Les deux lauréats pour la bourse d'aide à la finition La bourse Mouny Berrah d'aide à la finition a été attribuée à Leïla Berrato et Camille Millerand pour le projet documentaire intitulé Sur la route, tandis que la bourse Les ateliers sauvages-Hafid Tamzali d'aide au développement a été attribuée à Lina Soualem pour son projet intitulé Un Algérien en Auvergne. Depuis 2015, les RCB ont mis en place le Béjaïa Film Laboratoire (BFL) afin de soutenir les jeunes talents émergents des pays du Maghreb: Maroc, Algérie, Tunisie. Comme c'est indiqué sur le site Web de cet événement «Le Béjaïa Film Laboratoire a pour vocation de soutenir, d'accueillir et d'aider au mieux les cinéastes pour que leurs projets aboutissent. Il s'agit pour nous de renforcer la production cinématographique dans le Maghreb par la mise en réseau des réalisateurs et producteurs.» Année après année ce segment des RCB n'en finit pas de se renforcer et prendre de l'ampleur. Si pendant une semaine le public a pu apprécier un programme riche en projections de films de fiction et documentaires, mais aussi en rencontres débats en présence des réalisateurs autour du 7ème art en Algérie et dans le monde, une autre section moins visible certes, à émaillé encore cette nouvelle édition des RCB. Après avoir présenté les noms des candidats dans notre premier article (voir celui du 9 septembre 2017) notons que les noms des lauréats du Béjaïa Film Laboratoire ont été enfin dévoilés le 16 septembre dernier le jour de clôture de la 15e édition des RCB à la cinémathèque de Béjaïa. Ainsi, la bourse Mouny Berrah d'aide à la finition a été attribuée à Leïla Berrato et Camille Millerand pour le projet documentaire intitulé Sur la route, tandis que la bourse Les ateliers sauvages-Hafid Tamzali d'aide au développement a été attribuée à Lina Soualem pour son projet intitulé Un Algérien en Auvergne. Lina Soualem a aussi reçu également une bourse d'aide de 1600 euros décernée par TV5Monde. Un nouveau prix a été institué cette année. Notons que le wali de Béjaïa qui a assisté à la cérémonie de clôture, a félicité les heureux gagnants sans oublier les membres de l'association Project'heurts et leur a réitéré son soutien et sa disponibilité à les aider pour améliorer ces rencontres. Nous apprenons en effet, qu'une opération de réhabilitation de la salle Mon Ciné est en cours, une décision prise par le wali afin de dynamiser l'activité culturelle à Béjaïa. Aussi, la présence du wali est un signe fort dans la résolution de cette wilaya qui aime la culture même si le ministère de la Culture n'a pas daigné soutenir et financer l'Association Projec'heures dans l'organisation de sa noble cause. Engagée pour sa part, dans le mouvement culturel en Algérie, l'auteure et féministe Wassila Tamzali a tenu à réitérer ses remerciements de prendre part à cette opportunité que sont les Rencontres cinématographiques de Béjaïa. «Ensemble on est plus forts» «Plus on est dans le domaine des industries culturelles et plus on est riche. Le savoir-faire des RCB me permet d'avoir une résidence pour le cinéma de qualité. J'aurai pu, moi toute seule, organiser une bourse, faire des appels d'offres, mais le fait d'être dans un projet qui existe, cela permet de renforcer le projet et à moi de me renfoncer. Car oui, je m'intéresse beaucoup au cinéma, j'ai écrit un livre sur Omar Gatlato, j'ai aidé le film de Kindil El Bahr, la première partie du film de Karim Moussaoui est tournée chez moi dans mon appartement. J'interviens quand je peux, je m'intéresse beaucoup au cinéma. J'aurai très bien pu faire quelque chose toute seule pour le cinéma. Ce que je veux dire par là, est quand on est ensemble on est encore plus forts. À Alger aujourd'hui il y a plusieurs lieux qui sont en train de s'ouvrir sur la création contemporaine. Je pense qu'on est très faible tout seul. En se mettant ensemble on est un peu plus forts. Je trouve cette coopération, cette collaboration avec les Rencontres de Béjaïa exemplaire de ce que nous pouvons faire pour nous renforcer les uns les autres.». Et d'indiquer: «Pour la bourse, c'est la deuxième année et ça marche très bien. On a des films de qualité. J'ai été absolument ravie par la qualité des quatre projets qui ont été présentés... Quatre propositions très différentes les unes des autres, des projets de films très courageux qui portent sur des sujets d'actualité et avec un savoir-faire, un professionnalisme formidable. Là, il faut souligner qu'avant la présentation des projets il y a eu deux formations pour les aider à présenter leurs films et donc ces ateliers fonctionnent bien et c'est intéressant.» et Wassila Tamzali d'indiquer encore: «Cette année on a, en plus de la bourse Hafid Tamzali d'une durée d'un mois, un perdieme de 200 000 DA pour un mois qui permet aux gens de vivre. Ce n'est pas une aide à l'écriture, c'est une résidence pour pouvoir subvenir à ses besoins car les ateliers ne s'occupent pas à nourrir les personnes. Mais cela donnera une certaine autonomie au lauréat pour pouvoir continuer à créer...», conclut -elle. Pour sa part, Rim Majdi est une cinéaste marocaine. Elle a fait partie de l'atelier aide de l'écriture. Elle nous fera part de ses sentiments lors de sa participation au Béjaïa Film Lab: «Aujourdhui, on a présenté le pitch au jury. Ce sera mon premier long métrage. Cela abordera des questions autour de la foi et sur l'engagement religieux de certaines femmes que je filme. Le fait de pitcher mon scénario pour la première fois m'a aidé de voir plus clair dans certaines zones d'ombre sur des choses que je n'ai pas encore clarifiées. Ça m'aide à réfléchir à les retravailler.» Interrogée sur son travail, la jeune journaliste et désormais cinéaste Leila Berrato qui a pris part à l'atelier bourse à la finition Mouny Berrah et a obtenu ce prix soulignera quant à elle son enthousiasme à prendre part à ces ateliers qui lui ont permis d'acquérir les outils pour pitcher et de connaître les noms des festivals qui existent et qui ont des aides à la postproduction tels le montage, le mixage, l'étalonnage, etc. «Nous avons beaucoup appris» «C'était hyper adapté. On a eu de vrais conseils personnalisés. C'était lié à notre travail personnel. Aussi, connaître tous les outils de la production auquel, je n'aurai jamais pensé. Toute seule je n'aurai jamais pensé à m'intéresser à la question de la vente du film après. Le fait aussi de discuter avec tous ces professionnels qui sont là disponibles était un super atout au-delà de ce qu'on nous a enseigné, il y a toutes ces discussions qui sont à côté avec des réalisateurs, techniciens, des directeurs de festivals, ou qui travaillent dans les fonds et cela nous apprend plein de choses qu'on ne connaît pas forcément. En termes de satisfaction on est très heureux. Ce n'est pas notre métier le cinéma, mais le fait est qu'il y ait des gens qui croient en notre projet, c'est extraordinaire. Car nous avons appris en plus, énormément de choses. On est super satisfaits.» S'agissant du film, notre interlocutrice souligne que l'histoire de son projet de long métrage documentaire a pour décor une maison dans la périphérie d'Alger dans laquelle vivent des personnes qui sont originaires d'Afrique de l'Ouest. «Elles sont en route vers l'Europe, mais sont coincées en Algérie. A l'intérieur de cette maison il y a trois personnes qui se côtoient et ne sont pas forcément amies. Michelle qui est une maman, Rodrigue qui est un jeune garçon et Fabrice qui est un père de famille. Un jour la maison est attaquée par les voisins. Ces trois personnes se demandent si elles doivent rester à la maison au risque de tout perdre ou quitter la maison au risque de tout recommencer à zéro. Ces personnes sont des migrants subsahariens. Le but ce n'était pas de raconter les conditions de vie des migrants, comment ils vivent en Algérie, mais comment vont-ils répondre à leur emmerde en fonction de leurs envies personnelles. Cela peut être moi et une autre personne, un jour on va être expulsés de notre maison. On est deux femmes d'âges différents et si on est expulsées de notre maison on ne va pas agir de la même manière. La question principale est que fait une maman qui a un enfant de deux ans avec elle le jour où il y a des hommes qui viennent fracasser la porte de sa maison et lui disent qu'elle est à la rue?» Enfin, à propos des Rencontres cinématographiques de Béjaïa Leila Berrato, contente, rappelle à propos de cette manifestation: «C'est un endroit où on y croise des réalisateurs récompensés, partout et des directeurs de festivals qui sont ici vraiment accessibles et disponibles pour discuter avec nous et on voit des films auxquels on n'aurait pas accès autrement. Donc, c'est super gratifiant pour nous..» Pour sa part, la sémillante réalisatrice Lina Soualem, nous confiera: «J'étais très contente de participer à ce festival, c'est la première fois que je viens à Béjaïa. Ma famille paternelle étant de Sétif c'est très émouvant pour moi de participer à de tels évènements en Algérie où je peux rencontrer de nombreux réalisateurs algériens et du Maghreb en général. Et j'étais très honorée de remporter la bourse d'aide au développement.» Pour cette Franco-Algéro-Palestinienne, le projet documentaire qu'elle compte développer sera centré sur l'histoire de Aïcha. «Ma grand-mère. L'histoire d'une femme mariée à 15 ans à Sétif en Algérie, et qui a émigré en Auvergne à l'âge de 19 ans dans les années 1950. L'histoire d'une femme qui n'a jamais eu de maîtrise ni de recul sur sa vie. Une histoire unique, mais qui la transcende. Une histoire d'émigrée...»