«Le Koweït a vraiment été en première ligne pour résoudre cette situation et nous apprécions vraiment cela. Mais je pense que nous la résoudrons et si nous ne la résolvons pas, je serai un médiateur ici à la Maison-Blanche», a déclaré le président américain. Maintenant une ligne dure dans la crise sans précédent qui secoue le Golfe, les pays arabes hostiles au Qatar ont exprimé leur mécontentement des affirmations du Koweït suggérant que sa médiation était en train de payer, et accusé Doha de ne pas vouloir dialoguer. Le Koweït s'est imposé comme le médiateur naturel dans la crise, comptant sur une longue tradition diplomatique incarnée par l'émir, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, (88 ans) doyen des chefs d'Etat arabes, qui a été pendant quatre décennies ministre des Affaires étrangères. La crise, latente, a éclaté au grand jour le 5 juin quand trois pays du Golfe -l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn- ainsi que l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha. Ces pays reprochent au Qatar de soutenir des groupes extrémistes et de s'être trop rapproché de Téhéran, grand rival de Ryad, chef de file des monarchies arabes du Golfe. Ils ont aussi imposé au riche petit émirat gazier des sanctions sans précédent, notamment un blocage des voies d'accès maritimes, aériennes et terrestres. Le Qatar nie soutenir des groupes extrémistes et accuse ces pays d'empiéter sur sa souveraineté. Reçu jeudi par le président américain Donald Trump à la Maison Blanche, l'émir de Koweït a suggéré que le Qatar avait accepté les 13 demandes de ses adversaires pour un rétablissement des relations et que la médiation koweïtienne avait une chance d'aboutir. La réponse des quatre pays n'a pas tardé. Ils ont ainsi nié tout progrès, «regrettant que cheikh Sabah ait affirmé que sa médiation avait empêché une escalade militaire» alors que l'»option militaire n'a jamais été envisagée». Ils ont mis en doute l'affirmation de cheikh Sabah, selon laquelle le Qatar serait prêt à accepter leurs 13 demandes et répété que «la négociation ne devrait être précédée par aucune condition». Parmi ces demandes figurent la fermeture de la chaîne de télévision Al-Jazeera, accusée d'hostilité envers les quatre pays, la fermeture d'une base turque au Qatar et une limitation des liens avec l'Iran.»Le Qatar a encore posé des conditions à une négociation sur la crise, ce qui confirme qu'il n'est pas intéressé par la dialogue, la lutte contre le financement du terrorisme ou la non ingérence dans les affaires internes» d'autre pays, ont souligné les quatre pays dans un communiqué. Il faisait référence à une déclaration sur Al-Jazeera du ministre des Affaires étrangères du Qatar, faite après la conférence de presse du président Trump et de cheikh Sabah à Washington. Le ministre qatari, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, a notamment rejeté les 13 conditions posées par les quatre pays, en soulignant qu'elles étaient «attentatoires à la souveraineté» du Qatar. Le Koweït a réagi à la déclaration des quatre pays, en évitant de citer celles de l'émir à la Maison-Blanche mais rappelant avoir recherché depuis le début de la crise à favoriser la dialogue. Contrairement à cheikh Sabah, le président Trump a laissé entendre que les efforts diplomatiques pour résoudre cette crise étaient dans l'impasse et proposé sa médiation. «Le Koweït a vraiment été en première ligne pour résoudre cette situation et nous apprécions vraiment cela. Mais je pense que nous la résoudrons et si nous ne la résolvons pas, je serai un médiateur ici à la Maison-Blanche», a déclaré le président américain. Il a insisté jeudi soir, lors d'un échange téléphonique avec l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, sur la nécessaire unité entre les pays du Golfe pour «vaincre le terrorisme». M.Trump a souligné «l'importance pour tous les pays de tenir les engagements pris au sommet de Ryadh pour maintenir l'unité afin de vaincre le terrorisme, couper le financement des groupes terroristes et combattre les idéologies extrêmes», selon le bref compte-rendu de l'appel publié vendredi par la Maison-Blanche. Au début de la crise, M.Trump avait semblé prendre le parti de l'Arabie saoudite -où il a effectué son premier voyage présidentiel à l'étrranger en mai- en exhortant le Qatar à arrêter «"immédiatement» de financer «le terrorisme».