Un cachet particulier qui soit à la hauteur de l'homme Les lauréats sont la grande chanteuse kabyle Nouara, l'avocat et militant des droits de l'homme Ali Yahia Abdennour et le maître de la chanson kabyle, feu Slimane Azem. Le prix Matoub Lounès contre l'oubli-édition 2018 a été remis lundi dernier à Draâ El Mizan, à 40 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, à la grande chanteuse kabyle Nouara, à l'avocat et militant des droits de l'homme Ali Yahia Abdennour ainsi qu'au maître de la chanson kabyle, Slimane Azem, à titre posthume, à l'occasion de la commémoration du centenaire de sa naissance. Hier, donc, tout était fin prêt afin de conférer à la cérémonie de remise du prix Matoub Lounès contre l'oubli un cachet particulier qui soit à la hauteur de l'homme, du militant et de l'artiste hors-pair que fut le Rebelle. Les membres de l'association culturelle «Amgud» de Draâ El Mizan n'ont lésiné sur aucun effort afin que l'événement se déroule dans d'excellentes conditions. La bibliothèque communale de Draâ El Mizan, s'est d'ailleurs avérée trop exiguë pour accueillir toutes les citoyennes et les citoyens venus prendre part à cet événement annuel régulier. Il y avait aussi des invités d'honneur dont des chanteurs, d'anciens détenus du printemps berbère et des militants du Mouvement culturel berbère (MCB) en plus de quelques personnalités politiques et autres élus locaux. Le choix de la date du 9 octobre pour l'organisation de cette cérémonie de remise du prix Matoub Lounès contre l'oubli a été fait sciemment, a indiqué Karim Laribi, le président de l'association «Amgud» de Draâ El Mizan, qui organise chaque année cette activité. En effet, il s'agit de la date commémorative des événements d'octobre au cours desquels Matoub Lounès avait été grièvement blessé par un gendarme alors qu'il distribuait une déclaration appelant au calme et à la vigilance près de Aïn El Hammam sur les hauteurs de la wilaya de Tizi Ouzou. C'était le 9 octobre 1988, rappelle-t-on. Parmi les personnalités du monde culturel et politique qui ont tenu à marquer de leur présence l'événement, on peut citer l'animateur de radio, Amar Derriche, chargé par Nouara de réceptionner son prix en son absence pour des raisons de santé. Ali Brahimi, qui était l'un des 24 détenus du printemps berbère d'avril 1980 était aussi de la partie ainsi que d'autres personnalités à l'instar de madame Dutour, présidente de l'association SOS-disparus, Hacene Ferhati du syndicat Snapap... Il y avait bien entendu la présence de Noureddine Medrouk en tant que représentant de la Fondation Matoub-Lounès. Les responsables de l'association culturelle «Amgud» de Draâ El Mizan ont expliqué que le choix de Ali Yahia Abdennour pour figurer parmi les trois lauréats de cette 11e édition du prix Matoub Lounès contre l'oubli vise à honorer l'avocat en guise de reconnaissance pour son combat en faveur des droits de l'homme en Algérie, la démocratie et les libertés de manière générale.La sélection de Nouara est, en outre, motivée par le fait que la diva de la chanson kabyle était très liée au Rebelle. Elle avait même réalisé un duo avec lui dans l'album de 1992 intitulé «Communion avec la patrie-el mahna». Nouara avait également partagé la scène avec le Rebelle lors de sa tournée l'ayant conduit aux Etats-Unis d'Amérique et au Canada en 1992. C'est donc pour honorer Nouara, non seulement en tant que l'une des plus grandes figures de la chanson kabyle féminine, mais aussi pour sa proximité avec le Rebelle aussi bien au plan artistique qu'au plan personnel puisque Nouara a toujours considéré Matoub Lounès comme un frère et vice versa. Pour Slimane Azem, le choix de l'association «Amgud» est tout simplement évident tant l'amour et l'admiration que vouait Matoub Lounès à cet aîné sont sans commune mesure. Matoub Lounès vénérait tout simplement Slimane Azem auquel il avait rendu une infinité d'hommages. Sur le plan artistique, l'influence de l'oeuvre de Slimane Azem sur Matoub Lounès ne souffre d'aucune équivoque et l'a accompagné jusqu'à ses derniers albums puisque en 1997, soit une année avant son assassinat, Matoub Lounès avait repris carrément la musique et le refrain de «Fegh ay ajrad tamurtiw» qui constitue l'une des plus célèbres chansons de l'icône Slimane Azem, faut-il le rappeler. Il faut noter enfin que la cérémonie de remise du onzième prix Matoub Lounès s'est déroulée, hier, dans un climat de grande émotion tant l'ombre de celui-ci n'a pas cessé de hanter les lieux et l'esprit de tous les présents.