Le président de cette structure se montre plus royaliste que le roi. L'une des grandes actions que mène Mohamed Raouraoua depuis qu'il est à la tête de la FAF, consiste à s'attaquer au problème du développement du football dans notre pays. Et lorsqu'on parle de développement, il s'agit de l'amener à un niveau de pratique dans toutes le villes et dans tous les villages même ceux les plus reculés. Un Zineddine Zidane est originaire du village de Boukhelifa, dans la wilaya de Béjaïa, signe que les bourgades les moins connues sont susceptibles de vous fournir des champions. En outre, en cette période de «dèche» sur le plan culturel, avec des salles de cinéma inexistantes et des moyens de loisirs des plus dérisoires, le sport en général, le football en particulier, représente la bouffée d'oxygène pour des centaines de jeunes de ces villages perdus dans la morosité de tous les jours. Le match de foot de leur équipe se dispute une fois tous les quinze jours dans leur bourgade et ils attendent ce moment avec impatience, comme l'enfant qui attend le jouet qu'on lui a promis. Si les autorités locales essaient de répondre favorablement à cette attente, il n'en est pas de même de certains gestionnaires du football qui semblent vivre dans un cocon loin des réalités du pays, le pays profond en particulier. C'est ainsi que le président d'une ligue de wilaya, celle de Bouira en l'occurrence, a joué au «Zorro» croyant tirer une certaine gloriole d'une action qui ne l'honore point. Il convient de souligner ici que la réglementation du football invite les gestionnaires à déprogrammer toute équipe qui, dans un certain délai, ne se serait pas acquittée des amendes que sa ligue lui a infligées. Le texte existe mais n'est pas appliqué parce que la fédération est consciente des difficultés financières dans lesquelles se débattent les clubs. S'il fallait observer strictement les textes qui régissent le football algérien, près de 70% de ses clubs ne pourraient pas être programmés vu qu'ils n'honorent pas les dettes qu'ils ont vis-à-vis de leurs ligues respectives. Rien que pour les divisions 1 et 2, les plus huppées de la hiérarchie de notre football, celles où évoluent les clubs les plus riches du pays, on peut dire que l'écrasante majorité de ces clubs ne paie pas ses amendes. La Ligue nationale, malgré ses multiples lettres de rappel, parfois accompagnées de menaces du genre: «Votre équipe ne sera plus programmée si vous ne payez pas ses dettes», n'a jamais fait une application stricte de la réglementation conscient qu'elle est que le football est bien trop important pour la jeunesse du pays pour aller jusqu'à suspendre quelques-unes de ses équipes. Pourtant notre président de la ligue de wilaya de Bouira a, lui, dépassé la FAF et la LNF pour s'attaquer au faible, à celui qu'il ne croyait pas capable de pouvoir se défendre. Il y a deux ans de cela, une équipe est née à Ahl El Ksar (Nath-Laksar), une bourgade située à 28 kilomètres du chef-lieu de wilaya. Cette équipe, la JAO (Jeunesse Athlétic Ouattouf), c'était comme un cheveu qui venait de tomber dans la soupe, à savoir qu'on ne la voyait pas d'un très bon oeil. Il n'empêche qu'elle a été agréée par les autorités du pays et elle a pu disputer son premier championnat la saison dernière à l'issue duquel elle avait terminé 6e sur 16. Cette saison, les difficultés ont apparu puisque les subventions tardaient à venir. Cela a fait que le club n'arrivait pas à honorer ses dettes vis-à-vis de la ligue. Menacé par cette ligue, il était parvenu à réunir 50.000 DA et à payer une partie de cette dette. Il restait, alors, 57.000 DA à payer. En date du 23 décembre 2003, le match JAO-MBEA n'avait pu se dérouler du fait de l'arrivée en retard au stade de la JAO. Les dirigeants de celle-ci n'avaient jamais reçu le fax de la ligue que le match, programmé initialement à 14h30, avait été avancé à 13h00. Par la suite, la ligue de Bouira avait mis sa menace à exécution, à savoir déprogrammer la JAO pour non-paiement de ses amendes. La JAO n'avait ainsi pas pu jouer deux matches alors qu'il en restait quatre autres à disputer. Prenant prétexte du premier forfait consommé contre le MBEA et des deux autres matches où elle avait été déprogrammée, la ligue de wilaya avait alors prononcé le forfait général de la JAO. Celle-ci a frappé à toutes les portes mais sans résultat et en dépit du fait de n'avoir pas joué les six derniers matches de la saison, elle a terminé 8e dans un championnat de 13 équipes. Voilà comment ce président de ligue sert le football et la jeunesse de Ahl El Ksar. Il est sûr qu'il est confronté à de multiples problèmes mais cela ne lui octroie pas le droit de détruire un club en prononçant son forfait général. Il est heureux qu'il ne gère pas des clubs de la trempe de la JSK,du MCA, de l'USMA, du MCO, de l'ESS ou du CRB qui sont habitués à ne pas payer leurs amendes car il plongerait le football algérien dans une crise infinie. Le président de la FAF et les autorités locales de Bouira devraient se pencher sur ce problème.