Faut-il pleurer sur les Palestiniens? Un peuple qui se meurt dans l'indifférence outrageuse des dirigeants dudit «Monde arabe»! Durant plus de dix jours, l'armée d'occupation israélienne assassinait au quotidien des adolescents et adolescentes palestiniens [la majorité d'entre eux ne dépassait pas la vingtaine d'années] faisant réagir ladite «communauté internationale», l'ONU, le Quartet pour le Proche-Orient. Même le président Trump a envoyé son représentant spécial pour le Proche-Orient dans la région. Bref, le monde entier s'inquiétait du sort des Palestiniens. Ces réactions fussent-elles opportunistes, existaient néanmoins. Mais les Arabes? Où étaient donc les Arabes, dont le mutisme n'avait d'égal que leur veulerie? Il ne fait pas de doute que des préoccupations plus importantes que ce qu'il advenait aux Palestiniens les retenaient. Les Palestiniens? Ils meurent depuis 70 ans, ils peuvent continuer à mourir, les Arabes s'occuperont, après coup, à leur rendre hommage. Non! Soyons sérieux! Voilà que dimanche, se réveillant en sursaut, la Ligue arabe, annonce pour jeudi (aujourd'hui) une réunion «urgente» - quelle diligence! - sur les agressions israéliennes contre la mosquée Al-Aqsa à El-Qods occupée. Cela au moment où Israël [sous la pression de l'ONU et de la communauté internationale] a retiré (mardi) le corps du délit «les détecteurs de métaux» qui ont déclenché la colère des Palestiniens. Le secrétaire général de la Ligue arabe, l'Egyptien Ahmed Aboul Gheit, en décalage par rapport aux évènements, avertit que les autorités israéliennes «jouent avec le feu» dénonçant «l'aventurisme» du gouvernement israélien. On en tremble encore à Tel-Aviv! Emboîtant le pas à la Ligue arabe, avec l'«impératif» de sauver la Palestine, l'Organisation de la coopération islamique (OCI) prévoit de se réunir le... 1er août prochain à Istanbul en Turquie. Grandiloquente, l'OCI prévient de son côté: «Porter atteinte à la mosquée Al-Aqsa d'une quelconque manière et quel que soit le prétexte aura des conséquences très graves et conduira à l'instabilité dans la région», et de préciser: «La question de la mosquée Al-Aqsa est une ligne rouge qui ne se prête à aucune complaisance ou indulgence.» Voyons! Malheureusement le grotesque ne tue pas comme le font les balles israéliennes qui assassinent les Palestiniens. Cela fait des décennies que les Arabes (et bien sûr les musulmans) brandissaient «Seif el-Hadjadj» sur la tête de l'Etat hébreu, sans aller au-delà d'une menace qui ne coûte rien. Il ferait beau voir, en effet, les Arabes (en fait les monarques et dictateurs arabes) passer à l'action pour rétablir les Palestiniens dans leurs droits. Ils sont trop redevables - pour se maintenir à leurs postes - à ceux-là même qui protègent l'entité sioniste au Conseil de sécurité. Les monarchies du Golfe, en particulier, qui ont été capables de détruire la Syrie par rébellion et terroristes interposés - au plus grand bénéfice d'Israël par la neutralisation du seul Etat arabe qui, lui, résiste au Moyen-Orient - ne lèveront certes pas le petit doigt en faveur des Palestiniens. Cela se serait su et surtout vu! Cela fait dix ans que les Ghazaouis et la bande de Ghaza souffrent du blocus hermétique que leur impose Israël, le monde entier s'en est ému. Seuls les Arabes - encore une fois - manquaient à l'appel. Toutefois, lorsqu'il s'agit de s'entre-tuer, ou faire valoir une suprématie de pacotille ils sont capables de toutes les bravades. L'Arabie saoudite - rameutant le ban et l'arrière ban arabe et musulman - a constitué une «coalition» de 34 pays arabes et musulmans pour combattre (depuis mars 2015)... les milices houthis. Ce sont les pauvres Yéménites - leur pays a été ravagé par plus de deux ans de guerre - qui meurent sous les bombes du Royaume wahhabite et ses alliés arabes et musulmans. On pouvait présumer - à tort certes - que cette «coalition» dite arabe si «combative» se retournerait contre Israël pour protéger les Palestiniens. Ce n'est là qu'un mirage! Il est patent que ni la Ligue arabe qui se réunit donc aujourd'hui, ni l'OCI (le 1er août) ne songent à un tel programme, il n'est pas prévu dans leur cahier des charges. Ni même celui d'intercéder entre Arabes lorsqu'ils s'engagent dans des règlements de comptes. Faut-il s'étonner de ce fait? Au moment où des organisations internationales et des Etats tentent une médiation dans la crise du Golfe, la Ligue arabe et l'OCI - respectivement sous la tutelle de l'Egypte et de l'Arabie saoudite - s'enferment dans un silence de mauvais aloi. En fait, soumises aux deux leaders «autoproclamés» des Mondes arabes et musulmans - l'Egypte et l'Arabie saoudite - la Ligue arabe et l'OCI n'ont pas la capacité d'apporter ce plus attendu ne serait-ce que pour justifier leur existence. Leur inutilité a encore été démontrée de façon éclatante à l'aune de la crise du Golfe et de l'énième agression d'Israël contre le peuple palestinien.