le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs C'est un véritable imbroglio qui s'empare de la mosquée, la situation est grave car la dimension politique et ses retombées désastreuses viennent de faire des victimes, des imams en l'occurrence. Les mosquées de la République n'assurent-elles plus la sérénité et la quiétude spirituelle comme leur vocation cultuelle l'indique? Les tiraillements et des ambivalences sont devenus le lot quotidien de ces espaces de culte. Cette situation le moins que l'on puisse qualifier de sinistrose, a amené le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa à geler le renouvellement des comités de mosquées, vu l'atmosphère qui règne dans les mosquées où des intrus et des groupes véhiculent des références aux antipodes de l'approche algérienne d'un islam tolérant. Par cette décision, Mohamed Aïssa a voulu mettre de l'ordre car «tout se fait dans l'anarchie, les tiraillements et la violation de la sacralité de ces lieux de culte». Il y a une «déferlante» salafiste qui a envahi les espaces de culte en répandant une conception déformée de l'islam au point où la mosquée est devenue un lieu de l'instrumentalisation par excellence au service des agendas politiques. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs signifie pour la première fois que les imams sont devenus victimes d'attaques et d'invectives de la part de ces groupes fanatiques. Mohamed Aïssa a déclaré à ce propos qu'il y a eu des «tentatives insistantes d'accaparer des perchoirs de mosquées», sans pour autant clarifier et pointer du doigt ceux qui sont derrière cette entreprise. «L'honneur de la mosquée, une ligne rouge!», a souligné Mohamed Aïssa dans sa page facebook. Dans cette abracadabrante situation qui caractérise nos mosquées, ce sont les imams qui endurent les affres de l'activisme islamiste dans les espaces réservés strictement au culte. Ils sont admonestés et insultés et dans certains cas agressés violemment par ce qui est appelé communément des représentants des comités de mosquée. La question de la sécurisation des lieux de culte, les mosquées en l'occurrence, s'est posée avec acuité par les imams et leur structure qui s'est transformée récemment en une Fédération nationale pour défendre les droits socioprofessionnels des imams, celle-ci milite pour la mise en place d'un statut particulier qui tarde à venir pour les imams. C'est un véritable imbroglio qui s'empare de la mosquée, la situation est grave car la dimension politique et ses retombées désastreuses viennent de faire des victimes, des imams en l'occurrence. Il faut rappeler qu'un imam qui officie à Aïn-Naâdja a été la cible des fanatiques qui se sont emparés du comité de mosquée imposant de la sorte leur diktat et leur loi. Les imams ont demandé que ces comités de mosquées ne doivent pas se mêler dans les affaires propres à l'imam sur le plan de l'enseignement religieux et les prêches auxquels celui-ci fait référence dans son rituel religieux. Même si la décision de gel du renouvellement des comités de mosquées est venue tardivement, cette démarche est louable, dans la mesure où la fonction de l'imam va être protégée et sécurisée. La montée de l'extrémisme religieux qui se fait sentir à travers la variante radicale qui entreprend une stratégie d'accaparement des mosquées pour les dépouiller de leur matrice religieuse qui vise à asseoir un discours qui s'inspire du référentiel national en matière d'enseignement religieux et les préceptes qui régissent l'islam algérien qui s'arc-boute sur la tolérance, la solidarité et la cohésion sociétale. Le salafisme s'érige en une menace directe sur les mosquées de la République, il cible des espaces véhiculant une symbolique délicate où l'instrumentalisation pourrait dégénérer sur des luttes et des tiraillements communautaristes susceptibles de provoquer des situations de crises et de dislocation du corps social et la cohésion nationale. Les représentants syndicaux des imams avaient revendiqué la «révision du statut de l'imam, la revalorisation salariale à travers la révision des primes, la dépénalisation du métier de l'imam, l'ouverture d'une formation continue dans les universités et l'application du principe d'égalité des chances», ils ont même menacé de réinvestir la rue si les revendications qu'ils viennent de mentionner ne soient pas satisfaites. Les imams sont aujourd'hui confrontés à un véritable dilemme, celui d'un statut qui n'arrive pas à voir le jour mais aussi cette montée sans précédent de menaces et des agressions contre eux par des groupes qui ont accaparé les mosquées au nom des comités qui ont d'autres visées que celles de répandre l'enseignement religieux et les préceptes de l'islam apolitique. Ces groupes qui appartiennent à l'ex-FIS dissous et leur discours extrémiste ont pu à travers lesdits comités de s'imposer comme une «force» en recourant ainsi à des «coups de force» allant jusqu'à occuper les perchoirs qui appartiennent aux imams désignés par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs tous azimuts. Les imams de la République sont livrés aux groupes extrémistes obéissant à une feuille de route politique bien orchestrée et entretenue par des entités régionales qui assurent la réalisation des plans ourdis des grandes puissances qui instrumentalisent la religion comme outil de déstabilisation communautariste allant jusqu'à déclencher des guerres civiles comme c'est le cas dans certains pays arabes transformés en une véritable poudrière. La tutelle chargée de la gestion des espaces cultuels doit impérativement agir en collaboration avec d'autres institutions de la République pour assainir les mosquées des hordes salafistes avant que la crise ne dégénère et la violence ne substitue en lieu et place de discours incendiaires comme première étape vers une mainmise totale du courant radical, à savoir le salafisme aux relents mortifères.