Les Nations unies ont adopté, vendredi dernier, un traité bannissant les armes atomiques. Ce nouveau texte complète et enrichit les documents déjà existants tels que les Traités de non-prolifération nucléaire (TNP) et de l'interdiction totale des essais nucléaires (Ctbt, Comprehensive Nuclear-Test-Ban Treaty Organization). Au plan moral, il est patent que les initiatives de l'ONU - courageuses, quoique jamais concrétisées - entrent de plain-pied dans la préoccupation de sauvegarde de l'humanité et de la sécurité de notre planète. Au plan pratique, il faut surtout relever que les résolutions de l'ONU [en dehors de celles du Conseil de sécurité] non contraignantes, resteront lettre morte, ne s'imposant pas aux pays ne les ayant pas paraphées. Il se trouve que les neuf pays atomiques (nommément cités par l'ONU) ont boycotté les assises organisées par l'Assemblée générale, sur le processus d'interdiction des armes nucléaires, lui soustrayant ce qui aurait dû lui conférer sa légitimité: le soutien des pays détenteurs des armes atomiques. Ces derniers sont connus. Mais le sont-ils tous? Un doute subsistait jusqu'au moment où l'ONU déclina la liste des puissances nucléaires. Il y a certes les cinq «classiques» (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne), qui sont dans le même temps membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et les nouveaux venus (Corée du Nord, Inde et Pakistan). Ces pays assument et revendiquent leurs dimensions nucléaires. Ce qui n'est pas une surprise. La surprise, c'est le neuvième pays qui, jusqu'ici, s'est toujours refusé à dire si oui ou non il détient l'arme atomique. Ce pays, bien sûr, c'est Israël, enfin nommément cité parmi les «9» par les Nations unies. Cela ne change sans doute rien à l'équation que pose l'entité sioniste, mais il était grand temps que l'instance onusienne remette enfin les choses à l'endroit. Ceci dit, il semble bien que le nouveau texte bannissant l'armement atomique demeurera aussi symbolique que l'ont été ses prédécesseurs. Les seules avancées enregistrées dans ce secteur - et encore! - c'est lorsque des puissances nucléaires discutent entre elles. De fait, les grandes puissances nucléaires non seulement snobent le processus onusien de désarmement, mais justifient leur détention des armes de destruction massive (ADM). Ainsi, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni condamnent le processus de l'ONU, estimant que «cette initiative ignore clairement les réalités de l'environnement sécuritaire international». De quelle réalité? De quel environnement sécuritaire est-il question? Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU apporte une réponse. Certes, si l'on estime sa déclaration comme une réponse, indiquant en mars - à l'ouverture des travaux sur l'interdiction des armes atomiques - «Il n'y a rien que je souhaite tant pour ma famille qu'un monde sans arme nucléaire» [sentiment partagé par tous les Terriens, certes] et ajoute «mais nous devons être réalistes» précisant «Qui peut croire que la Corée du Nord accepterait une interdiction des armes nucléaires?» Voilà, c'est dit! Le grand perturbateur d'un monde sans arme nucléaire, c'est bien sûr, le dernier arrivé: la Corée du Nord! Evidemment, c'est sur ce pays qui fit incursion dans le cercle fermé du nucléaire, [encore au stade du balbutiement atomique] qu'il faut crier «haro!». Allons! Allons Madame l'ambassadrice, soyez un peu sérieuse et regardez autour de vous:dans le ciel, les bombardiers états-uniens, transportant des milliers d'ogives nucléaires, dans les mers ces sous-marins (sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, Snle) et porte-avions et navires de guerre qui écument les océans porteurs de vecteurs nucléaires et balistiques (Icbm) en sus de l'arsenal de 15 000 têtes nucléaires qui créent un danger permanent sur la sécurité de la planète. Mais, bien sûr, le danger, c'est la Corée du Nord, ce néophyte, qui s'invite de manière aussi tonnante dans le club du nucléaire. Mme Haley qui invoque la Corée du Nord, ne dit mot sur Israël, le seul pays qui n'adhère ni au TNP ni au Ctbt, refuse toujours les inspections de l'Aiea (Agence internationale de l'Energie atomique) tout en entretenant l'ambiguïté sur ses capacités nucléaires. Certes, Israël a tous les droits, surtout celui de mépriser les lois internationales qui s'imposent à toutes les nations. Le danger pour la sécurité dans le monde ce sont ces pays dotés de l'arme atomique qui se mettent hors les lois qui régissent notre monde et n'acceptent pas le contrôle de l'ONU. Il est heureux que de temps en temps, le «machin» - qu'est l'ONU - sorte sa tête de l'eau ne serait-ce que pour des initiatives qui confondent ces pays qui jouent avec la sécurité de notre planète et prétendent - parce que détenteurs de l'arme atomique - être juges et parties en imposant l'oukase de leur seule vision de ce que doit être la sécurité de notre monde.