La commande par la Turquie du dispositif de défense anti-missiles et anti-aérienne russe S-400 - dont la livraison devrait commencer cet été - empoisonne depuis plusieurs mois les relations entre Ankara et Washington, deux alliés au sein de l'Otan. La Turquie a qualifié, hier, de «contraires au droit international» les pressions américaines visant à la dissuader d'acquérir le système de défense russe S-400, ajoutant qu'elle respecterait l'accord conclu avec Moscou à ce sujet. «Nous avons signé un accord avec la Russie, cet accord est valable. Nous sommes maintenant en train de discuter de la livraison», a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, lors d'une conférence de presse avec son homologue russe Sergueï Lavrov à Antalya, au sud de la Turquie.»Qu'un pays tiers s'y oppose (...), c'est contraire au droit international», a poursuivi M. Cavusoglu. «Il faut que tout le monde comprenne que la mentalité du 'Je veux ceci, je veux que cela se passe ainsi'' n'a plus cours aujourd'hui», a-t-il dit. La commande par la Turquie du dispositif de défense anti-missiles et anti-aérienne russe S-400 - dont la livraison devrait commencer cet été - empoisonne depuis plusieurs mois les relations entre Ankara et Washington, deux alliés au sein de l'Otan. Les Etats-Unis affirment que les S-400 ne sont pas compatibles avec les équipements de l'Otan et craignent que ce système russe ultrasophistiqué ne perce les secrets technologiques de l'avion militaire américain dernier cri F-35, qu'Ankara souhaite également acheter.. Washington a accru la pression ces dernières semaines: jeudi, des sénateurs républicains et démocrates ont déposé un projet de loi pour bloquer le transfert des F-35 à Ankara tant que le gouvernement américain n'aurait pas certifié que la Turquie n'obtiendrait pas les S-400. «Il est préoccupant que la Turquie cherche à coopérer étroitement dans le domaine de la défense avec la Russie, dont le dirigeant autoritaire cherche constamment à saper les intérêts de l'Otan et des Etats-Unis», a déclaré le Républicain James Lankford, co-signataire du texte. «La Turquie est l'un des partenaires du programme des F-35, certains composants sont fabriqués en Turquie. La Turquie a honoré ses obligations à ce jour», a déclaré M. Cavusoglu vendredi, appelant une nouvelle fois à respecter «le droit». La Turquie envisage d'acheter cent avions de ce type et des pilotes turcs ont déjà commencé à s'entraîner avec leurs homologues aux Etats-Unis. Ankara a investi environ un milliard de dollars dans ce programme et toute décision américaine empêchant l'arrivée des avions de chasse serait une violation de contrat.