Ils sont plus de 5000 et ils sont de retour. Eux, ce sont les terroristes originaires du Maghreb Ces chiffres sont contenus dans le dernier rapport de l'institut américain The Soufran Center intitulé «Au-delà du califat: les combattants étrangers et le danger de leur retour». Le document note que 1623 djihadistes marocains ont rejoint Daesh dont 198 sont retournés chez eux depuis avril dernier. Ils sont plus de 5000 et ils sont de retour. Eux, ce sont les terroristes originaires du Maghreb qui, il y a quelques années, ont rejoint Daesh. Défaits sur le terrain, en Irak et en Syrie, ces extrémistes qui rentrent représentent un immense défi de sécurité pour tous les pays de la région, mais surtout pour l'Algérie qui devra faire face au retour de plus d'un millier de terroristes dans les pays voisins. L'information a été donnée par le Centre Soufan - un groupe de consultants en sécurité basé à Washington- qui a publié cette semaine, un rapport annonçant le retour dans leur pays d'origine de pas moins de 5600 combattants de Daesh de 33 pays différents. Intitulé «Au-delà du califat: les combattants étrangers et la menace des rapatriés», le rapport qui met en garde contre d'éventuels attentats terroristes dans le monde, a souligné que le retour des militants représentait un énorme défi pour les organes de sécurité dans les pays. Il a également précisé que certains d'entre eux restent engagés dans un «terrorisme violent». Selon le rapport, l'ancienne République soviétique reste le plus grand pourvoyeur de terroristes pour Daesh avec 8717, suivie par le Moyen-Orient (7057), vient en troisième position l'Europe avec 5718. En ce qui concerne le Maghreb, le rapport révèle un record de recrutement de Marocains et de Tunisiens avec, respectivement, 1623 et 2926 terroristes, dont respectivement 198 et 800 seraient de retour. Loin derrière, l'Algérie compte 170 départs de terroristes, dont presque la moitié (87) sont, d'après ce rapport, rentrés avant janvier 2016. Ainsi, le rapport atteste de l'existence d'un grand nombre de terroristes originaires de la Tunisie et du Maroc. Si la Tunisie fait face à la menace terroriste après la période d'instabilité vécue à la suite de la révolution du Jasmin, le Maroc, quant à lui, nourrit le terrorisme grâce au trafic abondant du haschisch. D'ailleurs, pas plus tard que mercredi dernier, les autorités marocaines ont annoncé le démantèlement à Fès d'une «dangereuse cellule terroriste» composée de quatre «extrémistes» liés au groupe de l'organisation Etat islamique. Et ce n'était pas la première fois. Quant au lien des terroristes avec les narcotrafiquants, il a été souvent établi par des experts internationaux sur le terrorisme. Ces derniers ont mis en exergue le fait que le commerce de contrebande qui accompagne la culture de cannabis dans ce pays financerait le terrorisme. Faut-il rappeler, un des multiples rapports confirmant le lien entre le haschisch et le terrorisme, à savoir celui publié par le journal espagnol La Vanguardia en 2016 sous l'intitulé «Le haschisch du jihad». Dans ce rapport, il est rapporté que des trafiquants détournent de grandes quantités de haschisch marocain pour financer des organisations terroristes au Proche-Orient et en Afrique du Nord. «Ces trafiquants, qui dissimulent la drogue dans des bateaux de transport de marchandises ou de pêche, empruntent des voies balisées à cette fin et débarquent en Libye, à Malte, en Syrie ou en Egypte», avait précisé le quotidien ajoutant que les ports des pays déchirés par la guerre, notamment la Libye ou encore la Syrie, sont exploités par ces trafiquants pour livrer la drogue aux mafieux des organisations terroristes, notamment de Daesh. Et le journal de souligner encore, en se basant sur le rapport, que les services de renseignement français, espagnols et italiens avaient relevé des traces de ce trafic qui contribue à financer le terrorisme depuis 2013. En confirmant, en 2016, sa place de premier producteur mondial de résine de cannabis avec près de 50.000 hectares de surfaces cultivées, le Maroc entretient le danger du terrorisme dans la région sahélo-saharienne, mais pas seulement. Il représente ainsi un réel danger pour ses voisins. notamment avec le retour des milliers de terroristes de Daesh dans la région. L'Algérie qui doit déjà garder un «oeil» sur ses 80 terroristes de retour du fief de Daesh, devra faire également face au retour de près d'un millier de terroristes originaires des deux pays voisins. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs, Alger a appelé, la semaine dernière, au renforcement de la coopération régionale et internationale. Dans son intervention, la semaine dernière, lors de la réunion du Forum mondial de lutte contre le terrorisme, Abdelkader Messahel, le ministre des Affaires étrangères, a souligné que «la question se pose du retour des combattants terroristes étrangers, phénomène qui va s'accentuer en conséquence des défaites militaires enregistrées par les troupes de Daesh dans les zones de conflits armés, en Syrie et en Irak, notamment», non sans insister sur l'importance du «tarissement des multiples sources de financement du terrorisme» dont «(...) la cocaïne, l'héroïne, mais surtout le haschisch».