous les invités de l'ancien président dont la délégation wallone de Belgique qui était la plus imposante et qui avait même son équipe de télévision pour filmer l'événement. Autre curiosité pour les jeunes Maghnaouis, la découverte de l'ancien directeur de Sawt El Arabe du Caire, Ahmed Mohamed Saïd, qui a relaté comment Ben Bella a été accueilli au Caire après sa fugue de la prison de Blida (16/3/52) sous le pseudonyme de Messaoud Meziani, qui lui a permis de passer entre les filets de la police française. L'ancien directeur de la Radio Sawt El Arabe qui a joué un très grand rôle dans la mobilisation des jeunes du Maghreb pour la libération des trois pays Tunisie, Algérie, Maroc, a donné des détails sur le rôle joué par feu Abdel Naser pour aider l'Algérie en armes et en logistique. C'était la conférence la plus suivie par la population de Maghnia devant la fille de Gamal Abdel Nasser, le docteur Houda Nasser qui a été très émue par la profondeur de l'action de son père dans le Maghreb et en particulier avec l'Algérie. Ce jubilé aurait pu avoir un autre impact si le président Abdelaziz Bouteflika n'avait pas dans son calendrier officiel la tournée très importante en Amérique latine. Deux waâdates très populaires ont mobilisé des milliers de personnes avec fantasia et couscous garni, l'une à Sidi Ahmed Ouassini de Maghnia où la première pierre d'une zaouïa fut posée par l'ancien raïs et l'autre dans le fief des Ouled Nehar à Sidi Yahia, autre daïra de la frontière algéro-marocaine à Sidi Djilali (35 km de Sebdou) toujours en présence de Ben Bella et ses invités. Les effets de cet hommage envers le fils de Maghnia qui malgré le poids des ans «bouge» pour créer une dynamique de paix oubliant ses blessures profondes, ne voulant jamais les évoquer ni devant les caméras étrangères, ni devant la jeunesse algérienne avide de connaître l'histoire du pays dans ses moindres détails. Par ailleurs, nous venons d'apprendre que le comité de wilaya de la Cnag (Commission nationale pour l'amnistie générale) est à pied d'oeuvre, il vient d'installer le comité de la daïra de Sidi Djilali, la daïra la plus déshéritée de la wilaya. Quant à M.Zouaoui Benamadi, il vient d'installer Aïssa Benhachem, journaliste comme directeur de la radio locale (Tilimsan Aldjihaouïa) en remplacement de Benyakoub Azeddine appelé à d'autres fonctions. A signaler que le nouveau directeur qui vient de décrocher son magister à l'Institut national de culture populaire de Tlemcen s'est illustré par une émission hebdomadaire de contact permanent avec les populations intitulée «Fi ahya el madina» (à travers les quartiers de la ville). Cette radio est appelée à jouer un grand rôle, car elle est écoutée régulièrement par les habitants d'Oujda et Nador.