Le président a fait la différence entre la partie qui a utilisé la violence pour sauver l'Algérie et celle qui l'a faite pour détruire ce pays. «Il existe des cercles au sein du pouvoir qui sont contre la réconciliation nationale. Aussi «Wahadate tandimiya» ont peur que le jour où la paix regagnera le pays on les invitera à rentrer chez eux. Je m'adresse particulièrement à cette catégorie en leur disant que le pays ouvre grand ses bras à tous ses enfants sans exception ». Une déclaration faite par le président de la République M.Abdelaziz Bouteflika, à l'occasion du meeting qu'il a animé, hier, à la salle omnisports de Béchar, laquelle wilaya constitue le deuxième point du périple de la campagne pour la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ces oppositions affichées par des parties évoquées, n'empêcheront pas le président, à en croire son discours, «d'oeuvrer pour la concrétisation» de son projet. «Je suis un homme de réconciliation. Un choix que j'avais défendu même en étant en dehors du pouvoir lorsque le pays était l'otage de visions extrémistes de tout bord. Je n'ai pas changé et je ne changerai pas », lance-t-il aux centaines de personnes, représentants des associations ou encore de simples citoyens venus assister à cet événement, des wilayas de Béchar, Tindouf, Naâma et Adrar. A Béchar «El Khire», pour paraphraser le président, Bouteflika a abordé pour la première fois le «scepticisme» affiché par des cercles du pouvoir à son projet, sans pour autant s'attarder sur la question. Il a néanmoins laisser entendre que «il est impossible de mettre sur un pied d'égalité les gens qui ont utilisé la violence pour sauver l'Algérie et ceux qui l'ont fait pour détruire ce pays». Un message qui semble plus destiné à calmer les esprits et à rassurer les plus réticents au sein du pouvoir. Mais aussi au sein des éléments armés par l'Etat et qui ont pris part à la lutte antiterroriste à coté de l'ANP lesquels ont été la cible d'une campagne féroce à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Dans la liste des opposants à sa démarche, Bouteflika cite encore les parties qui utilisent cette charte comme fonds de commerce. La violence qui a sauvé l'Algérie Par ailleurs, ces précisions n'ont pas empêché le président de réitérer et de rappeler, encore une fois, le caractère «compliqué» de la crise qui ronge le pays depuis une quinzaine d'années. «On dit qu'il y a deux parties dans cette crise. Moi je pense qu'elles sont nombreuses. Nous vivons une crise multidimensionnelle.» A Béchar «El Khire», le président s'est longuement attardé sur le concept d'amnistie générale. «Nous avons un peuple généreux. Je suis sûr que si je lui avais proposé dans la charte l'amnistie générale au profit des protagonistes de la crise, il n'aurait pas hésité à voter oui, mais je dirai aux enfants du peuple, qu'ils soient dans les maquis ou ailleurs, il n'y aura pas pour le moment une solution dénommée amnistie générale.» Il ajoute «l'amnistie pourra intervenir plus tard, soit à travers ma personne, soit par le biais d'autres personnes». Mais en attendant ce jour-là, le président préfère opérer par «dosage». «Nous avons proposé une première dose 1999 à travers la concorde civile. Puis la deuxième dose avec le projet de charte pour la paix et la réconciliation. J'estime qu'il faut encore plusieurs doses avant de permettre au pays de retrouver définitivement sa stabilité.» Mais la dose finale ne sera point un feu vert pour le retour à la situation qui a précédé la crise. «Je ne pense pas qu'il y ait un Algérien qui accepte de revivre cette situation». «Ils veulent nous ramener aux années 90. Walah ma nerdjeou». A ce sujet, le président est ferme: «Les parties qui sont derrière la grande fitna n'auront aucune place sur la scène politique». Il s'agit bien évidemment du FIS dissous. Mais aussi ses cadres «ayant pris refuge à l'extérieur et qui n'ont pas condamné le terrorisme en le qualifiant même de djihad». Le président a cité dans sa lancée le cas de Ali Benhadj, qui a appelé à l'exécution des diplomates algériens. «Comment peut-on demander au peuple de pardonner, de tourner la page face à cette haine inqualifiable affichée par les instigateurs de la crise?» Le mal est tellement profond, à son avis, qu'en ce moment le projet de charte pour la réconciliation nationale est le «maximum qu'on pourra demander au peuple algérien». S'adressant aux terroristes impliqués directement dans des crimes de sang et exclus par la charte de la paix, le président s'en remet à la justice. «L'amnistie générale doit passer par des canaux de la justice. Ce sera l'oeuvre de l'Etat de droit et non pas des partisans des manipulateurs politiques qui travaillent plus pour le compte des étrangers que pour leur pays.» Le président de la République s'est engagé néanmoins «à ce que la loi ne soit pas très dure avec cette catégorie». Bouteflika est revenu sur le dossier des disparus. «Je ne suis pas dupe, je sais parfaitement que les disparitions ne sont pas uniquement l'oeuvre des terroristes. Des dépassements sont enregistrés aussi de la part des corps de sécurité, de l'administration et dans certains cas du pouvoir. Nous allons prendre tous ces cas dans le cadre de la tragédie nationale. Nous n'avons pas de solution magique.» Le président qui a eu, dans la matinée d'hier, la baraka de la zaouia de Kenadssa, a insisté sur le fait que son souhait est d'avoir la baraka de tous les Algériens. Avec un vote massif pour le Oui. Le traité d'amitié sera-t-il remis en cause? «Je m'adresse au nom des Algériens à la France pour dire que les deux peuples sont amis. Nous ne sommes pas des ennemis. Nous aspirons à la paix et à la prospérité. Mais ce pays doit comprendre une fois pour toutes qu'il est important de rendre à César ce qui lui appartient avant d'aller vers un accord d'amitié», atteste-t-il. Pour le chef de l'Etat donc, ce traité est tributaire de l'assainissement des relations entre les deux pays. «On ne peut avancer avec des arrière-pensées et des doutes», clame-t-il. La signature du traité d'amitié, prévue vers la fin de l'année en cours, sera-t-elle reportée? L'Algérie n'exige ni plus ni moins que la reconnaissance officielle des crimes commis par l'ancien colon en Algérie. «Il ne s'agit pas de vengeance mais tout simplement du rétablissement des vérités historiques». Le président demande aux Français de reconnaître qu'ils avaient fait de la terre algérienne une zone pour leurs essais nucléaires, notamment à Reggane et Namous. Des essais qui ont permis à ce pays d'avoir cette position stratégique aujourd'hui.