«Tout le monde a le choléra, tout le monde veut passer en premier. Or, dans les cas les plus graves ce ne sont que de simples gastrites» Les fausses informations relayées sur les réseaux sociaux créent la panique chez les Algériens. Un petit mal de ventre, une petite diarrhée et c'est l'affolement. Les urgences sont dépassées... Ticket numéro 300. Ce n'est pas la file d'attente pour déposer une demande de visa, mais celle des urgences de l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) des maladies infectieuses Laadi Flici (ex-El Kettar). En effet, dès que le mot choléra est sorti de la bouche du directeur de l'Institut Pasteur, un vent d'inquiétude a soufflé sur l'Algérie. L'EHS Laadi Flici a bien évidemment été le premier à être pris d'assaut par une foule en panique. Les responsables de cet EHS et les médecins ont essayé tant bien que mal de gérer cette situation des plus difficiles. Un système de tickets a ainsi été instauré, mais tout le monde voulait passer avant les autres justifiant que lui ou l'un des ses proches étaient vraiment atteints de choléra, contrairement aux 299 autres personnes-là. C'est le même scénario qui se répète dans la majorité des services des urgences du pays. «Tout le monde a le choléra, tout le monde veut passer en premier. Or, dans les cas les plus graves ce ne sont que de simples gastrites», nous fait savoir un médecin à l'EHS Laadi Flici. «On arrive difficilement à gérer, la foule est trop nombreuse. Ce qui pourrait nous faire passer à côté des vrais cas...», avoue un médecin à l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger. «On comprend parfaitement l'inquiétude des citoyens, mais ils doivent suivre les recommandations du ministère de la Santé et ne doivent venir qu'au cas où ils auraient vraiment les symptômes du choléra, ce qui nous permettra d'offrir une meilleure prise en charge aux vrais malades», soutient un autre médecin exerçant au niveau de l'hôpital de Aïn Taya (dans la banlieue est d'Alger, Ndlr). Le spectre du choléra a donc rendu les Algériens hypocondriaques? «Oui, mais pas que! La peur s'est amplifiée par les rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux», assure ce médecin de Aïn Taya. «Les gens ouvrent leurs smartphones et tombent sur de faux messages du ministère de la Santé, des «fake news» qui leur disent que le choléra est dans leurs robinets, dans leurs assiettes, dans leurs maisons...C'est normal qu'ils s'inquiètent», poursuit-il en soutenant que même lui en tant que spécialiste, le flux important de fausses informations lui faisait quelques frayeurs. «Je vous laisse imaginer le citoyen lambda...», a-t-il soutenu. Il faut dire que les réseaux sociaux sont en train d'entretenir la panique chez les citoyens. On est en train de lire de tout et du n'importe quoi en l'absence d'une communication officielle efficace. Le champ est libre à des apprentis sorciers qui veulent «surfer» sur la vague du choléra, certains pour simplement plus de «likes» alors que pour d'autres c'est pour des considérations politiciennes. On cite les relais islamistes sur Facebook qui font tout pour faire peur à la population! Depuis l'annonce de cas de cette bactérie en Algérie, ces pages virtuelles qui ont joué avec le «feu» de l'interdiction des concerts de musique se sont reconverties dans l'épidémiologie. Certes, avertir la population sur les dangers et l'initier au geste à suivre pour éviter une épidémie aurait été honorable, mais ceux qui n'ont aucune connaissance dans le domaine, pour preuve ils parlent de virus alors que c'est une bactérie, préfèrent faire dans le sensationnel. Ils assurent que l'eau du robinet est contaminée et qu'il ne faut pas boire, reprenant des photos du Web qui n'ont rien à voir. Or, les analyses ont démontré que l'eau du robinet n'était pas contaminée. Mais eux préfèrent faire dans la fitna. Jusqu'à quand laisserons-nous ces fauteurs de troubles agir sans être inquiétés? Il s'agit là d'une question de santé publique, voire de sécurité nationale...