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Mieux répartir la charge
POLITIQUES PUBLIQUES DE LA CULTURE
Publié dans L'Expression le 28 - 12 - 2017

La politique des festivals demeure le levier dominant d'aide à la promotion
La dégradation subie par la statue de Aïn El Fouara, à Sétif, pour condamnable qu'elle soit, est de nature à inciter à une profonde réflexion sur le rapport de la société algérienne à la création et à la culture de manière générale.
Porter atteinte à une oeuvre de création, fut-elle de l'époque coloniale, interpelle sur le regard porté par la société algérienne à la culture, aux arts, d'autant que les images rapportées de cet acte irresponsable, montrent des citoyens témoins de la scène, impuissants, mais donnant l'impression d'une société indifférente.
A partir de là, viennent à l'esprit beaucoup de questions, sur la place et le rôle de la culture, sur les politiques publiques mises en oeuvre pour la hisser au niveau que lui confère la Charte de l'Unesco comme «l'une des sources du développement, entendu non seulement, en termes de croissance économique, mais aussi comme moyen d'accéder à une existence intellectuelle, affective, morale et spirituelle satisfaisante», et aussi pour concrétiser le sens que lui donne le président Bouteflika, définissant la culture comme un «rempart qui préserve nos jeunes de l'extrémisme, fléau haineux qui traverse l'espace et le temps».
L'épanouissement de la culture en Algérie
Une brève statistique pour illustrer les efforts consentis par la collectivité nationale pour l'épanouissement de la culture en Algérie. Connu pour son amour pour la culture, le président Bouteflika a permis une nette revalorisation du budget de fonctionnement du ministère de la Culture, en lui assurant une progression de 624%, passant de 4,2 milliards de dinars en 1999, à 26,4 milliards en 2015.
Pour autant, il ne faut pas une grande expertise pour constater la marge de travail restante au secteur de la culture pour pouvoir garantir au citoyen les droits culturels assurés par la Constitution qui les place au rang de «partie intégrante des droits de l'homme».
A l'analyse des politiques publiques soutenues dans les différentes branches culturelles par l'Etat, des questions viennent à l'esprit: Y-a-t-il jamais eu une définition claire des champs et modes d'intervention de l'Etat? Hormis l'administration publique, quels sont les autres acteurs en jeu, et quelle répartition des rôles sur les différents territoires culturels? Quels programmes pour l'intégration des technologies et réseaux numériques dans la culture? Quelle place pour la culture et les arts dans le rayonnement de l'image du pays à l'international?
Dans les domaines de compétence régalienne de l'Etat, en lien avec l'identité et la mémoire du peuple algérien, l'implication de l'Etat est, et restera une condition sine qua non, tant cela relève du devoir de la collectivité de préserver ces domaines de souveraineté du peuple algérien. La question se pose, cependant, en termes de management des politiques publiques et de développement des capacités. Malgré les montants colossaux engloutis par les différents programmes de protection du patrimoine culturel, les résultats ne sont pas à la hauteur des valeurs historiques, culturelles, mais aussi économiques de nos richesses patrimoniales. Les choix faits, par exemple en matière de musées et de bibliothèques de lecture publique pour un maillage vertical du territoire en infrastructures pourraient gagner en pertinence si des acteurs institutionnels et sociaux étaient impliqués dans les choix conceptuels et leur conduite.
Sur l'autre versant de la culture, communément appelé industries culturelles, puis industries créatives, et avec l'avènement du numérique, industries de contenus, il est surtout question de nécessaires rééquilibrages des interventions publiques, notamment en matière de volume des financements, d'une part, et de leur répartition entre les filières et les branches culturelles, d'autre part.
Les filières des industries culturelles sont à des niveaux de développement loin de ce que devrait être la production culturelle d'un pays comme l'Algérie, qui a beaucoup misé sur la jeunesse de sa population, sur le savoir et l'éducation. Les divers programmes publics de soutien tracés pour les industries culturelles, prêchent par des déséquilibres, reflets d'une absence de vision pour la relance de ces filières. Le cinéma, le livre, le théâtre et à un degré moindre, l'industrie du spectacle musical ont été les principaux réceptacles de sommes colossales injectées dans l'optique de susciter une relance de ces filières, avec des résultats que l'on peut, magnanimement qualifier de mitigés. La peinture, la sculpture, le design, autant de filières des arts plastiques, occultées par les programmes de soutien direct, et dont, pourtant, des créateurs algériens font actuellement les beaux jours de nombreuses places du marché international de l'art.
A l'intérieur des filières, massivement arrosées par les financements publics, notamment le cinéma et le livre, un second niveau de déséquilibre persiste, cette fois-ci entre les branches soutenues. On remarque en effet que les aides publiques vont dans une écrasante majorité à la sphère des producteurs, laissant les autres maillons de la filière, la création et la diffusion, dans l'incapacité de soutenir une dynamique de création et d'innovation et de porter les oeuvres produites. Deux créneaux fondamentaux de l'aide à la création demeurent encore parmi les parents pauvres des politiques publiques du secteur de la culture: la formation artistique, avec des établissements disséminés un peu partout sur le territoire national, sans une carte nationale, comprendre vision, de la formation artistique; de plus, complètement démunis en moyens, notamment financiers, comme viennent de l'attester les difficultés vécues par l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger pour loger et nourrir ses étudiants, venus de l'intérieur du pays. Vient ensuite la problématique de la protection des droits d'auteur, avec une nécessaire distinction entre la répartition des droits, mission qui devrait incomber aux artistes et à leurs représentants élus, et la lutte contre le piratage des oeuvres culturelles qui doit demeurer une mission régalienne assumée par l'Etat, mais avec ses moyens propres, et non l'argent des artistes comme c'est le cas.
La politique des festivals culturels
En matière de diffusion, on peut bien entendu disserter sur la politique des festivals, qui demeure le levier dominant d'aide à la promotion, avec des résultats discutables, comparés aux efforts financiers impressionnants, consentis par la Collectivité nationale.
En effet, hormis quelques rares festivals, qui ont pu se démarquer par la qualité des contenus et des équipes d'organisation, la grande majorité confine à un événementiel sans grand impact, sinon sur le budget de l'Etat. La politique des festivals culturels doit impérativement être refondée dans un cadre global, intégrant une relance de l'action culturelle internationale afin de donner de la visibilité aux richesses culturelles, voire au «capital cognitif algérien», sur la scène internationale et, en même temps enrichir la scène culturelle nationale par l'apport des autres cultures.
A part cela, combien de films ou de pièces de théâtre n'ont jamais dépassé le stade de l'avant-première? Combien d'exemplaires de livres édités, mais toujours stockés sur de sombres étagères, notamment à la Bibliothèque nationale d'El Hamma? Les exemples sont légion pour dire que le soutien doit tenir compte de la nécessité de frayer le chemin à l'oeuvre culturelle pour in fine en faire un produit à la portée de tout un chacun, et capable de générer de la valeur pour permettre aux créateurs de vivre de leur labeur. Le soutien de l'Etat ne devrait pas aussi se limiter stricto sensu à du financement direct. Une gestion plus souple, plus collaborative des espaces culturels, notamment les salles de spectacles, de cinéma et de théâtre peut intervenir comme une autre forme d'aide indirecte à l'expression de la création culturelle, notamment par l'implication des collectivités locales et de la société civile.
Pour autant, la rectification de tels déséquilibres suffirait-elle à elle seule à remettre le secteur de la culture sur la voie d'un développement plus efficient?
Certainement que non dans la mesure où la réponse appelle à rechercher un autre équilibre, cette fois-ci entre les acteurs agissant dans les territoires culturels, assimilables aux sphères de l'action culturelle. «Elle n'est pas non plus l'oeuvre d'une institution donnée. Elle est la résultante d'une dynamique sociale collective qui commence par l'apprentissage dans les établissements scolaires, à différents paliers, pour atteindre les centres de recherche scientifique et d'innovation en impliquant à la fois la rue, les structures religieuses, les maisons de jeunes et de culture, les théâtres, le cinéma, la télévision, les médias...», en définissant ainsi la culture, le président Bouteflika donne la mesure de la profondeur sociale de l'acte culturel qui ne peut être le fait d'un seul acteur, fut-il un créateur de génie, ou l'Etat et ses moyens inépuisables.
«jetez la Révolution dans la rue, le peuple la portera»
Les termes choisis, notamment la référence à l'innovation impliquent la mobilisation de tous les acteurs, et pas seulement les institutions, pour permettre à l'acte culturel de s'accomplir et d'accomplir sa mission sociale. Une telle définition n'est pas loin de rappeler une nette similitude avec l'appel du chahid Ben-M'hidi à «jeter la Révolution dans la rue, le peuple la portera». Ainsi semble dire Bouteflika conscient que la culture ne se portera bien que si sa gestion intègre cette profondeur sociale, se départit des visions verticales, et fait une place à tous les acteurs sur les terrains de la création, de la production et de la diffusion.
Mais, même avec cela, il y a un autre palier à visiter pour comprendre la complexité de la tâche. Il y a plus d'un demi-siècle, un penseur algérien, et peut-être le seul dans le monde arabo-musulman, a osé une production intellectuelle de haute facture sur «le problème de la culture». Dans un contexte marqué par des divergences d'écoles de pensée et de confrontation politique entre les blocs idéologiques, la publication de ce livre de Malek Bennabi en 1959, marque un tournant important dans le débat sur la culture. La pertinence de son essai, et la justesse de certaines prises de position notamment vis-à-vis des intellectuels peuvent prêter à discussion. Mais il aura eu le mérite de tracer ce quil voit comme éléments constitutifs de la culture, à savoir, l'éthique, l'esthétique, la technique et la pratique. Une construction toujours d'actualité, avec ceci de notable, que, pour Bennabi, l'éthique est le fondement premier de la culture.


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