Une mission du Programme alimentaire mondial (PAM) et une équipe technique ont eu accès dimanche à des entrepôts de blé dans la ville portuaire de Hodeïda, dans l'ouest du Yémen, qui sont cruciaux pour la population épuisée par quatre années de guerre. Une mission dirigée par le PAM et une petite équipe technique de la compagnie des Red Sea Mills ont pu accéder aux entrepôts, contrôlés par les forces gouvernementales, a indiqué Hervé Verhoosel, porte-parole du PAM. «L'équipe technique restera sur place pour nettoyer et entretenir l'équipement de meunerie en vue de la mouture et de la distribution éventuelle du blé», a-t-il indiqué. En février, une équipe du PAM avait visité le site pour la première fois depuis septembre, date à laquelle il était devenu inaccessible en raison des affrontements. Quelque 51.000 tonnes de blé y étaient entreposées, de quoi nourrir 3,7 millions de personnes pendant un mois. Des tests effectués en laboratoire avaient confirmé la présence de charançons et la nécessité de procéder à une fumigation avant que le blé ne soit transformé en farine, selon le PAM. D'après M. Verhoosel, environ 70% du blé pourrait encore être récupérable, mais le rendement en farine sera inférieur à la normale. Le conflit dans ce pays le plus pauvre de la péninsule arabique a provoqué la pire crise humanitaire en cours dans le monde, avec des millions de civils au bord de la famine, selon l'ONU. Le mois dernier, une mission du PAM dans les entrepôts de l'entreprise Red Sea Mills à Hodeïda avait dû être reportée pour des «raisons de sécurité», selon cette organisation. La coalition dirigée par l'Arabie saoudite qui combat depuis mars 2015 aux côtés des forces loyalistes avait accusé le mouvement Ansarallah (Houthis) d'avoir bloqué l'accès aux entrepôts à Hodeida, l'un des principaux fronts de la guerre. En décembre, lors de pourparlers interyéménites sous l'égide de l'ONU en Suède, une trêve a été conclue à Hodeida, mais le désengagement militaire des combattants n'a toujours pas eu lieu. Le conflit au Yémen a tué des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux civils, selon diverses organisations humanitaires. Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux-tiers de la population, ont besoin d'assistance, selon l'ONU. L'envoyé spécial de l'ONU au Yémen, Martin Griffiths, est arrivé hier dans la capitale yéménite, Sanaa, en vue d'inciter les belligérants à mettre en oeuvre l'accord de paix.Il va rencontrer les responsables du mouvement «Ansarullah» (Houthis) pour discuter du processus de paix, a rapporté la chaîne de télévision al Masirah gérée par les Houthis. Il s'agit de la seconde visite de l'Envoyé spécial de l'ONU à Sanaa en un peu moins d'un mois visant à relancer les pourparlers entre les belligérants pour mettre en úuvre l'accord de paix signé en décembre dernier en Suède entre les deux parties, le gouvernement yéménite et les éléments du mouvement d'Ansarullah. Cet accord, le premier pas vers une solution politique globale, s'est focalisé sur Hodeïda, ville portuaire vitale pour l'acheminement de la plupart des produits importés au Yémen et de l'assistance humanitaire. Les deux parties en guerre ont généralement honoré le cessez-le-feu, sans toutefois retirer leurs forces de cette ville.