le pays a tout pour être une destination touristique par excellence Des voyagistes qui font fuir les voyageurs, des prix qui font froid dans le dos, un manque de communication et de marketing et une obsession des touristes étrangers. Voilà les ingrédients qui sont en train de tuer à petit feu un secteur vecteur de richesse et d'emploi. Suivez-nous dans le désert de l'Ahaggar pour le constater... S'il y a un domaine où l'Algérie devrait occuper les premières places, c'est bel et bien le tourisme. Entre mer, montagne et désert, ainsi qu'une richesse historique, patrimoniale et culinaire qui n'ont pas d'égal, le pays a tout pour être une destination touristique par excellence. Pourtant, on est encore à la traîne, n'arrivant même pas à garder nos touristes locaux qui font le bonheur des pays voisins et européens. Où se situe donc le grand problème qui freine le développement de cette activité, élevée au rang de priorité nationale par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika? En fait, la réponse peut se résumer par cette petite phrase, mais ô combien révélatrice: «La nature a bien fait les choses, mais pas nos responsables...», a lancé en colère un père de famille «perdu» avec les siens au milieu du désert de Tam alors qu'il avait normalement réservé son voyage à l'avance. Comme nos professionnels du voyage n'ont rien de professionnel, il se retrouve à bricoler, s'énerver et stresser pour un moment qu'il voulait d'évasion et de détente. Il a payé le prix fort pour cela, mais chez nous le client n'est jamais roi...Aussi, Tamanrasset résume à elle seule les problèmes de la destination Algérie. Tam l'enchanteresse est l'archétype du «tourisme saharien». Un genre qui ne demande pas de grandes infrastructures hôtelières. Des sacs de couchage, des terrains de camping, ou au mieux des auberges de jeunesse font amplement l'affaire. Car, le but est un dépaysement total au milieu de nulle part, où l'on peut admirer un paysage aride, sous un climat ensoleillé, passer des nuits près d'un feu de camp à admirer un ciel étoilé et être bercé par des airs folkloriques qui ont traversé les siècles. «Mais même cela, on ne sait pas le faire», soutient Fouzi Hadef, un guide local qui dénonce la clochardisation de la profession. «Peu de moyens, ne veut pas dire pas de moyens du tout», esquisse-t-il avec colère. Celui qui fait valoir ses beaux et propres sacs de couchage et tentes modernes soutient que d'autres «pro» ne se donnent même pas la peine de nettoyer ces équipements ou de les changer après qu'ils ont fait leur temps. L'exemple qu'il ne faut pas suivre «Cela sans parler du traitement réservé aux touristes eux-mêmes qui payent pour se faire... agresser», ajoute-t-il très en colère. «Comment ne pas faire fuir les touristes avec cela?», s'interroge-t-il en appelant ses confrères a plus de professionnalisme. Car, l'exemple doit d'abord être donné par ces spécialistes du voyage. Nous avons eu la désagréable expérience de ces comportements qui font fuir les touristes. Nous avions interviewé un de ces voyagistes locaux qui a dénoncé les prix des billets d'avion pratiqués par les compagnies nationales Air Algérie et Tassili Airlines. Des tarifs qui varient entre 30 et 40.000 dinars pour un aller-retour. Sauf qu'à la fin de notre interview, on lui a demandé combien nous coûterait une excursion d'une journée à l'Askrem. Il ne s'est pas fait prier pour nous lancer sèchement: «Un petit 28.000 dinars». Autant que le billet d'avion qu'il dénonçait, alors qu'après renseignement on a pu l'avoir à moitié prix! N'empêche que cela nous a refroidis au début avant, de nous décevoir par cette grosse tentative d'arnaque de quelqu'un qui se targue d'avoir plus de 35 ans de métier. Si c'est comme cela que l'on traite les touristes, on comprend mieux pourquoi ils ne reviennent plus...Surtout qu'ils ont déjà été accueillis à froid par les prix des vols qui restent relativement chers, particulièrement pour les nationaux, mais aussi par les problèmes de visa et d'escales pour les étrangers. «Les visas sont donnés au compte-gouttes et les touristes sont obligés de faire de longues escales à Alger pour espérer arriver à Tamanrasset. Pourquoi ne pas relancer les vols charters et directs vers les grandes villes européennes?», soutient Fouzi. Néanmoins, ces petites entraves peuvent être facilement levées s'il y avait une plus grande imagination chez ces tour-opérateurs qui sont obnubilés par les touristes étrangers, alors que les locaux sont une richesse qui vaut de l'or. La vidéo qui fait rêver les écoliers de Londres... Nous avons constaté que tous ceux que l'on a rencontrés ne parlaient que de «comment faire pour attirer les Occidentaux, sans proposer des produits innovants?». Hasard des choses, nous avons croisé au beau milieu de l'Askrem un groupe de 40 randonneurs qui allaient faire le tour du désert de l'Ahaggar à pied, en dormant à la belle étoile avec bien évidemment l'accompagnement du guide local. Un groupe d'Algériens parmi des millions d'autres à travers le pays qui ne demandent qu'un petit geste pour franchir le pas et découvrir leur beau pays. «Je vous donne l'exemple d'un groupe de jeunes qui viennent par bus pour 3000 dinars. Avec 25 à 30.000 dinars, ils peuvent passer chacun un séjour de rêve à Tam ou n'importe quelle autre ville de notre Sahara. Mais personne n'est là pour proposer des formules accessibles à tous», renchérit le très dynamique et sympathique guide Fouzi. Un peu de volonté de la part des autorités, un peu de voyagistes, avec une pincée de marketing le tourisme pourra alors se lever par le... Sud! N'avons-nous pas le plus beau crépuscule au monde que l'on peut admirer sur le mont Askrem? «De là, un sentier creusé dans la roche mène à l'Ermitage (15 minutes d'ascension facile). Un chemin fabuleux au lever et au coucher du soleil. Ce désert d'altitude montre alors toute la palette de ses ocres et de ses ombres, de ses bruns et de ses lumières. Le visage montagneux du Sahara dans toute sa splendeur», écrit Esayvoyage pour présenter cette destination hors du commun. Il y a aussi cette histoire des jeunes écoliers de Londres qui veulent tous venir en Algérie pour cueillir une fleur du désert. Un rêve sur lequel ils fantasment après avoir vu l'un de leurs camarades, d'origine algérienne, le faire à travers une vidéo que lui a monté, sa gentille grand- mère, l'an dernier à Timimoune. La marche vers une Algérie touristique n'est donc pas aussi difficile que cela à atteindre. Il faut seulement la volonté de... tous!