Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
MOULOUD MAMMERI "Un peu de ce que je sais de mon aîné et ami" PUBLIE PAR LE HCA SUR LE SITE INTERNET CONSACRE AU CENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE L'ECRIVAIN
Kaddour M'Hamsadji (à g.) au cours de son intervention lors de la soirée littéraire du samedi 3 juin 2017 organisée par le HCA au Palais de la culture Moufdi Zakaria. Mouloud Mammeri a été pour moi un aîné très fraternel. Je l'ai connu lors de la toute première rencontre des écrivains algériens en automne 1962. Il y eut d'autres rencontres dans divers endroits appropriés et notamment à la librairie En-Nahdha (2, rue Larbi Ben M'Hidi, Alger) des regrettés frères Mimouni Abdelkader puis Hadroug. Mais ces rencontres avaient déjà pris sens en automne 1963 lorsque la Salle Pierre-Bordes d'Alger a été rebaptisée Salle Ibn Khaldoun. Vous savez, Mouloud Mammeri me rappelle toujours ces personnalités cultivées, simples, au caractère doux et communicatif et qui vous engagent naturellement à les respecter et à leur accorder votre confiance sans réserve. Avec Mouloud, Mammeri, je n'ai pas à renouveler sans cesse notre amitié. Il le savait et je le savais. C'était quelqu'un admirablement, chaleureusement, l'humaniste en tout temps, je dirai qu'il pleuve ou qu'il fasse beau. Il doit cela à son éducation, à sa culture, à son histoire, à son amour poignant de sa patrie. Je dis poignant parce qu'il a aimé l'Algérie, l'islam, les Algériens comme une énergie innée en lui. Et c'était un homme de conversation agréable, capable de vous offrir spontanément ce qu'il a de bon en lui: sa littérature, son esprit ouvert, sa qualité d'être discret et d'être plus exactement humble avec tout ce qui est humain. Et j'affirme qu'il pratiquait au possible cette pensée de Térence: «Je suis un homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger.» Cette citation n'est pas anodine chez Mouloud Mammeri, car il pense que Térence est peut-être d'origine berbère puisqu'il est né à Carthage aux alentours de 190 et mort en 159 av. J.-C., Vendu à Rome comme esclave, Térence est devenu auteur comique et poète comique latin. Mouloud Mammeri a été un grand écrivain, mais aussi un grand président de l'Union des Ecrivains Algériens (57 membres) dont Jean Sénac a été le secrétaire général, moi (Kaddour M'Hamsadji) le secrétaire général adjoint et Mourad Bourboune et Ahmed Sefta ont été les assesseurs. Partout où Mouloud Mammeri a été invité à l'étranger, il a représenté dignement l'Algérie et a fait connaître la richesse de la littérature nationale. Un homme d'esprit plein de finesse, et c'est justement ce que laissent à voir ses attitudes, son regard et tout particulièrement son expression verbale intelligente, rigoureuse et juste et toujours sans méchanceté. J'ai des anecdotes nombreuses à ce sujet, cependant ceux qui pourraient les confirmer ne sont pas tous présents, ne sont plus de ce monde... Mouloud Mammeri mérite une analyse linguistique explicative: une renaissance structurelle, car il est né «urbaniste» comme le laisse penser son nom Mammeri.