Aujourd'hui, jour pour jour, cela fait cinquante cinq ans que l'Algérie a accédé à son indépendance arrachée au terme d'une guerre féroce contre le colonialisme français. 55 ans, pour un Etat, c'est déjà l'âge de tirer les bilans, de la réflexion et de la raison. De pays exsangue en 1962, l'Algérie a réalisé d'indéniables succès. Une industrialisation qui a vu le pays se doter d'un nombre appréciable d'usines même réalisées à marche forcée au détriment de l'agriculture et des secteurs sociaux comme l'habitat. Une alphabétisation qui a donné accès à l'école pour une population sevrée de savoir et une santé gratuite pour tous. Ce démarrage bâti sur le mythe d'un socialisme qui nous ouvrait grandes les portes du paradis terrestre nous a conduits à subir encore aujourd'hui les pires revers de ce choix idéologique hasardeux. Ce 55ème anniversaire est également le temps de la réflexion et de la sagesse quant à notre position sur l'échiquier régional et international. La date intervient dans un contexte marqué par la montée des extrémismes et des changements brusques. Comment appréhender ces ruptures sans grand dégâts? La vague des printemps arabes étant passée sans aucun effet sur une Algérie vaccinée par 15 années de guerre contre le terrorisme, il reste à décrypter et donner du sens aux autres changements qui surviennent chez certains de nos partenaires dont notamment la France. Quels seront les nouveaux rapports avec la France macronienne? Comment restaurer un socle commun qui autorise les échanges? Depuis l'indépendance du pays, les relations algéro-françaises ont été marquées du sceau de l'incompréhension et de la difficulté. La formule du président Boumediene cernait cette situation par cette tirade: «Les relations entre la France et l'Algérie peuvent être bonnes ou mauvaises, elles ne peuvent être banales.» L'Algérie parle des «occasions manquées» par une France, figée dans un esprit de domination hérité du passé, qui n'avait pas su établir une «coopération exemplaire».Les derniers débris de cette méfiance ont été balayés par l'arrivée du président Emmanuel Macron à la tête de la République française. Issu de la génération qui n'a pas connu cette guerre. Les perspectives de vraies retrouvailles sont réelles puisque la vague Macron a complètement aseptisé le terrain le rendant apte pour une nouvelle amitié retrouvée. Les bruyantes mésententes, des coups tordus, les tractations secrètes, les traités d'amitié avortés, le poids de la mémoire, tout est remis en cause. Passionnantes perspectives entre deux pays rongés par des années d'une relation passionnelle...