Un serment pour la nature La Fédération boucle la fin de l'année en apothéose en ayant déjà formé 317 chasseurs. Fini le braconnage, la chasse illégale et les incendies. La forêt vient de retrouver ses amis. Les chasseurs, affiliés à la Fédération de la wilaya de Béjaïa, l'ont à la fois résolument décidé. Tout mouvement suspect de porteur de fusil de chasse est à la fois calculé, dénoncé et mis à nu. «Il s'agit là d'un engagement pris par la Fédération des chasseurs de la wilaya de Béjaïa», appuie Fariz Mouhali, le très actif membre de la Fédération des chasseurs de la wilaya de Béjaïa. A Yemma Gouraya, les chasseurs se lancent un défi et ont pour cible... la protection de l'environnement, mais surtout redonner vie à la faune du large tissu forestier de la wilaya ravagé, d'ailleurs, par les feux de forêts. Dans le tas, plusieurs dispositions viennent d'être prises par cette puissante fédération, regroupant plus de 2000 chasseurs répartis à travers les 52 communes et les 19 daïras, composant la capitale des Hammadites. Prenant les choses en main, ce groupe de citoyens acquis à la noble cause de l'environnement a initié plusieurs actions. En premier lieu, la formation des chasseurs, suivie par la sensibilisation sur la nécessité de laisser intacte la faune et la flore béjaouies telle qu'elle est, vierge et saine. C'est d'ailleurs le cas. La fédération boucle la fin de l'année en apothéose en ayant formé 317 chasseurs ayant, après une année de cycle de formation, bénéficié, en fin de semaine, des attestations d'habilitation leur permettant désormais l'obtention en bonne et due forme du sésame: le droit d'accès aux broussailles et massifs forestiers pour chasser légalement et avec un permis. Un projet comme celui ci est bien évidemment à fêter», dira exclusivement à L'Expression, le chef de service de la faune et la flore forestière près la Conservation des forêts, Lahlel Abane. Pourquoi tenir de tels propos, alors que le chasseur est, de l'avis de plus d'un, jugé ennemi de la nature et de la faune forestière? Connaissant parfaitement son secteur, Abane Lahlel n'en revient pas dans ses dires, en appuyant la Fédération de chasseurs de la wilaya, dans toutes ses démarches. «Après le trafic d'organes et le trafic de la drogue, le braconnage fait rage», nous dira Abane Lahlel, d'où «la mise en place de notre association. Cette Fédération a décidé de jouer un rôle de premier ordre dans la protection de la forêt en conjuguant ses efforts avec la Conservation des forêts dans toute sa splendeur et sa nature». D'ailleurs, a-t-il expliqué «grâce à l'implication agissante, cette année, des chasseurs, les incendies de forêts sont réduits à hauteur de 80%. Mais, aussi la traduction des braconniers devant les tribunaux. «Ils sont au nombre d'une vingtaine de braconniers qui se sont expliqués devant les justiciers», dira le chef de service de la faune et la flore près la Conservation des forêts de la wilaya de Béjaïa. L'acquisition du permis de chasse n'est, selon Fariz Mouhali, «pas une fin en soi». Il a ajouté «que le chasseur est régi aussi bien par la réglementation que par l'éthique». C'est à ces dimensions, aux visées futuristes, que se sont attelés ces chasseurs à prendre les choses en main en se lançant, d'abord, dans la formation des chasseurs puis dans la sensibilisation, d'où l'engagement pris par le trio Abane-Mouhali-Boughani en mettant en place cette organisation citoyenne, visant essentiellement la mise à plat de la destruction de la faune forestière. Pour la Conservation des forêts, représentée par Abane Lahlel, aucune embûche ne peut entraver les démarches officielles tant que les chasseurs se sont mis en harmonie avec la réglementation, tout en s'organisant et organisant, par la même, leur activité, la chasse, au préalable sachant que celle-ci est bénéfique. «Je me retrouve acquise à la cause d'une grande famille, qui déambule avec des dizaines de fusils de chasse en s'introduisant dans la pleine forêt sans pour autant verser dans l'amalgame ni dans la bêtise humaine ni encore moins dans une petite dispute, verbale soit-elle», a affirmé la fierté de la Fédération des chasseurs de Béjaïa, la première Dame-chasseuse algérienne en l'occurrence Abla Guerrrout. Celle-ci, ayant réussi, avec brio, à décrocher le sésame en raflant l'examen d'habilitation lui permettant la chasse, songe d'ores et déjà à se lancer dans un nouveau challenge en plaidant la cause des chasseurs, en organisant la gent féminine et l'appelant à se mettre de la partie. Le ton est, selon Abla Guerrout, à mettre en place une structure permanente devant réunir et regrouper les femmes chasseuses pour les structurer dans une organisation féminine dont la vocation n'est autre que la chasse tout en les impliquant dans la préservation du cadre de vie, la nature et l'environnement. «C'est un défi difficile, mais qui n'est pas impossible», dira la première Dame-chasseuse algérienne. À Béjaïa, 40.000 hectares sont alloués à la chasse. Officiellement, l'on songe à mettre en place des structures permettant le développement de l'activité de la chasse en la mettant en symbiose avec la réglementation. En ce sens, les regroupements de tirs organisés réunissent, chacun, pas moins de 500 chasseurs. L'Algérie bénéficie d'un atout majeur. la richesse cynégétique liée à des conditions naturelles extrêmement favorables. D'autant plus que le gibier se devait de mettre ce noble sport à la disposition des touristes. Les chasses touristiques sont organisées par groupe de plusieurs personnes maximum, aussi bien pour le perdreau que pour les battues de sangliers. L'Onat a conçu dans ce cadre un programme type de chasse au sanglier, retenant des régions où ce type de gibier est le plus répandu et où les conditions d'organisation des battues et de séjours sont les mieux réunies. La chasse à la caille ne dure qu'un mois environ et se pratique après les moissons, dans les chaumes. Elle se pratique soit en battue, soit avec un chien d'arrêt. Toutefois, la chasse à la gazelle, au mouflon, au cerf, est suspendue alors que des chasses au faucon peuvent être organisées sur commande pour les lièvres, outardes, dans le Sud, à partir de Djelfa, Laghouat et ses environs. Forêt d'Akfadou 50 cerfs de Barbarie réintroduits «Nous avons entamé le repeuplement de la forêt d'Akfadou en réintroduisant, ces dernières années, cinq cerfs de Barbarie, mâles et femelles. Aujourd'hui, nous nous retrouvons avec une cinquantaine de ces animaux ayant, dans un passé récent, été menacés de disparition», a affirmé Abane Lahlel, expliquant que «ladite forêt a, pendant de longs siècles abrité des panthères, lions et autres animaux ayant construit une incontestable légende chez les habitants de la région.» «Ces fauves ont, malheureusement, disparu durant le début du XXe siècle, à la faveur des deux Guerres mondiales». «À cette cadence et au vu de ces heureuses réalisations, il viendra le jour où nous nous réveillerons sous les chants d'oiseaux, j'y crois», dira, tout enthousiaste, le chef de service et chef de la faune et la flore forestière près la Conservation des forêts de Béjaïa, Abane Lahlel.