Depuis le début des hostilités dans le Sud, les forces gouvernementales ont grignoté le territoire rebelle en accaparant plusieurs localités. Elles ont réussi à diviser en deux le secteur insurgé dans l'est de la province de Deraa... Des raids aériens ont frappé hier des territoires où se positionnaient des groupes extrémistes dans le sud syrien, l'armée syrienne, soutenue par l'allié russe poursuivant une offensive pour reconquérir cette région stratégique. Après avoir consolidé son pouvoir sur la capitale, Damas et ses environs en chassant les factions rebelles et les groupes jihadistes, le régime syrien a porté son attention sur le Sud, une région sensible bordant la frontière avec la Jordanie et le plateau du Golan, en partie occupé depuis 1967 par Israël. Les forces du régime, appuyées par les raids russes, ont lancé mardi une offensive contre les quartiers rebelles de la ville de Deraa, après une semaine de bombardements meurtriers visant principalement l'est de la province du même nom. Au moins huit civils ont été tués hier dans ces raids aériens visant plusieurs localités rebelles, portant à 54 le nombre total de victimes parmi la population, depuis le début des opérations dans la province le 19 juin, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh), basé à Londres.»Les quartiers rebelles de la ville de Deraa sont la cible de raids aériens russes, de tirs de roquettes et de barils d'explosifs», a dit le directeur de l'Osdh. La ville de Deraa est divisée entre un secteur gouvernemental et des quartiers rebelles. Les insurgés contrôlent par ailleurs 70% de la province du même nom et de la région voisine de Qouneitra. Dans la nuit de mardi à mercredi, les bombardements, notamment imputés à la Russie, ont entraîné la fermeture de trois hôpitaux dans les localités de Saïda, Al-Mseifra et Al-Jiza, toujours d'après l'Osdh. La fermeture de ces établissements porte à cinq le nombre d'hôpitaux sans activité dans ce secteur depuis le 19 juin. Le régime syrien, qui enchaîne les victoires et contrôle désormais 65% du territoire grâce au soutien indéfectible de son allié russe, est déterminé à asseoir son pouvoir sur l'ensemble du pays. Depuis le début des hostilités dans le sud, les forces gouvernementales ont grignoté le territoire rebelle en capturant plusieurs localités. Elles ont réussi à diviser en deux le secteur insurgé dans l'est de la province de Deraa, cherchant à morceler les territoires rebelles afin d'isoler et d'affaiblir les combattants. Dans un pays ravagé depuis 2011 par une guerre meurtrière qui a fait plus de 350 000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes, les civils sont une nouvelle fois les victimes collatérales des combats. Quelque 750 000 civils vivant en zone rebelle dans le sud seraient ainsi menacés par les opérations, a récemment averti l'ONU. Fuyant une semaine de bombardements sur l'est de la province de Deraa, environ 45 000 civils ont été déplacés par les violences, la majorité se rapprochant de la frontière avec la Jordanie, selon l'ONU. A ces chiffres, il convient d'ajouter celui de plusieurs milliers de victimes des bombardements de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis même si celle-ci tend à minimiser le nombre en l'estimant à quelques centaines, d'après ses statistiques propres. Réitérant la position officielle d'Amman, le chef de la diplomatie jordanienne Ayman al-Safadi a averti mardi soir que son pays ne pourrait pas accueillir un nouvel afflux de réfugiés. «Nous allons continuer à faire tout ce que nous pouvons pour eux. Mais nous ne pouvons pas accueillir plus» de réfugiés, a-t-il indiqué sur son compte Twitter. En Jordanie, quelque 650 000 réfugiés syriens ont été enregistrés auprès des Nations unies, mais les autorités évaluent leur nombre à près d'1,3 million. Le refus de Amman d'ouvrir une frontière fermée depuis 2016 inquiète les organisations humanitaires et les agences internationales. «Avec les combats en Syrie, les gens sont de plus en plus acculés dans le Sud. A terme, ils n'auront nulle part où aller», a déploré une ONG, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). «On ne peut pas attendre de la Jordanie qu'elle prenne à elle seule la responsabilité d'accueillir plus de réfugiés. Nous appelons la communauté internationale à intervenir de manière urgente», a-t-elle ajouté.