La Laddh compte saisir le tribunal administratif pour annuler la décision d'interdiction signifiée par la daïra de Souk El Tenine «sans aucun motif», indiquait hier Saïd Salhi. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme s'est vu refuser la tenue d'une université d'été à Souk El Tenine. C'est ce qu'ont indiqué les responsables de la Ligue des droits de l'homme se référant à une fin de non-recevoir du chef de daïra de la localité, notifiée «sans aucun motif». Un nouveau bras de fer qui n'aurait pas dû être sachant que l'organisation en question est reconnue légalement et qu'elle a son actif des dizaines d'activités jusque à là- tolérées. Serait-ce une forme de représailles? On est tenté de le croire si on considère les prises de positions de la Ligue sur de nombreuses question politiques, économiques et sociales. Cette fin de non-recevoir, consignée par écrit, ressemble à celle opposée au café littéraire d'Aokas. Considérée comme «mesure arbitraire», le bureau national a dans une déclaration rendue publique marqué son étonnement face à ce refus, soulignant sa détermination à maintenir cette activité en usant de toutes les voies pour défendre ses droits. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme appelle ses militants, les députés et toutes les forces politiques et organisations de la société civile, à se mobiliser pour défendre les acquis et les espaces démocratiques arrachés de haute lutte. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme compte introduire dès aujourd'hui un recours auprès du tribunal administratif de Béjaïa pour annuler la décision d'interdiction. Une délégation se rendra également au siège de la wilaya pour rencontrer le chef de l'exécutif, qui a eu déjà à intervenir dans l'affaire du café littéraire d'Aokas durant l'été. Encore un bras de fer «inutile», jugent les observateurs de la scène politique locale en s'interrogeant sur les deux poids, deux mesures, qui singularise la position des pouvoirs publics par rapport aux manifestations. L'exemple récent du café littéraire d'Aokas, qui n'a pu se tenir qu'après la pression de l'opinion publique exprimée dans la rue, atteste d'une position pour le moins ambiguë des autorités. Comment se montre-t-on laxiste et passible face à une manifestation qui n'a même pas jugé utile de demander l'autorisation et on s'oppose à celle inscrite dans la légalité? Récemment, en effet, la même localité a brillé par une action musclée, qui s'est traduite par la fermeture pendant deux jours de la RN 09 par les citoyens de la commune de Souk El Tenine, concernés par les logements sociaux en colère. Cette colère, qui a débordé sur la voie publique, avait pris une ampleur inquiétante. La détermination des manifestants à camper sur leur position et le mutisme des pouvoirs publics sonnent comme une volonté d'aller vers un pourrissement total, qui est d'ailleurs une réalité vécue amèrement par les usagers nullement concernés par le conflit. Si Béjaïa a la triste réputation d'une région aux fermetures de routes, ce qui s'est produit alors pendant plus de deux jours à l'entrée de la ville côtière de Souk El Tenine et sur l'un des plus importants axes routiers de la wilaya, invite non pas à la réflexion mais à l'impératif d'agir. N'eut été la sagesse des habitants de Lota, une localité que traverse le route qui permet la déviation du point de la manifestation, la situation aurait empiré dangereusement. Les habitants de Lota ont laissé ouverte cette voie de soulagement aux usagers, qui ont pu vaquer à leurs occupations même si cela fut dans des conditions difficiles car une route a double sens ne peut pas supporter le flux de véhicules, d'une route nationale à quatre voies. Un paradoxe de plus pour Béjaïa. Les réunions pacifiques de concertation sont interdites et celles musclées et sans préavis ne sont pas inquiétées. Cette interdiction, qui s'ajoute à la liste des atteintes récentes à la liberté d'organisation et de réunion qui ont touché auparavant d'autres organisations de la wilaya de Béjaïa, «démontre tout l'acharnement du pouvoir contre cette région, bastion des luttes démocratiques et terreau des synergies des dynamiques sociales nationales et des acteurs de la société civile de toutes les régions du pays, où la Laddh est l'une des matrices de ces dynamiques à l'avant-garde des luttes citoyennes et démocratiques», écrit la Laddh dans son communiqué, estimant que «les droits humains repris par le gouvernement à son compte dans les arènes et les instances internationales et régionales dans l'optique de marketing ne sont plus valables quand ils sont évoqués à l'échelle nationale, ils sont subversifs et ne concernent plus le citoyen(ne) algérien(ne)».