Le chef du gouvernement a sillonné la Kabylie de long en large pour expliquer les grandes lignes de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. De Boumerdès à Bouira en passant par Tizi Ouzou et Béjaïa, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) a tenu un même langage, celui de la tolérance. Néanmoins, Ouyahia a tenu à chacune de ses sorties à mettre en garde les citoyens contre les fossoyeurs du projet présidentiel devant être sanctionné par un vote référendaire le 29 du mois en cours. Un projet pour lequel il a émis le voeu qu'il soit sanctionnés non pas par une majorité simple mais par une majorité absolue. «On ne veut pas une majorité simple. Certes le projet passera avec 51%, 55% voire même 60%, mais on veut une majorité écrasante comme vous l'avez fait le 11 avril 2004 pour la réélection à la présidence de Abdelaziz Bouteflika, le concepteur et le père spirituel de ce projet» a clamé Ahmed Ouyahia à partir de la capitale des Hammadides. Avec un kabyle châtié, M.Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, a harangué, jeudi dernier, à la Maison de la culture de Tizi Ouzou, une foule composée des militants du parti, quelques délégués des archs, parents de victimes du Printemps noir et la mère de Matoub Lounès. Venu pour plaider en faveur du projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, le chef du RND s'est étalé, dans son discours, à cerner de bout en bout les contours liés au projet en question. «Les montagnes du Djurdjura ont une histoire farouche. On ne va pas aller trop loin. La région a enfanté d'illustres figures emblématiques à l'image de Krim Belkacem, Abane Ramdane et Amirouche. Ces derniers ont combattu pour que, aujourd'hui, le pays soit indépendant», dira-t-il d'emblée avant d'ajouter, allusion faite à Ferhat Mehenni, que «l'idée de l'autonomie et du fédéralisme est importée de l'étranger et ses promoteurs doivent savoir que les Kabyles ont des préoccupations d'une Algérie unie». Pour étayer ses dires, M.Ouyahia fait directement un lien avec la guerre de Libération nationale et la décennie noire, tout en rappelant que, de 1954 à 1962, la forêt de Yakouren était un véritable refuge pour les moudjahidine. De même, estime-t-il, pour la période du terrorisme durant laquelle la région a payé, à l'instar des autres wilayas, son lot de souffrances et de misères. «Il n'y a pas un lieu qui a échappé aux affres de la décennie noire. Il n'y a pas une mère qui n'a pas pleuré les siens». A ce titre, l'orateur n' a pas omis de rendre, à l'occasion, un hommage au chanteur Matoub Lounès et à Guermah Massinissa, première victime du Printemps noir. Par ailleurs, pour Ouyahia, la charte pour la paix et la réconciliation nationale n'est autre que le couronnement de la concorde civile. Celle-ci a, dit-il, diminué le «brasier» mais sans pour autant venir à bout du terrorisme. «Il y a encore la peur à Takhoukht et à Mizrana. C'est la confusion entre le terrorisme et le banditisme. La concorde civile a fait descendre 6000 terroristes des maquis. C'est pour cela qu'on doit aller de l'avant», a-t-il précisé. Evoquant les disparus, le leader du RND expliquera: «L'Algérie va panser, toute seule, ses blessures. L'Etat prendra en charge les familles des disparus», a-t-il rassuré. Par ailleurs, le chef du gouvernement a souligné à partir de Boumerdès que désormais, il ne reste plus que deux ennemis à la réconciliation nationale et qui sont le terrorisme criminel et la démobilisation orchestrée. Sur sa lancée il précisera qu'il n'y a plus de place aux responsables de la destruction du pays. Une certitude réaffirmée à partir de la Maison de la culture Taous Amrouche de Béjaïa: «il n' y aura pas d'amnistie générale pour les coupables de massacres collectifs, d'atteinte à la dignité des familles et les responsables d'attentats à l'explosif». Aux responsables de la tragédie nationale, Ouyahia a rappelé l'interdiction de toute pratique politique les frappant. «Ils sont les bienvenus chez eux à condition de ne pas exercer la moindre activité politique» a-t-il précisé. D'ailleurs, il a mis en garde les citoyens contre la recrudescence d'actes terroristes «mais cela ne doit pas vous décourager pour aller voter en masse le 29 septembre prochain» a-t-il conclu.