La charte pour la paix et la réconciliation nationale est une démarche conforme aux droits de l'homme. Pour avoir eu à gérer pendant deux longues années la commission ad hoc sur les disparus, et donc connaissant parfaitement le sujet, M.Farouk Ksentini a affirmé, hier, que le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale est «un véritable projet de société». Invité de la Chaîne III, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cncppdh) considère que le texte qui sera soumis à référendum, le 29 septembre, est «basé essentiellement sur l'unité des Algériens, du pays et sur la fraternité». «La charte pour la paix et la réconciliation nationale est une démarche nouvelle, conforme, par l'esprit et le texte, aux droits de l'homme», a soutenu M.Ksentini sur les ondes de la radio publique d'expression française. Convaincu que les Algériens apporteront en masse leur soutien au projet le jour du scrutin, Ksentini soulignera qu'«il est du droit constitutionnel de tous les Algériens de vivre en paix et de retrouver la paix civile». Concernant le dossier des disparus, l'invité de la Chaîne III affirmera avoir retrouvé dans le projet de charte beaucoup de propositions contenues dans le rapport qu'il a présenté au chef de l'Etat en mars dernier. Néanmoins, le président de la Cncppdh estime que face à des situations particulières, «la raison d'Etat doit prédominer et vous dicter votre conduite». M.Farouk Ksentini a, par ailleurs, rejeté les critiques des ONG internationales qui ont affiché un « scepticisme » en ce qui concerne la question des disparus et le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale. Les ONG en question, pour rappel, demandent qu'un jugement soit rendu contre les terroristes qui se seraient rendus ou contre les agents de l'Etat qui auraient procédé à des dépassements à l'origine des disparitions. En guise de réponse aux critiques systématiques de ces ONG qui ne ratent curieusement aucune occasion pour se distinguer quand il s'agit de l'Algérie, le président de la Cncppdh dira que, sur le plan de l'éthique, il est confortable de penser que la justice doit être dite, mais les solutions proposées par ces organisations non gouvernementales (ONG) ne sont pas applicables sur le terrain. «L'Algérie, pour eux, c'est une abstraction, il est facile de dire qu'on ne peut pas amnistier lorsqu'il s'agit d'un pays qui n'est pas le sien», rétorque M.Ksentini aux ONG en question, mais aussi à tous les détracteurs du projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il faut rappeler que lors d'un entretien accordé à notre journal le mois dernier, M.Farouk Ksentini avait affirmé sans ambages que le projet de charte «est ce qui peut arriver de mieux pour l'Algérie». Il soutiendra même que le discours du 14 août du président de la République, annonçant la date du référendum sur la réconciliation nationale, est aussi important dans sa portée que le 1er Novembre 1954, date du déclenchement de la révolution algérienne. «Il n'y a pas d'avenir sans une paix civile, et on ne peut faire redémarrer notre économie sans qu'il y ait de paix, une adhésion totale à la paix», a-t-il déclaré en proposant d'enterrer définitivement les «rancoeurs».