La coalition arabe au Yémen a annoncé, hier avoir déjoué une attaque à l'explosif contre un navire marchand en mer Rouge, accusant les éléments Houthis d'être à l'origine de cette attaque, au moment où des appels à la «paix» et la «fin des combats» se font de plus en plus entendre dans les deux camps en conflit. Les forces navales de la coalition arabe, dirigée par l'Arabie saoudite, ont indiqué avoir pu prévenir une attaque des éléments du mouvement «Ansarullah» (Houthis) contre un navire commercial dans le sud de la mer Rouge, a affirmé le porte-parole de la coalition, le colonel Turki al-Maliki, cité par l'Agence de presse saoudienne. «Les forces de la coalition ont intercepté un canot piégé envoyé par le groupe Houthi en direction du navire et l'ont détruit», a-t-il précisé, accusant les éléments d'Ansarullah de planifier des attentats présentant une «menace pour la navigation». Cette annonce intervient au lendemain de la décision prise par les Emirats arabes unis de réduire leurs troupes au Yémen afin de leur permettre de passer d'une «stratégie militaire» à une démarche de «paix prioritaire». «Nous avons un certain nombre de troupes qui sont réduites pour des raisons stratégiques à Hodeïda (sur la mer Rouge) et pour des raisons tactiques» dans d'autres parties du Yémen», a déclaré lundi à des journalistes un haut responsable émirati sous couvert de l'anonymat. «Cela a à voir essentiellement avec le fait de passer d'une stratégie militaire prioritaire à une stratégie de paix prioritaire», a-t-il ajouté. Le responsable émirati a, toutefois, réitéré l'engagement de son pays auprès du gouvernement yéménite et de son partenaire saoudien. Réagissant à la décision des Emirats arabes unis, Mohammed Ali al-Houthi, un des responsables du mouvement Houthi, cité par des médias, a affirmé que «le retrait (des forces de la coalition) du Yémen est la meilleure décision qu'il faut prendre maintenant». Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la coalition, Turki al-Maliki, a souligné que les Emirats et leurs alliés étaient déterminés à «poursuivre leurs opérations et parvenir à leurs objectifs stratégiques» au Yémen. Le conflit opposant le gouvernement yéménite aux Houthis, se poursuit pour la cinquième année consécutive depuis 2014. La coalition militaire arabe conduite par Riyadh et Abou Dhabi est intervenue en mars 2015 pour soutenir les forces gouvernementales. En décembre 2018, les parties en conflit se sont réunies pour la première fois à la table des négociations. Cette rencontre organisée sous l'égide de l'Onu avait permis de conclure une série d'accords importants notamment pour la gestion des ports du pays, dont celui de Hodeïda, considéré comme stratégique. Plus de quatre ans après l'intervention de la coalition, les Houthis contrôlent toujours de vastes zones de l'ouest et du nord du pays, dont la capitale Sanaa, aucun des deux camps ne prenant le dessus sur l'autre. Le conflit a provoqué la mort des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux civils, selon diverses organisations humanitaires. Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d'assistance, d'après l'ONU. Sur le terrain, les combats meurtriers entre les deux parties se poursuivent toujours avec des bombardements intensifs de la coalition, tandis que les Houthis parviennent à riposter notamment à l'aide de drones et de missiles atteignant des villes et des infrastructures vitales d'Arabie saoudite provoquant d'importants dégâts, des morts et des blessés parmi des civils. Les rebelles Houthis ont appelé hier à un retrait complet du Yémen des forces de la coalition internationale, dirigée par l'Arabie saoudite, après la décision des Emirats arabes unis de réduire le nombre de leurs troupes dans ce pays dévasté par la guerre. «Nous exhortons les agresseurs à se retirer du Yémen (...) qui rejette toute agression, tout siège et tout embargo aérien», a tweeté Mohammed Ali al-Houthi, un des chefs de la rébellion Houthie. «Le retrait du Yémen est la meilleure décision qu'il faut prendre maintenant», a souligné le responsable Houthi.