Des éléments d'Al Nosra à Idlib Une offensive militaire du gouvernement syrien à Idlib «déclencherait un cauchemar humanitaire sans précédent dans le conflit syrien déjà meurtrier», a averti son secrétaire général, Antonio Guterres, lors d'une session du Conseil de sécurité de l'ONU. Les bombardements de l'armée syrienne se sont poursuivis hier contre l'ultime bastion extrémiste de Syrie, dans la province d'Idlib, en vue d'une offensive soutenue par la Russie qui fait planer, selon le patron de l'ONU, Antonio Guterres. la menace d'un «bain de sang». Les tirs d'artillerie à Idlib interviennent au lendemain de l'annonce par la coalition internationale menée par les Etats-Unis du lancement de la phase finale de son opération militaire contre le groupe Etat islamique (EI), dans l'est de la Syrie. Dans la région d'Idlib, les bombardements de l'armée syrienne se sont abattus sur le sud de la province limitrophe de la Turquie, sans faire de victimes civiles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Des bombardements ont aussi visé le nord de la province de Hama, a précisé l'OSDH. L'ONU, qui craint qu'un assaut contre la région ne provoque «la pire catastrophe humanitaire» du siècle, a appelé mardi les parties belligérantes à éviter «un bain de sang». Une offensive militaire du gouvernement syrien à Idlib «déclencherait un cauchemar humanitaire sans précédent dans le conflit syrien déjà meurtrier», a averti son secrétaire général, Antonio Guterres, lors d'une session du Conseil de sécurité de l'ONU, principalement consacrée à la situation à Idlib. «Combattre le terrorisme n'absout pas les belligérants de leurs obligations imposées par le droit international», a insisté M. Guterres. Plus de la moitié de cette province du nord-ouest syrien est contrôlée par le groupe terroriste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ex Al Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda. Des factions extrémistes rivales tiennent une grande partie du reste du territoire. Depuis plusieurs semaines, l'armée syrienne amasse des renforts militaires aux alentours de cette province, cible de bombardements sporadiques qui se sont intensifiés ces derniers jours. Selon l'ONU, depuis début septembre, plus de 30.000 personnes ont fui les zones ciblées. Mardi, la coalition internationale menée par les Etats-Unis a dit avoir lancé le 10 septembre «une offensive terrestre pour la phase III de l'opération Roundup» dans l'est de la Syrie. Du nom d'un désherbant bien connu, l'opération avait été lancée le 1er mai pour déloger les combattants de l'EI des dernières localités de la vallée de l'Euphrate qu'ils contrôlaient encore. La Phase I a chassé l'EI près de Baghouz dans le nord-est de la Syrie le 15 mai et la phase II les avait délogés de Dachicha le 20 juillet. Cette annonce, ainsi que la recrudescence des bombardements dans la région d'Idlib, ont lieu quelques jours après l'échec d'un sommet tripartite à Téhéran ayant réuni vendredi les présidents turc, russe et iranien, qui ont tous les trois campé sur leurs positions. L'idée turque d'un cessez-le-feu avait été rejetée par la Russie et l'Iran qui ont estimé que leur allié, le régime de Damas, est en droit de reprendre par la force le contrôle de son territoire. En parallèle, la Russie a affirmé que les rebelles syriens préparaient la «mise en scène» d'une fausse attaque chimique, qui serait ensuite attribuée au régime syrien, pour donner un prétexte à une éventuelle intervention militaire occidentale. Citant des habitants d'Idlib, l'armée russe a assuré que des équipes de télévision de plusieurs chaînes moyen-orientales ainsi que «la branche régionale d'une importante chaîne américaine d'informations» sont arrivées à Jisr al-Choughour, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de la ville d'Idlib. Peu après, le ministre américain de la Défense Jim Mattis a prévenu le président syrien Bachar al-Assad qu'il risquait des représailles s'il utilisait des armes chimiques lors d'un éventuel assaut contre Idlib. Damas a été accusée d'avoir utilisé à plusieurs reprises des armes chimiques au cours du conflit, notamment lors d'une attaque en avril 2017 contre la ville de Khan Cheikhoun dans la province d'Idlib ayant tué plus de 80 personnes, prétexte qui a conduit l'armée américaine à lancer une cinquantaine de missiles Tomahawk contre une base aérienne syrienne. Une attque suivie un an plus tard par celle des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni pour le même motif après une mise en scène des Casques blancs à Douma.