Changement de scénario à la dernière minute. L'élection du président de l'APN a connu un tournant spectaculaire. La présidence de la chambre basse du Parlement revient, pour la première fois, à l'opposition. C'est le député Slimane Chenine de l'union Adala-Al bina- Ennahda qui a été plébiscité à la tête de l'institution parlementaire. «C'est une première dans les annales de l'APN», commente Lakhdar Benkhelaf qui se réjouit de cet exploit. Le choix de la personne a fait l'objet de longues concertations et d'un consensus décidé en haut lieu. Depuis les premières heures de la matinée d'hier, des réunions marathoniennes ont été tenues de part et d'autre par les groupes parlementaires en vue de convaincre l'ensemble des députés à appuyer la candidature du député islamiste. Les sept candidats qui se sont manifestés au départ ont fini par se retirer en laissant la voix libre au candidat qui fait l'unanimité au sein des partis qui siègent au Parlement. «Nous avons opté pour le député Slimane Chenine vu qu'il répond aux critères exigés pour occuper le poste de troisième homme politique de l'Etat», a affirmé Tahar Chaoui, chef du groupe parlementaire de TAJ. Il faut dire que le parti majoritaire, à sa tête Mohamed Djemaï qui ambitionnait d'occuper ce poste, a fait de larges concessions. Le FLN et le RND qui sont majoritaires au Parlement ont concédé la présidence de l'Assemblée à l'opposition. Un fait inédit. Les deux partis ne l'ont pas fait par sympathie, mais par obligation. «La conjoncture actuelle nous impose de faire des concessions et de laisser nos calculs étroits de côté pour l'intérêt du pays», affirme Thiguersine, ex-député du FLN. Effectivement, l'élection d'un membre de l'opposition est une stratégie bien réfléchie qui vise à donner un message clair sur la volonté du pouvoir à opérer le changement. «Sachant que les partis de la coalition sont vivement contestés par le Mouvement populaire qui a réclamé le départ des symboles du système on ne pouvait pas s'aventurer avec un candidat qui a soutenu à fond le cinquième mandat et qui est accusé d'affaires de corruption», explique un député du FLN. L'élection de Chenine Slimane, qui est de Ouargla, répond aux équilibres régionaux et s'adapte avec la nouvelle donne imposée par le Hirak. L'APN a connu, hier, une journée mouvementée. L'élection du président de l'APN est intervenue en fin de journée. Faute de quorum, le programme des plénières a été complétement chamboulé. Les députés étaient aux abonnés absents. La séance d'adoption du rapport portant sur la vacance du poste de président de l'APN, prévue le matin à 10h, a été reportée à l'après –midi. Malgré la cloche qui retentissait en signe d'inviter les députés à rejoindre leurs sièges, mais en vain. Le peu des députés qui ont rejoint l'hémicycle a fini par sortir faute de quorum. Les élus du peuple ont démontré encore une fois leur désintérêt total à ce qui se passe au sein de l'APN. Alors que l'alliance FLN, RND peut à elle seule assurer le quorum sans parler de TAJ et du MPA, leurs députés étaient aux abonnés absents. Autrement dit, il n'y a pas que l'opposition qui boycotte les travaux de l'APN. Même ceux de la coalition qui sont censés être présents, ont loupé ce rendez-vous. «Pour moi, c'est un non-événement, l'Assemblée nationale doit être dissoute», soutient un député du FLN. Il a fallu attendre plusieurs heures pour que les chefs de groupes parlementaires mobilisent leurs troupes respectives.