La violence n'était pas de la partie Ces jeunes Algériens ont fait preuve d'un grand sens du civisme et de maturité en exprimant dans le calme et la sérénité leurs opinions politiques. Magnifique! «Pacifique». Voilà le mot d'ordre que se sont donné hier les étudiants algériens à travers les quatre coins du pays! En effet, le monde estudiantin a renoué avec les manifestations à caractère politique. Des milliers de jeunes se sont rassemblés, hier, dans les enceintes de leurs universités. Ils réclamaient, dans le calme et la sérénité, le changement politique. C'est le cas à la Fac centrale d'Alger. Des étudiants se sont rassemblés dès les premières heures de la matinée pour prendre leur avenir en main. Un sit-in a été organisé à l'intérieur de la cour de ce centre universitaire qui porte le nom très symbolique de Benyoucef Benkhedda. Brandissant le drapeau national et des banderoles, ces étudiants ont exprimé d'une manière très civique leurs revendications en insistant sur leur caractère pacifique. D'ailleurs, aucun dépassement n'a été enregistré que ce soit chez les manifestants ou les forces de l'ordre. «Khawa, khawa» (Frère frères, Ndlr), criaient les jeunes manifestants en direction des forces antiémeute de la police nationale. Certains ont toutefois, tenté d'improviser une marche dans les ruelles de la capitale, avant d'être repoussés par les forces de l'ordre! Cela n'a cependant pas «allumé» la mèche de la violence, qu'espèrent certains! D'ailleurs, une centaine d'étudiants de cette faculté ont réussi à se «faufiler» à travers le cordon de sécurité pour atteindre la place de la Grande- Poste. Ils ont été rejoints par quelques citoyens et des lycéens pour marcher à travers les rues d'«El Mahroussa». Les policiers ont alors, comme vendredi et dimanche derniers, encadré cette marche qui s'est faite dans la joie et la bonne humeur. C'est le même cas à travers d'autres universités d'Alger. Des rassemblements ont été organisés au niveau de l'université des sciences technologiques Houari Boumediene (Usthb) de Bab Ezzouar, à la faculté des sciences de l'information et de la communication et à la Faculté de médecine, ainsi qu'aux universités de Dély Ibrahim, de Bouzaréah, et de Ben Aknoun. Les étudiants de ces universités ont fait preuve de la même sagesse et de la même maturité, en évitant tout dépassement, qu'il soit même verbal. Une belle preuve de patriotisme de la part de cette future élite du pays. Les bruits assourdissants d'hélicoptères et de sirènes de police que l'on entendait à travers Alger laissaient croire à des dérapages. Ce qui n'a absolument pas eu lieu. La violence n'était pas de la partie, au contraire, de la sagesse et de la fraternité. Comme un seul homme et avec une seule voix, ils exprimaient leurs opinions politiques. D'ailleurs, ces manifestations ont été suivies à travers presque toutes les universités d'Algérie. Selon l'agence de presse officielle (APS), plusieurs universités et centres universitaires dans plusieurs wilayas ont connu la même déferlante d'étudiants. Selon l'APS, les manifestants scandaient des slogans exhortant le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, à renoncer à sa candidature pour la présidentielle du 18 avril. «Les étudiants brandissaient le drapeau national et des banderoles revendiquant le changement et la réforme, tout en scandant des slogans exhortant le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, à renoncer à sa candidature pour la présidentielle du 18 avril», cite la même source. Il y a même eu des marches. A l'exemple de Guelma, où des étudiants de l'université du 8-Mai 1945 ont déambulé jusqu'au monument Houari Boumediene. A Béjaïa, les étudiants ont démarré du campus Tharga Ouzemmour avant de s'ébranler vers plusieurs points stratégiques de la ville tels que la place Saïd Mekbel et le siège de la wilaya. C'est le cas également à Tizi Ouzou, où le cortège estudiantin a démarré de l'université Hasnaoua avant de faire le tour de la ville. Constantine et Ouargla ont aussi été marquées par des marches d'étudiants. Tout comme d'ailleurs, Annaba, Skikda, Jijel, Blida, Boumerdès, Adrar, Béchar, Djelfa... Bref, le monde estudiantin algérien s'émancipe, mais sans aucun dérapage. Une autre preuve de la sagesse du peuple algérien, et ce quel que soit l'âge des participants...