La BRI à l'affût sur le pont de l'Europe qui fait face à l'Allemagne Blessé lors des échanges de coups de feu avec les forces de l'ordre qui, le matin, ont perquisitionné sa demeure où ils ont trouvé une grenade défensive, l'assaillant a pris la fuite dans un taxi et les enquêteurs évoquent un possible refuge en Allemagne. L'attaque de Strasbourg, dans la nuit de mardi à mercredi, est tombée à point nommé pour le gouvernement d'Emmanuel Macron qui a aussitôt sifflé la fin de la récréation pour les Gilets jaunes, instaurant une «urgence Attentat», troisième et ultime pallier du plan Vigipirate auquel les Français vont devoir se résoudre au moins jusqu'au début 2019. Entre-temps, les forces de l'ordre, à savoir 600 policiers et gendarmes ainsi que 100 éléments de la PJ auxquels il faut ajouter les agents de la BRI et du Raid et ceux du parquet antiterroriste de Paris, étaient engagées dans une immense traque pour retrouver Chérif C., auteur présumé de l'attentat qui a fait trois morts et 13 blessés dont huit dans un état grave. Fiché S, l'homme est connu des services de lutte contre le banditisme. Condamné à 27 reprises pour des faits de droit commun, en France, mais aussi en Allemagne, il est âgé de 29 ans et semble avoir été «radicalisé» en prison, sans jamais avoir cherché à rejoindre les fronts d'Irak ou de Syrie. Raison pour laquelle le secrétaire d'Etat Nunez a appelé à la prudence, mettant l'accent sur le fait que l'auteur présumé est fiché S «pour sa pratique religieuse et non pour un passage à l'acte». De son côté, le chef du parquet antiterroriste Rémy Reitz a déclaré: «Le terrorisme a une nouvelle fois frappé notre territoire.» Il a évoqué une radicalisation en prison de Cherif C., son attitude prosélyte en 2015 qui lui a valu son inscription sur le Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), et il a conclu que c'est «au regard du lieu ciblé, du mode opératoire employé par l'assaillant, de son profil et des témoignages recueillis auprès de ceux qui l'ont entendu crier 'Allah Akbar'', (que) la section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie des faits». Quatre des proches du présumé assaillant étaient en garde à vue, hier soir, une procédure classique dans ce genre d'affaires. Blessé lors des échanges de coups de feu avec les forces de l'ordre qui, le matin, ont perquisitionné sa demeure où ils ont trouvé une grenade défensive, l'homme a pris la fuite dans un taxi et les enquêteurs évoquent un possible refuge en Allemagne, un «bouclage des frontières ayant été assuré». Laurent Wauquiez et Marine Le Pen ont aussitôt critiqué violemment l'absence d'une riposte musclée à la menace que les islamistes font peser sur le pays tandis que des appels se multiplient pour demander aux Gilets jaunes de renoncer aux manifestations prévues samedi prochain à Paris et partout en France. Le président Macron a donné le ton en rappelant que «l'ordre public devait prévaloir». Sur les réseaux sociaux, la théorie du complot a résonné, prenant prétexte d'un horaire de diffusion «antérieure» de l'attentat pour laisser entendre que celui-ci aurait été prémédité pour détourner l'attention du combat des Gilets jaunes. La thèse a vite été balayée au regard du décalage horaire entre la France et les Etats-Unis d'où émane la théorie suspicieuse. Toujours est-il que l'attaque intervient à un moment crucial pour Emmanuel Macron et son gouvernement, d'une part, et en pleine préparation des fêtes de Noël et du Nouvel An, d'autre part. Au goût fade des samedi noirs des Gilets jaunes s'ajoute, aujourd'hui, l'amertume de cet attentat qui va apporter beaucoup d'eau au moulin de l'extrême droite et d'une droite cherchant à rivaliser avec elle sur son propre terreau. Quand on considère les «13 minutes» d'Emmanuel Macron, déviant de l'enjeu socio-économique pour promettre «un débat sur l'identité et l'immigration», une idée soufflée sans doute par Nicolas Sarkozy, on comprend que la brèche est, aujourd'hui, grande ouverte pour l'extrême droite, plus que jamais aux portes du pouvoir.