«Il y a un rattrapage des salaires à faire au niveau de chaque branche et entreprise», estime Mustapha Mekidèche. Invité de la Chaîne III, l'économiste et vice-président du Cnes, M.Mustapha Mekidèche estime que l'embellie financière que connaît actuellement le pays doit avoir des répercussions positives sur le social. A cet effet, affirme-t-il: «Il y a un rattrapage des salaires à faire au niveau de chaque branche et entreprise». Pour cet économiste, il est intolérable et inacceptable d'afficher une croissance hors hydrocarbures sans pour autant réviser les salaires et les faire évoluer. L'expert est pour l'amélioration des salaires: «Il faut reconstruire les revenus laminés durant les années 90» ajoute-t-il. Cette analyse soutient la proposition de l'Ugta concernant l'abrogation de l'article 87 bis relative à l'augmentation des salaires. Pour rappel, cette question sera au centre des discussions de la prochaine tripartite prévue avant la fin de l'année. Se prononçant au sujet de la loi de finances 2006, le vice-président du Cnes affiche une certaine satisfaction quant à son contenu et reste confiant par rapport au devenir des projets d'investissement, actuellement à l'arrêt. Pour Mustapha Mekidèche, l'Algérie dispose de ressources financières importantes pour rattraper le retard enregistré dans les différents projets d'investissement. «Consacrer 60 milliards de dollars pour le prochain quinquennat veut dire qu'on va investir pour chaque année 10 à 12 milliards de dollars», ce qui semble être suffisant pour relancer les projets qui accusent un retard dans les délais de leur réalisation et entreprendre de nouveaux projets d'investissement. En tout cas pour cet économiste, la loi de finances est bien élaborée, notamment en matière d'arbitrage en consacrant un budget important au secteur de l'équipement. Ce secteur qui, au yeux de M.Mekidèche, reste la pièce maîtresse du moment, puisque la plupart des projets d'investissement dans notre pays manquent d'équipement adéquat. Par ailleurs, souligne l'économiste, l'Etat reste responsable des investissements établis dans le cadre de l'intérêt public, tel que la réalisation d'infrastructures publiques. Pour ce qui est des autres secteurs d'investissement, ils doivent être des «actes marchands». Ce qui veut dire que certains secteurs tel que le tourisme, doivent trouver leurs investissements dans le marché, «l'Etat ne fait que créer les conditions d'attractivité à la faveur de tout investissement» précise M.Mekidèche. Ce qui est en tout cas rassurant dans cette loi de finances, estime ce responsable, est que l'ensemble des mesures d'investissement sont en faveur de l'opérateur national et étranger, notamment à travers la suppression de l'impôt pour les exportations hors hydrocarbures. «C'est un signe extrêmement fort envers les opérateurs», estime-t-il. Ce n'est pas tout, la suppression du versement forfaitaire pour les entreprises, constitue un atout supplémentaire pour la création de richesses, ajoute-t-il. Revenant au sujet des PME, l'économiste estime que notre tissu d'entreprises manque d'équipement. Cette nouvelle loi de finances va permettre ainsi d'assainir ce secteur car elle a consacré un budget assez conséquent pour le secteur de l'équipement. Côté emploi, le vice-président du Cnes estime qu'il y a des efforts à faire pour mettre en adéquation la formation et le secteur de l'emploi. Il est important que les investisseurs trouvent une main-d'oeuvre qui réponde à ces exigences. «Cette main-d'oeuvre est un élément de productivité», déclare l'économiste, lequel ajoute que l'une des priorités de l'Etat est de lutter contre la pauvreté et le chômage.