On annonce des prévisions de trois milliards de litres de lait comme production annuelle pour les échéances à venir. Du lait? Il y en aura pour tout le monde et au prix habituel. Après avoir calmé les esprits en écartant toute éventuelle augmentation des tarifs du lait, les responsables du secteur de l'agriculture reviennent à la charge. Ils appuient et étayent leurs assurances par une nouvelle série de mesures. «Une enveloppe financière estimée à 25 milliards de dinars est affectée à la filière lait» a indiqué hier M.Laâdjaj, responsable au ministère de l'Agriculture, dans une déclaration à l'APS au cours d'une rencontre des représentants des directions des services agricoles (DSA) et des chambres de l´agriculture de la région ouest du pays. Ce budget est inscrit dans le cadre du plan quinquennal de soutien à la relance économique, qui a prévu une enveloppe financière estimée à 180 milliards de dinars pour le secteur de l'agriculture, dont 33,9 milliards sont affectés à l'élevage et 25 milliards à la filière lait. «Cette nouvelle politique vise la promotion de la filière lait pour la rendre conforme aux normes universelles et lui permettre d´être compétitive dans un marché marqué par une concurrence féroce», a souligné le représentant du ministère de tutelle. Celui-ci est confiant en l'avenir du secteur. Il affiche même son optimisme quant à une éventuelle autosuffisance de l'Algérie en matière de production laitière. Il a annoncé à cet effet des prévisions de trois milliards de litres de lait comme production annuelle pour les échéances à venir. «Pour atteindre cet objectif, souligne M.Laâdjaj, cela suppose une aide de l´Etat à la chaîne de production". Il a ajouté que « le succès de cette nouvelle stratégie dépendra dans une large mesure du travail de sensibilisation confié aux chambres de l´agriculture». Ces dernières doivent en effet «organiser les professionnels du secteur et inciter les producteurs de lait à s´organiser pour recenser les contraintes et envisager, grâce au concours des services techniques locaux et centraux, les solutions idoines», a indiqué le même responsable en précisant que «le ministère de l´Agriculture fournira une aide variée aux producteurs qui auront fait preuve de sérieux et de persévérance dans la gestion et le développement de leurs unités». Si on réussit à atteindre ce seuil de production, l'Algérie n'importerait donc plus cet aliment vital. Selon les estimations du ministère de l'Agriculture, l'Algérie produit actuellement 1,5 milliard de litres annuellement. Les Algériens en consomment 2 milliards. A partir de là, peut-on déduire que le prix du lait ne connaîtra pas d'augmentation, et que, au contraire, ils seront revus à la baisse? La question en «vaut la chandelle». Néanmoins y répondre par l'affirmative relève de la chimère. D'autant plus que la consommation du lait en Algérie va crescendo. Il convient de souligner dans cette optique que l'Algérie est le premier consommateur de lait au Maghreb, avec un marché annuel estimé à 2 milliards de litres et un taux de croissance de 8%. A cet effet, le secteur de l'agriculture est appelé désormais à redoubler d'efforts. D'autant que certains pays européens ont renoncé à la subvention des producteurs du lait. Cela aura indéniablement des répercussions négatives sur le prix de ce produit en Algérie, notamment lorsqu'on considère que nos importations en matière de lait proviennent essentiellement de l'Europe. Néanmoins, avec l'accord d'association avec l'Union européenne, la facture peut se voir à la baisse. En outre, pour accroître la production, le ministère de l'Agriculture a opté pour la fourniture du marché national de la source même de la production, les vaches laitières. En ce sens, le représentant a indiqué que «le programme d´aide à l´importation de vaches laitières sera poursuivi». Il a annoncé en outre que «15.000 vaches, importées de plusieurs pays, dont la France et la Hollande, pour une valeur unitaire de 1500 euros ont été débarquées cette année au port d´Oran.» A ce titre, il est prévu, un soutien à la filière de l´élevage de vaches laitières, à travers la création de centres d´insémination artificielle ainsi qu´une aide financière estimée à 6000 dinars pour l´hectare et 4500 dinars le m², qui sera destinée au développement de la production des aliments du bétail. Par ailleurs, l´orateur a noté que l´année 2005 a été marquée par un taux de 03% seulement de producteurs qui ont intégré le programme national de collecte de lait, ce qui suppose que les 97% restants alimentent le marché parallèle. Mais ceci est une autre question, qui plus est, d'une importance capitale.