Les exploits sportifs sont aujourd'hui utilisés comme étalon de la grandeur d'un pays. Le bras de fer engagé entre la Fédération algérienne de football (FAF) et le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) vient de connaître son épilogue en faveur du président de l'instance dirigeante du sport-roi, Mohamed Raouraoua. Les présidents des ligues de wilaya et régionales ont présenté au cours de l'assemblée générale, tenue hier à l'hôtel Riadh, une «motion de soutien» appelant M.Raouraoua à «postuler pour un second mandat» désavouant ainsi le décret ministériel, proposé par Yahia Guidoum qui a déclenché la « guerre » en voulant caporaliser les fédérations nationales, et adopté au conseil de gouvernement stipulant qu'un bureau fédéral ne saurait exercer plus d'un mandat de quatre ans. En agissant de la sorte, le ministre a voulu s'immiscer dans la gestion d' une instance indépendante régie par un texte de loi, la loi 90-31 sur les associations qui a consacré le mouvement associatif en tant que partenaire actif et engagé de la vie sociale en Algérie. En accablant Mohamed Raouaraoua d'être la cause directe de tous les maux du football national, Yahia Guidoum s'est attiré les foudres des présidents de ligues et de plusieurs personnalités du mouvement sportif national. Certes, la tutelle est en droit d'exiger des comptes de toutes les fédérations au vu des piètres résultats enregistrés par l'élite au niveau international. Des résultats prévisibles depuis le désengagement de l'Etat de la gestion des affaires du sport engendrée par la mauvaise décennie qu'a traversée le pays. En outre, ce désengagement dans le domaine sportif est intervenu dans le sillage des réformes suscitées par la période de transition, ce qui a engendré un vide et des dysfonctionnements. Aujourd'hui, un retour de l'Etat à sa mission de garant du contrôle et du suivi du sport d'élite et de l'utilisation des deniers publics s'impose. Les instances publiques se doivent d'assainir le milieu sportif national, de veiller à l'éthique et aux règles de base qui s'imposent à tous, plutôt que de se laisser enfermer dans le diktat des mercantilistes en imposant une certaine rigueur. Cela fait même des années qu'on nous dit que désormais la rigueur est le maître mot à qui veut bien l'entendre. Aussi, il faut d'abord savoir ce que l'on veut et de quels moyens dispose-t-on pour construire l'assise du football, en particulier, et d'une élite sportive en général. Ne dit-on pas qui finance, contrôle. Seulement a-t-on les moyens de sa politique ou bien faudra-t-il se contenter de la politique des moyens? Avons-nous mis à la disposition de ces fédérations tous les moyens pour atteindre le sommet de la hiérarchie mondiale? Des Etats sans une aucune tradition sportive, à l'instar du Koweït, de l'Arabie Saoudite et autres ont compris que le sport est devenu partie prenante des relations diplomatiques. Aussi, ils n'ont pas hésité à mettre à la disposition de leurs élites tous les moyens financiers et infrastructurels car le sport s'est enraciné avec la mondialisation dans les stratégies politiques des Etats. Aujourd'hui la philosophie du baron Pierre de Coubertin «l'essentiel est de participer» n'a plus sa raison d'être. Il est temps de comprendre que le sport en général, et le football en particulier, est devenu la vitrine de la force et de la grandeur des Etats, des régimes et de la société, et, à ce titre, est promu par les politiques comme instrument de propagande. A titre d'exemple, l'Argentine alors sous le régime de la junte du général Videla en organisant et en remportant le Mondial de 1978, fut reconnue par la communauté internationale. Tandis que l'Afrique du Sud a accueilli pour la première fois en 1996 la Coupe africaine des nations de football. L'objectif était de signifier son intégration à la communauté africaine. Le Maroc tente désespérément d'organiser une Coupe du monde de football. De ce fait, le sport reflète bien souvent la situation sociale d'une ville, d'une région, d'un pays; il traduit la conjoncture politique et l'état de la situation diplomatique. Sur un autre plan, le sport, à l'ère de la réconciliation nationale, sert également de fédérateur à toute société. Il convient de souligner que l'équipe nationale n'est donc pas le simple résultat de la création d'un Etat. Elle aide souvent à forger la nation.