L'essentiel est de bien se préparer à l'application de l'accord pour que l'Algérie en tire le meilleur profit. «Il faut faire en sorte que l'impact de l'accord d'association avec l'Union européenne soit plus positif pour l'économie algérienne», a résumé le président de l'Union nationale des entrepreneurs publics (Unep) dans un entretien accordé à L'Expression. Cet objectif, dit-il, peut être atteint «en construisant les conditions adéquates requises pour affronter une compétition plus loyale et plus saine établie dans le cadre de l'application de l'accord». Dans cet entretien, Ahcène Benyounès, patron de l'Unep, créée en 1991 et qui compte aujourd'hui près de 500 entreprises publiques adhérentes, a insisté sur le fait que «l'accord n'aura aucun impact négatif et ne devrait avoir non plus aucune incidence négative notoire sur l'activité économique du pays de façon globale». Pour Benyounès, l'essentiel est de «bien se préparer à l'application de l'accord pour que l'Algérie en tire le meilleur profit» tout en regrettant toutefois qu'à «l'image de toutes les autres organisations patronales, publiques ou privées, l'Unep n'a pas été associée aux différentes étapes de l'élaboration de cet important accord». Un marché informel tentaculaire Dressant un parcours succinct de l'économie algérienne, il a estimé que «les réformes économiques devraient être progressives et globales» pour faire face en même temps, et ce, en urgence, au développement anarchique d'un marché informel «tentaculaire» qui porte un préjudice énorme aux résultats des entreprises. Ces dernières qui croulent sous des dettes importantes du temps du monopole, assistent, rappelle le président de l'Unep, à la suppression automatique en fin d'année des DAP (Droits additionnels provisoires) qui protégeaient la production nationale face aux produits importés. A propos justement de ces importations, il indiquera que leur montant global est passé «de 13 milliards de dollars en 2003/2004 à 18,6 mds de dollars», selon les derniers chiffres rendus publics, accusant ainsi une augmentation considérable qui provoque des effets plus que négatifs sur la production des entreprises. Etayant une interrogation de notre quotidien relative au secteur, devenu sensible, des textiles, le président de cette union d'entreprises dira, rassuré, que l'accord ne va pas gêner outre mesure le secteur des textiles, comme il a «ébranlé» les économies européennes, car le marché algérien était déjà inondé par les produits asiatiques, qui sont du reste, il ne faut pas le nier, hautement compétitifs. Etre compétitif est aujourd'hui une condition « sine qua non » pour pouvoir s'accrocher au train du développement et décrocher une ouverture vers l'exportation de nos produits vers l'Europe et d'autres pays. Il ne faut point pour autant, ignorer de satisfaire nos besoins nationaux à travers les marchés intérieurs, qui eux, existent déjà et sont demandeurs d'une production plus importante et surtout de meilleure qualité, s'est plu à rappeler le président de l'Unep qui s'est félicité de l'effort déployé par nombre d'entrepreneurs dans ce sens dans le but de juguler, un tant soit peu, le produit importé au profit du produit local. De ce fait, les prix qui seront pratiqués par les producteurs algériens seront sûrement plus «compétitifs» si les mécanismes de mise à niveau sont adaptés aux diverses normes universelles, comme la «métrologie» citera-t-il, et aussi s'ils sont bien menés, mieux organisés et surtout plus élargis qu'ils ne le sont actuellement. En effet relève Benyounès, «les délais de cette action, combien nécessaire, reconnaît-t-il, sont trop longs, le processus coûteux et complexe, tandis que les conditions à l'éligibilité à cette opération gagneraient à être «allégées» pour l'opérateur au bénéfice du consommateur qui ne cesse, pour sa part, de s'organiser pour défendre ses droits de bien et mieux consommer». Abordant la tant attendue réforme bancaire, demandée par son organisation depuis, dit-il, 1992, Benyounès a «espéré qu'elle soit accélérée pour le bien de tous» et qu'elle «instaure un mécanisme plus fonctionnel en réaménageant par exemple les fonds de garantie comme l'institution étatique (Fonds de garantie- Fgar) dont le capital vient d'être récemment augmenté». Revenant sur l'accord d'association avec l'UE, Benyounès dira qu'il prévoit divers aspects de coopération dans les services techniques et technologiques, d'innovation dans les industries. Le président de l'Unep, ne manquera pas de noter la «coopération sociale» qui découle de cet accord. Il devra «préserver les mêmes conditions sociales de l'Algérien travaillant en Europe que celles du travailleur européen activant en Algérie». En relevant le niveau appréciable des échanges existant dans le domaine des politiques sociales menées par l'Algérie et les pays européens, le président de l'Unep soulignera aussi que cet accord appelle, plus que jamais, un certain nombre de points et de citer comme repères, une définition de la politique industrielle du pays et une mise à niveau «impérative et urgente» des institutions économiques et administratives de l'Etat (justice, douanes, formation professionnelle...). Le premier point, suggère-t-il, nécessite une politique «claire» pour mieux investir en relation avec le plan de l'aménagement du territoire utile et l'orientation vers les Hauts-Plateaux, ceci, en aidant les éventuels opérateurs qui souhaiteraient s'y installer. Une douane plus performante Pour ce qui est de la mise à niveau des institutions économiques étatiques, qui entrent en droite ligne dans les réformes de l'Etat , il estime que ce faisant, la «douane sera plus performante» et sera en mesure de suivre et superviser l'application de l'accord. La formation d'un personnel qualifié est d'ailleurs instamment requise pour gérer convenablement l'application de l'accord. De son côté, le ministère du Commerce devrait mettre en place et recenser les normes des produits importés d'Europe et d'ailleurs. Saluant la décision du ministère du Commerce de renforcer les structures de contrôle existantes, Benyounès se prononce pour une lutte sans répit pour l'élimination de la contrefaçon d'où qu'elle vienne. D'ailleurs, le président de l'Unep a indiqué que l'accord prévoit la mise en place d'un conseil de ministres et un comité d'associations composé d'experts, lesquelles institutions veilleront au respect des clauses contenues dans l'accord et à l'examen, s'il y a lieu, des défaillances, des dépassements ou des situations anormales qui pourraient survenir ou dont pourrait se plaindre un membre associé qui se sentirait lésé dans ses opérations.