Prévu demain et lundi dans la capitale nigérienne, dans des conditions sécuritaires extrêmement sévères, le 12ème sommet extraordinaire de l'Union africaine où plus de 4 000 participants sont attendus du 4 au 7 juillet va lancer la “phase opérationnelle” de la Zone de libre-échange continentale (Zlec), projet phare en vue de l'émancipation économique de l'Afrique. Alors qu'une réforme de l'UA avait supprimé le traditionnel sommet en milieu d'année – remplacé par une réunion restreinte intitulée « sommet de coordination - le sommet du Niger verra la participation d'une cinquantaine de chefs d'Etat pour célébrer le premier anniversaire de la signature du traité instituant la Zone de libre-échange continentale (Zlec). Le sommet de Niamey va devoir déterminer le pays choisi pour accueillir le secrétariat de la Zlec - le Ghana et le Swahili, entre autres, sont candidats -, mais «les négociations sur certains points très importants ne sont pas encore achevées», notamment le calendrier de l'abaissement des droits de douanes, attendu pour la mi-2020, les règles permettant d'établir qu'un produit a été fabriqué en Afrique (exemple: un t-shirt fabriqué au Cambodge et qui se voit apposer une broderie en Namibie ne pourra vraisemblablement pas porter le label «made in Namibia») ou encore les règles de concurrence entre pays et les mécanismes d'arbitrage. La Zlec doit favoriser le commerce au sein du continent, attirer des investisseurs et permettre aux pays africains de s'émanciper de l'exploitation des matières premières. L'UA estime que sa mise en œuvre permettra d'augmenter de près de 60% d'ici à 2022 le commerce intra-africain, alors que les détracteurs du projet évoquent le manque de complémentarité des économies africaines et craignent que des importations bon marché ne sonnent le glas de certains petits producteurs agricoles et industriels. Actuellement, seulement 16% du commerce des pays africains s'effectue avec d'autres pays du continent, et ce principalement au sein des groupes économiques régionaux tels que la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe), la Cedeao (Communauté économique d'Afrique de l'Ouest) ou l'EAC (Communauté d'Afrique de l'Est). Le commerce intra-européen s'élève à quelque 65%. «L'Afrique commerce avec le reste du monde, mais elle ne commerce pas avec elle-même», regrette Jakkie Cilliers, de l'Institut pour les études sur la sécurité, selon lequel «une zone de libre-échange est presque un pré requis à l'industrialisation». La zone de libre-échange continentale (Zlec) africaine dont le lancement aura lieu pendant le sommet de l'Union africaine à Niamey (4-8 juillet) devrait entrer en vigueur en juillet 2020, a affirmé hier Albert Muchanga, commissaire au commerce et à l'industrie de l'UA. «Il faut donner un calendrier pour que tout le monde puisse jouer son rôle dans la préparation du marché (unique), alors nous avons recommandé au sommet que la date soit le 1er juillet 2020», a déclaré M. Muchanga. «Ce n'est pas définitif, le sommet doit encore examiner la recommandation (...). Les ministres du Commerce ont accepté, alors naturellement on peut s'attendre à ce que les chefs d'état acceptent aussi», a-t-il précisé. «Je suis très optimiste. La passion se répand et tout le monde est prêt à travailleur pour le mieux», a-t-il conclu. Le lancement de la Zone de libre-échange doit être l'événement majeur de ce sommet. Réticent jusque-là, le Nigeria, première économie d'Afrique, a annoncé en début de semaine qu'il signerait l'accord de libre-échange continental à Niamey ce week-end. «Le plus grand bienfait de la zone, c'est que vous supprimez le morcellement de l'Afrique», a analysé M. Muchanga. Selon l'UA, la zone a pour but d'augmenter le commerce intra-africain de 60% d'ici à 2022, pour réunir 1,2 milliard de personnes en un marché unique. Certains redoutent toutefois la mort des petits producteurs industriels et agricoles, qui seraient submergés par les importations moins chères.